L’obésité est-elle contagieuse ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 12/01/2010 Mis à jour le 21/02/2017
L’obésité est une maladie aux multiples causes.Des virus peuvent également en être responsables.LaNutrition.fr vous présente les plus étudiés.

L’obésité est une maladie chronique aux nombreuses causes, parmi lesquelles la génétique, le métabolisme, l’environnement, et bien d’autres. Mais les changements de régime alimentaire et de mode de vie n’aboutissent pas forcément à une perte de poids. Dès lors, la cause de l’obésité est, selon certains chercheurs, à trouver ailleurs. Et s’il s’agissait d’un virus ?

L’hypothèse n’est pas nouvelle. Elle a été reportée pour la première fois en 1982 (1). Il s’agissait du virus de la maladie de Carré, qui affecte principalement les canidés. L’étude montrait que les cellules graisseuses des chiens infectés étaient plus grosses et plus nombreuses.


Plusieurs virus associés à l’obésité

5 virus animaux et 3 virus humains sont désormais associés à une obésité chez des animaux.

Des chercheurs ont aussi identifié deux virus en particulier, impliqués dans l’obésité humaine :

- L’adénovirus aviaire SMAM-1.

- L’adénovirus humain Ad-36.



L’adénovirus aviaire SMAM-1


L’origine

Le docteur S. M. Ajinkya, pathologiste au Collège vétérinaire de Bombay (Inde), a identifié un virus aviaire qui sévissait dans les élevages de poulets, faisant des centaines de victimes. Les poulets infectés par ce virus, nommé SMAM-1, avaient les reins et le foie gros et pâles, de la graisse abdominale et le thymus atrophié. Pour savoir si le virus pouvait être la cause de cet excès de graisse, le docteur Ajinkya et son confrère Nikhil Dhurandhar, du Centre de recherche biomédicale de Pennington (États-Unis), ont donné la même nourriture et en quantités égales à une vingtaine de poulets, dont la moitié était infectée par l’adénovirus SMAM-1.


Les symptômes

Seuls les poulets qui ont été en contact avec le virus sont devenus obèses et leur taux de cholestérol et de triglycérides étaient très bas.


Les conséquences chez l’homme

Dans une étude clinique, le Dr Nikhil Dhurandhar a trouvé des anticorps dirigés contre le virus SMAM-1 chez 20 % des patients en surpoids testés. Cependant, comme ce virus n’est pas censé infecté les humains, il est possible que les anticorps aient reconnu les antigènes d’autres virus, de structure proche.

Par ailleurs, les personnes qui ont les anticorps dirigés contre le virus pèsent en moyenne 15 kg de plus (2). Elles ont un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé et, surtout, des taux de cholestérol et de triglycérides très bas, comme les poulets.


Mode d’action

Le mécanisme de ce virus n’a pas encore été découvert.



L’adénovirus humain Ad-36


L’origine

L’adénovirus humain 36 (Ad-36) a été découvert en 1978. Il est à l’origine d’infections du système respiratoire et des yeux.


Les symptômes

L’infection par le virus Ad-36 ressemble à un rhume, avec des symptômes comme le nez qui coule, le mal de gorge, l'inflammation des ganglions ou une conjonctivite.


Les conséquences chez l’homme

Une étude a répertorié plus de 1000 patients dont l'obésité semble être liée à l'infection par le virus Ad-36 (3). Les tests ont révélé qu'un tiers des personnes obèses avaient en fait contracté ce virus, contre seulement 11 % des personnes minces. Même les personnes de poids moyen ont eu tendance à être plus grosses si elles avaient été infectées par l’Ad-36. La prise de poids peut durer trois mois, jusqu'à ce que l'organisme ait développé une résistance au virus. « Que la personne soit mince ou en surpoids avant l'infection, elle aura plus de mal à perdre du poids après l'infection qu'auparavant », dit le Dr Hartley Guilford, directeur médical du Programme bariatrique de Hennepin, à Hô Chi Minh-Ville (Vietnam)


Le mode d’action

Le virus infecte d'abord les poumons, puis se propage vers d'autres parties du corps jusqu'aux cellules graisseuses. « Quand ce virus s'étend au tissu adipeux, il reproduit plusieurs copies de lui-même et suit un processus qui augmente le nombre de nouvelles cellules graisseuses, ce qui explique pourquoi le tissu adipeux peut se développer et pourquoi les gens grossissent lorsqu'ils sont infectés par ce virus », explique le Dr Nikhil Dhurandhar. Comment ? « L’adénovirus 36 a la capacité de transformer des cellules souches en cellules adipeuses », déclare le Dr Hartley Guilford.

D’autres hypothèses ont été avancées pour expliquer l’action du virus :

- Il ralentirait le métabolisme basal de la personne infectée.

- Il réduirait la sécrétion de leptine.


Peut-être un vaccin

Avancée thérapeutique ou opportunisme économique ? Un vaccin contre l'obésité infectieuse au Ad-36 pourrait être disponible d'ici cinq à dix ans, d’après Richard Atkinson, médecin fondateur d’Obetech. Cette entreprise propose un test de dépistage très coûteux (450 dollars l’unité, soit environ 315 euros) pour déceler, chez l’humain, la présence d’anticorps de l’adénovirus Ad-36.

 

Pour en savoir plus, lire également notre article :les gènes impliqués dans l’obésité


Références

(1) Lyons MJ, Faust IM, Hemmes RB, Buskirk DR, Hirsch J, Zabriskie JB. A virally induced obesity syndrome in mice. Science. 1982;216(4541):82-85.

(2) Dhurandhar NV, Kulkarni PR, Ajinkya SM, Sherikar AA, Atkinson RL. Association of adenovirus infection with human obesity. Obesity Research. 1997 Sep;5(5):464-9.

(3) Atkinson RL, Dhurandhar NV, Allison DB, Bowen RL, Israel BA, Albu JB, Augustus AS.

Human adenovirus-36 is associated with increased body weight and paradoxical reduction of serum lipids. International Journal of Obesity (Lond). 2005 Mar;29(3):281-6.

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