Les pommes de terre accusées de favoriser l'hypertension

Par Pierre Lombard Publié le 23/05/2016 Mis à jour le 20/07/2017
Actualité

Les pommes de terre favoriseraient l’hypertension du fait de de leur index glycémique élevé.

Une nouvelle étude, publiée dans le British Medical Journal, rapporte que la consommation de pommes de terre, quelle qu'en soit la forme (en purée, frites, à la poële, etc) augmenterait la pression artérielle malgré sa “richesse” relative en potassium et vitamine C. 

Consommation de pommes de terre en hausse

L'hypertension artérielle concernerait 10 à 15 % de la population française (8 millions de personnes, traitées pour un coût annuel de 3 milliards d'euros). Le chiffre a tendance à croître : il est passé de 8,6 à 10,5 millions de personnes traitées entre 2000 et 2006, posant ainsi un problème de santé publique. 

La pomme de terre, elle, est un des aliments les plus consommés en France; nous en mangerions 15 kg/personne/an. En France, sa consommation est en légère augmentation ses dernières années du fait de son bas coût (0.8 euros le kilo).
Mais c’est le cas aussi aux Etats-Unis où la pomme de terre est même considérée depuis peu comme un légume, sous prétexte de sa teneur intéressante en vitamine C et en potassium, connus pour limiter la pression sanguine. 

C’est pourtant l’effet inverse qui vient d’être observé dans cette étude qui a inclut plus de 185 000 américains et américaines. Malgré l'effet bien documenté du potassium sur la pression artérielle, une pomme de terre n'est pas constituée uniquement de potassium, mais également d'un amidon très digeste. C'est la première étude à pister l'effet à long terme de la consommation régulière de pommes de terre. 

Vous pouvez lire aussi Les pommes de terre un aliment à limiter

Les chercheurs ont utilisée les données de 3 grandes études américaines sur plus de 20 ans, qui ont rassemblé 186 453 hommes et femmes. Ils ont pris en compte de nombreux facteurs comme la corpulence de la personne, son sexe, son statut tabagique, son activité physique, ses autres consommations alimentaires, ses apports en vitamines et minéraux, etc. Mais ces ajustements n’ont que peu affecté les résultats.
Les résultats, les voici : manger 4 portions (ou plus) de pommes de terre par semaine était associé à un risque d'hypertension augmenté de 17%. L’effet le plus net sur la pression artérielle était observé avec les frites. Dans cette étude, le fait de remplacer une portion de pomme de terre par une portion de légumes était associée à une diminution significative de la pression artérielle. 

En revanche, la consommation de chips n’était pas associée à une augmentation mais plutôt à une diminution de la pression artérielle. 

Comment l'index glycémique augmente le risque d'hypertension

Les pommes de terre ont un index glycémique élevé (entre 65 et 95). L'index glycémique mesure la capacité d'un glucide donné à élever la glycémie après le repas par rapport à un standard de référence qui est le glucose pur (100).
Afin de vous familiariser avec les index glycémique, vous pouvez consulter Le tableau des index glycémiques des aliments. 

Cet index glycémique élevé va entraîner un pic de glucose dans le sang juste après le repas. Un taux élevé de glucose dans le sang, appelé hyperglycémie, a été associé au stress oxydatif (2), à la dysfonction endothéliale(3), et à l’inflammation(4), qui sont eux liés à l’hypertension (5).
Les chips, qui ont un index glycémique bien plus bas (45), ne provoquent pas le même pic de glucose. D’autant plus que les quantités de chips consommées sont généralement assez faibles, un paquet individuel pèse 45g et un familial aux alentours de 150g. Ce qui pourrait sans doute expliquer pourquoi les chips ne semblent pas augmenter la pression artérielle.

Pour suivre une alimentation à index glycémique bas : Le Nouveau Régime IG, par Angélique Houlbert et Elvire Nérin

Corrélation ou causalité ?

Il s'agit d'une une étude d’observation, ne permettant pas d’établir un lien de cause à effet. De plus, les consommations alimentaires ont été reportées directement par les individus, elles ne sont donc pas toujours fiables. 

Cependant, si les résultats sont confirmés par d’autres études, les chercheurs pensent que “cela pourra avoir des conséquences potentiellement importantes en santé publique” parce que ces données “ne soutiennent pas la thèse que les pommes de terre ont leur place dans les recommandations alimentaires”.

Lire ausi  les mauvais conseils de l'assurance maladie  aux diabétiques français. 

L'avis de LaNutrition.fr : Plusieurs études ont rapporté les effets néfastes d'une consommation élevée de pommes de terre : sur le risque de diabète, la prise de poids, et même sur le cancer (frites). Nous conseillons donc depuis très longtemps de limiter leur consommation. Il faudrait en manger en petite quantité, froides de préférence et en association avec des légumes et des protéines, pour réduire la charge glycémique. 

RÉFÉRENCES

(1) Lea Borgi,E.Rimm,, WC.Willett, J.Forman
Potato intake and incidence of hypertension: results from three prospective US cohort studies. BMJ 2016; 353 doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.i2351

(2)Gagné L. The glycemic index and glycemic load in clinical practice. Explore (NY)2008;4:66-9. doi:10.1016/j.explore.2007.10.011 pmid:18194796.

(3)Ludwig DS. The glycemic index: physiological mechanisms relating to obesity, diabetes, and cardiovascular disease.JAMA2002;287:2414-23. doi:10.1001/jama.287.18.2414 pmid:11988062.

(4)Title LM, Cummings PM, Giddens K, Nassar BA. Oral glucose loading acutely attenuates endothelium-dependent vasodilation in healthy adults without diabetes: an effect prevented by vitamins C and E. J Am Coll Cardiol2000;36:2185-91.

(5)Savoia C, Schiffrin EL.Inflammation in hypertension.
Curr Opin Nephrol Hypertens. 2006 Mar;15(2):152-8

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