Alcool et cancer : faut-il croire l'Institut national du cancer ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 18/02/2009 Mis à jour le 21/11/2017
Que risque-t-on à boire ne serait-ce qu'un demi verre de vin par jour ? Une augmentation du risque de cancer répond l’Inca (Institut national du cancer) qui incrimine la consommation même modérée d’alcool. Des conclusions largement médiatisées et pourtant très contestables.

L’Institut national du cancer (Inca) relance la polémique sur le lien entre cancer et alcool. Après analyse des recherches actuelles, l’Institut conclut que même une consommation modérée d’alcool, c’est trop.

Dans cette brochure destinée aux professionnels de la santé, publiée le 17 février 2009, l’Inca précise qu’un verre d’alcool par jour augmente le risque de cancer colorectal de 9% et celui de la bouche, du pharynx et du larynx de 168%, de 28% le risque de cancer de l'oesophage, de 10% celui du sein et de 9% celui du côlon. Le coupable ? L’éthanol qui est transfomé dans l'organisme en acétaldéhyde, molécule considérée comme cancérigène pour l'homme.

Coïncidence ? Cette annonce intervient alors que l'Assemblée nationale discute du projet de loi « Hôpital, patients, Santé et Territoires », qui comporte un volet de dispositions susceptibles de lutter contre l’alcoolisme. Une cinquantaine d’amendements ont déjà été déposés dont celui défendu par les députés Yves Bur (UMP - Bas-Rhin) et Jean Marie Le Guen (PS - Paris). Il vise à limiter la publicité pour l’alcool sur Internet aux seuls sites des professionnels du secteur, producteurs ou négociants.

La brochure de l'Inca reprend les résultats d’une étude publiée en décembre 2007 par le même organisme sur le thème « alcool et risque de cancers ». Rapport qui avait créée la polémique : lire l’article de LaNutrition.fr et la réaction du docteur Michel de Lorgeril, chercheur spécialiste de l'étude des interactions entre la consommation d'alcool et la santé. Celui-ci avait expliqué que « les effets de l'alcool sur la santé sont un sujet extrêmement délicat et complexe qui nécessite beaucoup de compétence et de prudence. Il n'existe pas à ce jour de démonstrations scientifiques absolument intangibles dans un sens positif ou négatif car il manque un argumentaire décisif en recherche médicale humaine, l'essai clinique, qui seul peut montrer des relations de causalité indéniables ».

 

LaNutrition.fr s'étonne que l'Inca ait négligé, avec ce nouvel avis très médiatisé, de présenter une analyse globale des relations entre consommation d'alcool et santé, éludant notamment l'impact sur la mortalité et ne distinguant pas le cas spécifique du vin, ses antioxydants et son mode de consommation (consommation quotidienne, aux repas, dans le cadre d'un régime équilibré et riche en folates).

LaNutrition.fr présente cette analyse détaillée et montrer qu'elle plaide pour une consommation régulière et modérée de vin. Le rapport de l'Inca - remis en question quelques semaines plus tard par une étude française - ne change donc en rien les recommandations données sur ce site : les personnes qui boivent peuvent continuer à le faire de manière régulière et modérée (0 à 1 verre par jour pour les femmes, 0 à 2 verres pour les hommes), en consommant fruits et légumes quotidiennement. Ce type de consommation n'élève pas le risque global de cancer et apporte un bénéfice net en termes d'espérance de vie.

Cliquez pour lire la brochure de l'Institut National du Cancer publié le 17 février 2009.

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