L’embonpoint est-il un gage de longévité ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 03/01/2013 Mis à jour le 10/03/2017
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Selon une analyse d’études, les personnes en surpoids et celles modérément obèses vivraient plus longtemps que les mincesCette analyse suscite une vive controverse.

Une nouvelle analyse, parue le 2 janvier, suggère que pour vivre vieux, il est plus intéressant d’avoir un peu de graisse corporelle en trop que d’être mince. L’étude fait déjà les gros titres de la presse : Le Figaro assure même que « l'embonpoint n'est pas mauvais pour la santé. » En réalité ce travail est très controversé.

L’étude se fonde sur l’analyse de 97 études parues sr ce sujet, soit environ 3 millions de personnes. Elle est signée de Katherine Flegal, un chercheur des Centers for Disease Control des Etats-Unis (CDC), l’organisme chargé de la surveillance et la prévention des maladies.

Selon ce travail, les personnes atteintes d’obésité sévère, mesurée par l’indice de masse corporelle (IMC supérieur ou égal à 35) connaîtraient une surmortalité de 29 % par rapport aux individus de poids normal. Ils sont 2 millions en France, selon l'enquête Obépi de 2012. En revanche, les personnes en surpoids (IMC supérieur ou égal à 25, inférieur à 30) et les personnes modérément obèses (IMC supérieur ou égal à 30, inférieur à 35) auraient un risque de décès plus faible que les personnes minces (IMC <25) : respectivement moins 6% et moins 5%.

La différence est faible, mais elle suscite une vive controverse. Le Pr Flegal avait publié en 2005 une première étude allant dans le même sens, qui avait déjà donné lieu à une polémique. Les contestataires les plus farouches sont les épidémiologistes de la plus grande unité de recherche en nutrition au monde, l’Ecole de santé publique de Harvard, dirigée par le Pr Walter Willett. Willett avait attaqué la précédente étude de Flegal, et il n’est pas plus tendre avec la nouvelle : « Cette étude est de la foutaise, dit-il, et personne ne  devrait perdre son temps à la lire.» Willett reproche à l’étude de se focaliser sur l’IMC seul, en négligeant le niveau global de santé et de forme des individus. Certaines personnes, dit-il, sont minces ou maigres parce qu’elles sont malades, et bien sûr elles ont plus de risque de décès. D’autres personnes ont un IMC élevé tout simplement parce qu’elles font beaucoup de sport et ont plus de muscles. En outre, la longévité en soi ne veut pas dire grand-chose : si une personne en surpoids vit plus longtemps, est-ce avec une maladie chronique ? « Nous avons, dit le Pr Willett, une quantité considérable d’études montrant que les personnes qui prennent du poids ou qui sont en surpoids ont un risque accru de diabète, de maladie cardiovasculaire, d’accident vasculaire cérébral, de cancers et d’autres pathologies. »

Si vous voulez savoir si votre poids est un problème, dit Walter Willett, plutôt que de le comparer à celui de votre entourage, rappelez-vous le poids que vous aviez à 20 ans.  «Pour la plupart d’entre nous, dit-il, le poids idéal, si nous n'étions pas déjà sérieusement en surpoids à l'âge de 20 ans, est celui qu’on avait à cet âge. »

Tous les spécialistes ne rejettent pas en bloc les conclusions de l’étude. Pour le Dr Steven Hymsfield, (Pennington Biomedical Research Center à Baton Rouge, Louisiane), il peut y avoir des circonstances dans lesquelles un peu de graisses en plus permet de vivre plus longtemps. « Si vous tombez, cette graisse pourrait vous éviter une fracture de la hanche,» dit -il.

Quoi qu’il en soit, le débat n’est pas près de s’arrêter. On sait déjà que l’IMC ne rend pas aussi bien compte de la corpulence que la mesure du tour de taille. Des études ont montré que des personnes globalement minces selon les critères de l’IMC, pouvaient avoir plus de graisse abdominale que des personnes avec un IMC plus élevé. Ces personnes « minces » ont un risque cardiovasculaire plus élevé. Au point que certains chercheurs conseillent de consulter un diététicien si l’on est obligé de changer durablement de cran de ceinture.

Par ailleurs, comme l’indique Walter Willett, des travaux montrent que des personnes avec un IMC un peu élevé peuvent être en meilleure forme physique, du fait de leur niveau d’exercice, que des individus minces et sédentaires. Dans ce cas, leur IMC n’est associé à aucun risque de maladie supplémentaire. Plusieurs chercheurs estiment d’ailleurs que le surpoids n’est pas à proprement parler un facteur de risque, mais la conséquence de la sédentarité et d’une alimentation déséquilibrée. La relation entre l’excès de poids et le risque de maladie ne traduirait en fait que les effets de la sédentarité et d’un régime alimentaire inadapté.

Pour aller plus loin, lire : La solution longévité

Références
  1. Flegal KM, Kit BK, Orpana H, Graubard BI. Association of all-cause mortality with overweight and obesity using standard body mass index categories: a systematic review and meta-analysis. JAMA. 2013 Jan 2;309(1):71-82. doi: 10.1001/jama.2012.113905. Review. PubMed PMID: 23280227.

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