Cancer du sein : une consommation modérée d’alcool améliorerait la survie

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 15/04/2013 Mis à jour le 10/03/2017
Les femmes qui boivent un peu d'alcool, vin en particulier, connaîtraient de meilleurs taux de survie

Un peu d’alcool ne diminuerait pas les chances de survie d’une femme après un cancer du sein, et pourrait même les améliorer, selon une nouvelle étude américaine.

On pense que l’alcool augmente la production d’estrogènes chez les femmes, ce qui peut augmenter le risque de cancer. Cependant, l‘étude publiée le 8 avril dans le Journal of Clinical Oncology montre que les femmes qui boivent de l’alcool n’ont pas un moins bon taux de survie que celles qui s’abstiennent. Et les femmes qui buvaient modérément avant et après le diagnostic ont eu un avantage significatif en termes de survie.

« Ces informations devraient rassurer les femmes avec un cancer du sein : le fait qu’elles ont consommé de l’alcool n’aura pas d’impact sur leur survie après diagnostic, » explique Polly Newcomb, qui dirige le Cancer Prevention Program au Fred Hutchinson Cancer Research Center à Seattle (Etat de Washington).

Les chercheurs ont examine les données concernant une partie des 23000 femmes participant à la Collaborative Breast Cancer Study. L’étude cherche à identifier les facteurs de risque du cancer du sein. Elle est conduite par le National Cancer Institute. L’étude a démarré en 1988, et un groupe de 5,000 femmes ont été suivies entre 1998 et 2001 ; elles ont répondu à un questionnaire sur leur consommation d’alcool.

Il n’y avait pas de lien entre le type et la quantité d’alcool consommé avant le diagnostic de cancer, et un risqué accru de décès par cancer du sein.

Les femmes qui buvaient avec modération, du vin en particulier, (3 à 6 verres par semaine) avant le diagnostic avaient un risque de décès cardiovasculaire réduit de 15% par rapport aux abstinentes. Ni la bière, ni les alcools forts n’étaient associés à un risque réduit. Les maladies cardiovasculaires sont l’une des causes de décès les plus fréquentes chez les Américaines qui ont survécu à un cancer.

La consommation d’alcool après diagnostic ne semble pas augmenter le risque de récidive. Surtout, les femmes qui buvaient avec modération après diagnostic ont connu une diminution de 39 à 50% du risque de maladie cardiovasculaire.

Le Dr Newcomb estime que les formes de cancer qui touchent les buveuses modérées seraient moins agressives, et répondraient mieux aux traitements actuels, ce qui augmenterait leur survie.  S’agissant d’une étude d’observation, il est aussi possible que les femmes qui boivent un peu d’alcool, notamment du vin, ont un mode de vie plus sain.

L’avis de LaNutrition.fr : Dans un éditorial accompagnant l’article, Wendy Demark-Wahnefried, (université de l’ Alabama) et Pamela J. Goodwin (université de Toronto) rappellent que la consommation d’alcool est associée à un risque de cancer du sein augmenté de 5 à 11% pour une consommation modérée (jusqu’à un verre par jour) et 22 à 40% pour des consommations plus élevées (2 à 3 verres par jour). Le risque est plus élevé pour les cancers à récepteurs d'estrogènes positifs et qui apparaissent après la ménopause. L’obésité, un déficit en folates (vitamine B9) semblent exacerber ce risque. A l’inverse, un bon statut en folates pourrait le diminuer. On ignore encore si tous les alcools ont le même impact sur le risqué de cancer du sein. Plusieurs études ont trouvé que le vin rouge à dose modérée n’élève pas le risque de cancer, mais d’autres études n’ont pas vu de différence selon le type d’alcool. Après le diagnostic, cependant, les données disponibles laissent penser qu’une consommation modérée, soit en moyenne un verre par jour, est associée à une survie globale optimale, sans compromettre la survie liée à la maladie elle-même.

A se procurer : Le régime cétogène contre le cancer Collectif (lire un extrait ICI  >>).

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