Le micro-ondes est-il dangereux ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 14/09/2006 Mis à jour le 29/05/2017
Enquête

L'usage du micro-ondes s'accompagne de nombreuses rumeurs et idées reçues. Lisez cet article pour savoir si elles sont fondées.

Cuits au micro-ondes, les aliments perdent leurs qualités nutritionnelles

VRAI et FAUX

Tous les aliments chauffés perdent une partie de leurs qualités, surtout quand ils sont bouillis parce que les vitamines passent dans l’eau de cuisson. Les hautes températures peuvent dénaturer graisses et protéines. Globalement, la cuisson au micro-ondes ne détruit pas plus de vitamines que la cuisson à l’eau – sauf peut-être pour la vitamine C. Les pertes sont surtout importantes lorsque les légumes sont placés dans de l’eau. Les autres composés nutritionnels sont assez bien préservés comme le montrent des essais faits sur les flavonoïdes de l’oignon et les polyphénols de l’huile d’olive vierge. L'avantage du micro-ondes tient aussi à la brièveté de la cuisson ; or plus la cuisson est courte, moins il y a de risque de destruction des nutriments.  

A noter que le lait maternel conserve intacts ses anticorps si la température ne dépasse pas 60 °C.

Khatoon N : Nutritional quality of microwave-cooked and pressure-cooked legumes. Int J Food Sci Nutr. 2004 Sep;55(6):441-8.

Les protéines cuites au micro-ondes sont "dénaturées"

FAUX

Cette rumeur fait référence à l'isomérisation potentielle des acides aminés, constituants des protéines. Ces acides aminés (sauf la glycine) peuvent exister sous deux configurations : en L- ou en D-, qu'on appelle énantiomères ou stéréoisomères, l'une étant le miroir de l'autre. L'organisme utilise essentiellement les acides aminés en L-, mais la cuisson peut, dans certaines conditions, conduire à l'isomérisation d'acides aminés sous leur forme en D-. Une étude ancienne (1) avait trouvé plus d'acides aminés en D- avec une cuisson au micro-ondes, mais des travaux plus récents (2) n'ont pas trouvé de différences avec d'autres méthodes de cuisson.

Lubec G, Wolf C, Bartosch B. Aminoacid isomerisation and microwave exposure. Lancet. 1989 Dec 9;2(8676):1392-3.

Lassen A. (1995) Nutritional effects of microwave cooking, Nutrition & Food Science, Vol. 95 Issue: 4, pp.8-10.

La cuisson au four à micro-ondes entraîne l'apparition de sous-produits toxiques

FAUX

« Il n'a jamais été mis en évidence de transformation biochimique des constituants des aliments par ce type de cuisson » affirme le Pr Maurice Rabache (Cnam, Paris). Par rapport aux rats qui reçoivent des aliments cuits conventionnellement, ceux nourris avec des aliments cuits au micro-ondes se développent normalement, sans lésions particulières. Mais comme la plupart des modes de cuisson, celui au micro-ondes génère des produits de glycation avancés (AGE) qui peuvent aggraver certaines maladies (diabète).

Jonker D : Human diets cooked by microwave or conventionally: comparative sub-chronic (13-wk) toxicity study in rats. Food Chem Toxicol. 1995 Apr;33(4):245-56.

Les aliments cuits au four à micro-ondes sont cancérogènes

FAUX

Précuire une viande au micro-ondes avant de la poêler permet de diminuer significativement la quantité de composés cancérogènes (lire entretien). La cuisson au micro-ondes (température modérée, puissance moyenne) préserve aussi les enzymes qui donnent naissance aux composés protecteurs des crucifères et qui sont détruits par les cuissons conventionnelles. Mais les enzymes de l’ail, elles, disparaissent.

Verkerk R Glucosinolates and myrosinase activity in red cabbage (Brassica oleracea L. var. Capitata f. rubra DC.) after various microwave treatments. J Agric Food Chem. 2004 Dec 1;52(24):7318-23.

Il tue systématiquement les bactéries

FAUX

La distribution irrégulière de la température dans le produit chauffé ne permet pas toujours d'inactiver certaines bactéries. Ainsi, les salmonelles survivent dans des œufs pochés au micro-ondes. Lorsqu’ils ne sont pas chauffés assez longtemps, des morceaux de poulet contiennent encore des bactéries du type Escherichia coli.

Apostolou I : The effect of short-time microwave exposures on Escherichia coli O157:H7 inoculated onto chicken meat portions and whole chickens. Int J Food Microbiol. 2005 May 1;101(1):105-10.

On ne devrait pas chauffer des récipients en plastique au four à micro-ondes

VRAI

Certains composants des plastiques peuvent migrer dans l'aliment chauffé. C'est le cas des adipates, qui jouent le rôle de plastifiants dans de nombreux emballages ; des phtalates et de la benzophénone, ajoutés aux encres d'impression ; des filtres UV incorporés dans les emballages transparents ; du bisphénol A (BPA), présent dans les polycarbonates (plastiques durs, biberons…). Même si les taux de migration sont faibles, ils alourdissent la charge qui pèse sur l’organisme. « Les fabricants disent que leurs plastiques sont conçus pour le micro-ondes, mais quand vous les chauffez, ils laissent fuir du bisphénol A » insiste le Pr Frederick vom Saal (université du Missouri). Ses travaux chez le rat montrant que le BPA se comporte comme une hormone ont conduit en mai 2006 la ville de San Francisco à en interdire la présence dans les plastiques.

Nerin C : Determination of potential migrants in polycarbonate containers used for microwave ovens by high-performance liquid chromatography with ultraviolet and fluorescence detection. J Agric Food Chem. 2003 Sep 10;51(19):5647-53.

La cuisson au micro-ondes nous expose à un rayonnement toxique

FAUX

Selon l'Organisation mondiale de la santé, un micro-ondes en bon état, utilisé correctement, est sans danger. Il faut simplement s'assurer régulièrement que l'appareil qu'on utilise n'est pas endommagé, que la porte se ferme correctement, que les joints sont propres et en bon état. Un appareil dégradé ne doit pas être utilisé.

 

Cuisson au four conventionnel et au micro-ondes : ce qui change

Un four à micro-ondes utilise des ondes d’une fréquence de 2,5 gigahertz environ. Ces ondes sont absorbées par l’eau, les graisses, les sucres et converties en mouvement atomique, c’est-à-dire en chaleur. Mais elles ne sont pas absorbées par les plastiques, le verre, la céramique. Dans un four conventionnel, la chaleur migre de l’extérieur vers l’intérieur de l’aliment alors que dans un micro-ondes, les ondes pénètrent l’aliment et excitent les molécules d’eau et de graisses : la chaleur est présente à peu près partout au même moment. Les zones froides correspondent aux endroits où les ondes n’ont pas pénétré ; les zones brûlantes aux régions d’interférence. Pour éviter cela, les fours sont équipés d’un plateau tournant. Dans un four conventionnel, des croûtes appétissantes se forment parce que l’air intérieur est brûlant et débarrassé de toute humidité. Dans un micro-ondes, c’est impossible parce que l’air reste à température ambiante.

Lire aussi : Le bon choix pour cuisiner, de Juliette Pouyat

 

 

 

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