Coeur : "Le régime méditerranéen aussi efficace que les médicaments, effets secondaires en moins"

Par Priscille Tremblais - Journaliste scientifique Publié le 21/01/2015 Mis à jour le 09/06/2017
Point de vue

Le Dr Ramon Estruch est l’un des principaux investigateurs de l’étude PREDIMED. Il explique dans cet entretien pourquoi le régime méditerranéen réduit le risque d’infarctus et d’autres maladies chroniques.

Quelles sont les principales conclusions de PREDIMED ?

L’étude PREDIMED a évalué les effets d’une diète méditerranéenne traditionnelle sur la prévention primaire des maladies cardiovasculaires. Et elle a montré avec le niveau de preuve scientifique le plus élevé que le retour aux habitudes alimentaires de nos ancêtres méditerranéens réduit de 30% le risque de souffrir d’un infarctus, d’AVC ou de mort subite. Elle offre un degré de protection similaire à celui des médicaments les plus efficaces, mais sans les effets indésirables qu’ils ont souvent.

Rappelez-nous les bases du régime méditerranéen ?

Le régime méditerranéen est caractérisé par la consommation régulière d’aliments frais produits localement. Il comprend un apport élevé en graisses (supérieur à 40% de l’apport énergétique total), principalement sous forme d’huile d’olive (de préférence vierge extra), une consommation élevée de céréales (de préférence non raffinées), de fruits, de légumes, de légumineuses et de noix et graines, un faible apport de viande ainsi qu’une consommation modérée de vin (toujours au cours des repas). Cette manière de s’alimenter semble être la plus saine pour l’organisme. De nombreuses études, dont PREDIMED, ayant démontré qu’elle permettait de prévenir la survenue et le développement de beaucoup de maladies chroniques.

Lire : Aux origines du régime méditerranéen (abonnés)

Qu’est-ce qui rend l’huile d’olive bénéfique pour la santé et comment l’utiliser ?

Lorsque quelqu’un adopte un régime pauvre en graisses, son corps compense avec un besoin accru de glucides. Or, il a été établi qu’un excès de glucides est néfaste à l’organisme. Par ailleurs, il est essentiel d’ingérer un peu de gras et pour cela, les graisses végétales (non saturées) sont meilleures que les graisses animales (saturées). Ainsi le régime méditerranéen permet de bénéficier d’aliments riches en graisse végétale comme l’huile d’olive et les noix et fruits à coque, tout en évitant les aliments moins sains comme les glucides raffinés. L’huile d’olive doit représenter la principale source de graisses ajoutées mais il vaut mieux la choisir vierge extra. L’huile d’olive vierge extra contient en effet plus de polyphénols que les autres, tout en amenant aussi de l’acide oléique protecteur. Les polyphénols sont des composés bioactifs synthétisés par les plantes en réaction à des agressions (lumière solaire par exemple) et pour lutter contre des maladies. En ingérant ces polyphénols, nous bénéficions des mêmes effets protecteurs que ceux qu’ils fournissent aux plantes. En plus de ces propriétés intéressantes, l’huile d’olive encourage aussi à manger plus d’autres aliments sains comme les légumes.

Le régime méditerranéen bénéficie-t-il à tout le monde ou à certains plus que d’autres ?

Dans l’étude PREDIMED, nous avons pu vérifier les bénéfices du régime méditerranéen dans tous les groupes analysés : hommes et femmes, jeunes ou vieux, diabétiques ou non, obèses ou non, hypertendus ou non, etc. En fait, le régime méditerranéen a été testé par des millions de personnes à travers l’histoire et jusqu’à maintenant, aucun danger ne lui a été imputé.

L’étude s’est intéressée aux maladies cardiovasculaires. Quelles autres maladies chroniques peuvent être prévenues par ce régime ?

Des études montrent que le régime méditerranéen peut aider à prévenir le diabète, l’hypertension, le syndrome métabolique, certains types de cancer et quelques maladies neurodégénératives comme Alzheimer.

Le fait d’avoir enrôlé des Espagnols dans l’étude a-t-il facilité l’adhésion au régime méditerranéen ?

Les Espagnols d’aujourd’hui mangent beaucoup moins bien que leurs ancêtres. Nous avons oublié notre héritage alimentaire au profit de nouvelles habitudes issues d’autres cultures, notamment anglo-saxonne. Aux États-Unis de nombreuses personnes se mettent à manger méditerranéen alors que nous adoptons de notre côté leurs habitudes alimentaires antérieures. Mais le plus difficile c’est que nous croyons manger équilibré. Dans l’étude PREDIMED, l’âge moyen des participants tournait autour de 70 ans et leur adhésion au régime était correcte à très bonne. Je suis sûr cependant que si on avait donné ce questionnaire à des personnes bien plus jeunes, les résultats auraient été bien moins bons.

L’étude PREDIMED va se poursuivre avec PREDIMED plus. Quels changements sont apportés dans cette nouvelle étude ?

Il y a de plus en plus d’obèses en Espagne, notamment parce que les Espagnols se sont éloignés du régime méditerranéen de leurs ancêtres et ont diminué leur activité physique. C’est pourquoi, au sein du Centre de recherches biologiques sur l'obésité et la nutrition de l'Institut de Santé Carlos III où je travaille, nous commençons PREDIMED Plus pour montrer comment il est possible de tirer parti d’un régime méditerranéen pauvre en calories accompagné d’un programme d’activité physique et de thérapies comportementales, pour profiter de la vie en réduisant son tour de taille, et à plus long terme, son risque de maladie cardiovasculaire et de cancer. Un sacré défi en perspective.

Mettez le régime méditerranéen en pratique avec les recettes de : Les aliments qui préviennent l'infarctus et Je mange méditerranéen au quotidien

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