Des infections à l'origine de la maladie céliaque ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 09/10/2015 Mis à jour le 18/02/2019
Actualité

Les enfants qui ont eu plus de 10 infections avant 18 mois ont 30 % de risque en plus de développer la maladie cœliaque. Et les infections à entovirus à un jeune âge augmenteraient le risque de 49 %.

Pourquoi c’est important

La maladie cœliaque est une maladie auto-immune handicapante.  Au cours des dernières décennies, la fréquence de cette maladie a augmenté. Elle toucherait 0,7 à 1,4 % de la population mondiale (1). Son seul traitement est l’éviction du gluten (une protéine spécifique contenue dans le seigle, le blé, l'orge et certaines variétés d'avoine) à vie. L'augmentation de la fréquence de la maladie coeliaque suggère que des facteurs environnementaux jouent un rôle dans son apparition.

Mieux comprendre l’origine de cette maladie permettrait à l’avenir de développer des traitements moins contraignants. Dans plusieurs études des scientifiques s'interrogent sur le rôle des infections dans le développement de la maladie cœliaque.

Lire aussi : Intolérance au gluten : qu’est-ce qui provoque la maladie cœliaque ?

Ce que disent les études

Dans une première étude menée par des chercheurs norvégiens, les chercheurs ont étudié la relation entre la fréquence des infections pendant les 18 premiers mois de la vie et le risque ultérieur de maladie coeliaque pendant l'enfance. L'étude a utilisé les données de la Norwegian Mother and Child Cohort Study. 72 921 enfants nés entre 2000 et 2009 en Norvège ont été suivis grâce à des questionnaires portant sur les infections respiratoires et les gastro-entérites qui auraient eu lieu pendant les 18 premiers mois de leur vie. Les enfants qui ont développé une maladie coeliaque plus tard ont été identifiés à l'aide de questionnaires donnés aux parents et du registre norvégien des patients.

Résultats : après un suivi moyen de 8,5 années, 581 enfants, soit 0,8 %, ont développé la maladie. Les enfants qui avaient eu au moins dix infections pendant leurs 18 premiers mois avaient un risque augmenté de 30 % de développer la maladie coeliaque par rapport à ceux qui avaient eu moins de cinq infections.

Pour Karl Mårild, auteur de ces travaux, plusieurs facteurs peuvent influencer le risque de maladie coeliaque : l'hérédité, la consommation de gluten, mais aussi des facteurs de l'environnement. Les infections fréquentes dans la petite enfance pourraient influencer le système immunitaire de telle sorte qu'il risque plus de réagir au gluten.

Comme l'explique Karl Mårild, « Notre étude fournit de nouvelles connaissances parce qu'elle est bien plus large que des études précédentes dans ce domaine et a plus d'informations détaillées de registres et de questionnaires sur de possibles facteurs confondants. L'étude est également prospective, ce qui signifie que les infections ont été rapportées avant le diagnostic de la maladie coeliaque. Les informations récoltées de manière prospective sur les infections produisent des données plus fiables que si on demandait de manière rétrospective le taux d'infection chez ceux qui ont été diagnostiqués et ensuite qu'on le comparait avec les enfants sans la maladie coeliaque. »

Lire aussi : Maladie cœliaque : le gluten ne serait pas seul en cause

Dans une seconde étude, norvégienne également, les chercheurs ont recruté 75 enfants porteurs de mutations génétiques qui augmentent le risque le maladie cœliaque. Parmi eux, seulement 25 étaient atteints de la maladie. Les participants se sont faits régulièrement prélever des échantillons de sang pour détecterles infections virales avant, pendant et après le développement des premiers anticorps spécifiques de la maladie cœliaque.

En comparant les expositions entre les deux groupes (cœliaque/non cœliaque), les investigateurs se sont rendu compte que les enfants qui ont été exposés à des virus de la famille des entérovirus avant le développement de la maladie ont un risque plus élevé de 49 % de la déclarer. Aucune association n’a été trouvée pour les infections aux adénovirus. Les expérimentateurs précisent que cette corrélation est restreinte aux infections après l’introduction du gluten dans l’alimentation.

Les résultats de cette étude sont limités, surtout à cause du faible échantillon de patients. Néanmoins, ils nous donnent des informations supplémentaires sur le possible rôle viral dans l’origine de la maladie cœliaque. 

Lire aussi : Les effets d'une alimentation pauvre en gluten sur le microbiote

En pratique

Il est impossible de se prémunir contre ce genre d’exposition virale. Si vous ou quelqu’un de votre entourage êtes atteints de maladie cœliaque, évitez les produits « sans gluten » souvent ultra-transformés. Préférez-leur les céréales qui ne contiennent naturellement pas du gluten (riz, sarrasin, quinoa...).

Lire aussi : Comment traiter la maladie coeliaque (abonnés)

Référence : 

(1) Global Prevalence of Celiac Disease: Systematic Review and Meta-analysis. Singh P., Arora A., Strand T.A., Leffler D.A., Catassi C., Green P.H., Kelly C.P., (...), Makharia G.K. (2018)  Clinical Gastroenterology and Hepatology,  16  (6) , pp. 823-836.e2.

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