Christophe Carrio : « 20 minutes par jour pour ne plus souffrir »

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 18/01/2008 Mis à jour le 10/03/2017

Christophe Carrio vient de publier la nouvelle édition d' Un corps sans douleur, un programme d’exercices correctifs pour en finir avec les douleurs chroniques, inspiré par sa propre expérience et sa formation. Grâce à ce programme, ce quintuple champion du monde de karaté artistique – une discipline traumatisante – évolue aujourd’hui dans un corps sans douleur. LaNutrition.fr l’a rencontré.

 

LaNutrition.fr : Quel est ton parcours ?

 

Christophe Carrio : j’ai toujours été fasciné par le corps humain, ses performances mentales, physiques, son potentiel d’adaptation, de guérison. Depuis que je suis tout jeune je me passionne pour tout ce qui concerne la performance humaine au sens large. Mais je me suis vite rendu compte dans mon parcours sportif qu’on ne pouvait pas dépasser les limites (du moment) inopinément. Le corps vous le fait payer très cher tôt ou tard. Le paradoxe que j’observais autour de moi c’est que le sport auréolé de multiples vertus aussi bien pour le corps et que l’esprit n’était pas si bon que ça ! 90 % des sportifs vous confieront qu’ils (ou elles) traînent des petites douleurs ou les séquelles d’un traumatisme.

Et toi, t'es-tu blessé ?

Oui. Jusqu’en 2002 aucun problème majeur mis à part les inflammations à répétition ou les raideurs matinales que beaucoup de gens connaissent. Jusque-là je pensais que tout cela était « normal ». Je demandais tellement à mon corps pour mes entraînements, mes compétitions, les voyages, les shows… que ces petites douleurs et raideurs me paraissaient normales. Je pensais être chanceux lorsque je discutais avec d’autres sportifs de haut niveau ou avec des sportifs amateurs qui ne disposaient pas forcément de l’encadrement que j’avais. Et en septembre 2002, c’est la catastrophe : rupture totale du mollet (les deux faisceaux des jumeaux). Les spectateurs assis à 50 m de là ont même entendu le bruit !

Comment as-tu soigné cette blesure ?

C’est là que les problèmes commencent. Mal orienté, je ne suis pas opéré. Mon corps fabrique un hématome qui s’enkyste empêchant les tissus de cicatriser. Six mois plus tard, encore boiteux, je pars aux Etats-Unis pour m’occuper de la préparation physique de différents sportifs de haut niveau. J’y découvre surtout les médecins de l’Académie de médecine sportive américaine. Ils m’ouvriront les yeux sur une vision globale de la médecine traumatologique. Pourquoi le corps se blesse-t-il à un certain endroit ? N’est-ce pas la conséquence de multiples compensations ? Plus j’apprenais et cherchais de mon côté, et plus je découvrais que mon propre corps accumulait les compensations. Il avait appris pendant des années à éviter la douleur et à compenser. Malheureusement le corps n’est pas fait pour compenser alors un jour ou l’autre, il « craque » ou il « disjoncte » ou il tombe malade.

A qui s’adresse « Un corps sans douleur » ?

C’est d’abord un guide pratique qui apporte des solutions concrètes aux lecteurs qui souffrent et à ceux qui souhaitent éviter de souffrir un jour ou l’autre. Que l’on soit sportif ou non, notre espérance de vie s’allonge grâce aux progrès de la médecine, à la nutrition, mais en même temps la sédentarité prend de l’ampleur. Et plus on vieillit, plus les traumatismes que l’on a fait subir à son corps ou que l’on a subi, émergent. Passer 10 heures par jour assis confortablement au bureau, en voiture, chez soi n’est pas bon pour le corps. La position assise provoque des dérèglements posturaux dont les répercussions ne se feront sentir que bien des années plus tard. Le manque d’échauffement de nombreux sportifs provoque aussi des microlésions surtout si le corps a déjà mis en place des compensations corporelles, ce qui nous ramène à une problématique identique à celle des 10 heures passées assis et aux dérèglements entre les différentes chaînes musculaires du corps !

Quelles sont les solutions ?

Dans mon livre je recense plusieurs méthodes à commencer par les automassages qui permettent de lever les tensions profondes, car si on ne fait qu’étirer les muscles, on favorise les nœuds musculaires présents en les resserrant. Ensuite je propose des exercices pour rééquilibrer sa posture puis pour renforcer de façon équilibrée et spécifique les chaînes musculaires profondes et superficielles. Ce qui est important c’est de faire quelque chose, mais quelque chose de cohérent pour ne pas créer plus de dégâts.

C’est là qu’intervient le principe des types posturaux ?

Oui. Chacun, depuis l’enfance, développe par ses caractères génétiques, son mode de vie, les traumatismes qu’il a subi, une posture caractéristique avec des compensations musculaires et articulaires plus ou moins importantes. Or il existe une posture « parfaite » d’un point de vue biomécanique. Dès qu’on s’en éloigne, ce qui est le cas de la plupart d’entre nous, le corps compense et s’use plus rapidement. C’est un peu comme une voiture qui aurait le train avant voilé. On peut toujours conduire, même à grande vitesse, mais on use les pneus et les roulements beaucoup plus rapidement. Sans compter, pour les sportifs, le risque accru de blessure.

J’ai ainsi recensé 5 types posturaux les plus communs. Le livre propose des programmes pour chaque type de posture.

 

Que se passe-t-il si deux personnes avec des types posturaux différents adoptent un même programme ?

L’une d’elles ira mieux ; pour l’autre, les problèmes commenceront ou s’accentueront. Pour éviter cela, il y a de nombreuses photos dans le livre qui aideront le lecteur à déterminer son type postural. J’invite également toutes les personnes qui ne sont pas certaines d’avoir identifié correctement leur type postural à consulter le sujet " Un corps sans douleur" sur le forum de mon site www.christophe-carrio.com. Elles y trouveront des centaines d'autres exemples. Ceci étant dit, je tiens à préciser qu’il y a dans le livre de petits exercices faciles et communs à tous les types posturaux, pour décompresser la colonne vertébrale, ou aider au repositionnement du bassin et des épaules dans la journée, au travail par exemple. Favoriser un meilleur alignement du corps de façon régulière dans la journée, tous les jours, c’est déjà agir sur sa posture.

 

 

Le programme détaillé dans ce livre repose-t-il sur des bases scientifiques ?

Bien sûr. J’ai intégré les travaux de spécialistes de la colonne vertébrale comme le professeur Stuart McGill qui est une sommité dans le domaine, les travaux sur la douleur et les trigger points menés par le docteur Janet G. Travell qui a soigné le président John Kennedy pour ses problèmes de dos, les travaux du professeur Vladimir Janda ou encore Shirley Sahrmann. Les mobilisations tractées proviennent de l’enseignement que j’ai reçu de Brian Mulligan. J’ai aussi beaucoup travaillé sur la méthode Mézières, et la méthode Feldenkrais. Finalement, la méthode d’Un corps sans douleur est une synthèse de toutes ces approches. J’ai essayé de tirer le meilleur de chacune d’elles. Finalement je suis un peu comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois. Et après avoir retrouvé un corps sans douleur, performant, après avoir aidé de nombreuses personnes à obtenir des résultats similaires aux miens, transmettre cette expérience m’a paru essentiel. Non pas que les autres approches ne marchent pas, mais au moins je sais que la mienne a fonctionné sur moi et sur d’autres. Les conseils que je donne dans le livre satisferont toutes les personnes qui veulent se prendre en charge et adopter une hygiène corporelle quotidienne.

Combien de temps faut-il consacrer chaque jour à ces exercices ?

Dans cette nouvelle édition je propose deux programmes : un court qui dure de 4 à 5 min et l’autre plus long qui peut prendre entre 25 min et 45 min selon les individus et leur maitrise des exercices. La version courte doit être effectuée lorsqu’on n’a pas le temps ou qu’on ne ressent pas de douleur. C’est le minimum à faire chaque jour pour prendre soin de son corps. La version longue devra être effectuée lorsque la douleur est là et que la personne souffre.

L'alimentation a-t-elle un rôle à jouer contre la douleur ?

Absolument. Un déficit en magnésium par exemple provoque une augmentation du tonus musculaire, ce qui à la longue peut provoquer des tensions musculaires qui se surajoutent à celles déjà présentes en raison de la position assise prolongée ou d’une pratique du sport mal conduite. Le sport aussi entraîne souvent des déficits magnésiens. Le déséquilibre entre les graisses des familles oméga-6 et oméga-3 est responsable d’un état inflammatoire qui peut rejaillir sur le système musculo-articulaire par exemple. L’acidification de l’organisme par l’alimentation diminue les capacités de contractions et de relâchement des muscles ce qui peut en retour créer des tensions. Les épices comme le gingembre et le curcuma ont des vertus anti-inflammatoires. Pour moi, une alimentation de qualité est indispensable pour faire face à la douleur.

 

Que conseiller à une personne qui souhaite se maintenir en forme en faisant du sport ou une activité physique ?

Tout dépend de son niveau de forme, de son état de santé, de sa posture. Je commencerais par lui conseiller d’adopter le programme correctif de mon livre qui correspond à sa posture et après quelques semaines, j’intégrerais 2 séances par semaine de renforcement musculaire fonctionnel. Ce renforcement musculaire diffère de ce qui est enseigné dans la plupart des salles de sport. Le but étant de renforcer des mouvements globaux du corps, qu’on appelle des schémas moteurs et d’accroître la puissance et la masse musculaire, avant qu’elles ne déclinent avec l’âge. L’esthétique n’est pas l’objectif premier, même si c’est ce que beaucoup recherchent en priorité. J’ajouterais 2 séances de travail cardio-vasculaire par semaine en fonction de l’équilibre hormonal de la personne. En effet si un individu possède un taux de cortisol trop important, et pas assez de testostérone ou de DHEA comme c’est souvent les cas après 40 ans, alors rajouter des exercices cardio-vasculaires comme la course à pied ou le vélo risque d'aggraver ce déséquilibre hormonal. Beaucoup de femmes qui ont suivi de nombreux régimes par exemple ont un métabolisme complètement perturbé et ralenti. Rajouter un travail cardio-vasculaire dans ces conditions permet dans les premières semaines de perdre du poids, mais, après quelques semaines, le métabolisme devient encore plus économe, ce qui est le contraire de l’objectif recherché.

Quels sont tes projets ?

Je travaille sur le développement de mon système d’entraînement le CTS. Ensuite j’anime de nombreuses formations en France et en Europe sur les différentes méthodes que je développe dans mes livres. Ceux qui le souhaitent peuvent me suivre via mon site www.christophe-carrio.com

 

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