Aliments au poisson : on ne sait pas ce qu’on mange

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 23/06/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Les aliments industriels à base de poisson sont très discrets sur leur composition. Peut-être parce qu'ils contiennent souvent autre chose que du poisson. 

Le flou et l’opacité règnent autour des préparations à base de poisson. C'est la conclusion d'une étude publiée par l'association Consommation Logement et Cadre de Vie (CLCV) publiée aujourd'hui, qui montre que les consommateurs de ces produits n'arrivent pas à savoir ce qu'ils mangent.

Pour la plupart des produits de la mer, les informations figurant sur les étiquettes sont très imprécises. Impossible par exemple dans la plupart des cas, de connaître les espèces utilisées ou le pourcentage exact de poisson entrant dans chaque préparation.

L'association a étudié 70 étiquetages de produits à base de poissons (dont parmentier, brandade, panés, croquettes, nuggets, rillettes, surimis, soupes et plats cuisinés), issus à la fois de grandes marques et de marques distributeurs. Conclusion : 30% des produits étudiés ne donnent aucun pourcentage de poisson, et le type de poisson utilisé est rarement mentionné. Il est remplacé par des indications floues comme «poisson» ou «poisson blanc». Il est impossible de savoir si l'on est en présence de merlu, de cabillaud, de colin ou de saumon... Peut-être parce qu’environ 80% de ces produits - sont fabriqués non à partir de filets de poisson mais plutôt de «chair» ou de «pulpe de poisson».

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C’est le règne des appellations vagues, qui cachent souvent un mélange «peu ragoutant» de chutes de filetage, desquelles sont enlevés tous les morceaux nobles (filet, darne, baron), et auxquelles s'ajoutent des arêtes, de la peau, le tout mixé dans des broyeurs à très forte pression. Pour l'ensemble des produits étudiés, la teneur en poisson se révèle bien souvent inférieure à 30% (sauf pour les poissons panés), et ils sont souvent «enrichis» d'agents texturants qui n’ont rien à voir avec le poisson.

Les rillettes et croquettes de poisson sont particulièrement visées par cette enquête.  Pour les croquettes, «dans 80% des cas, l'espèce n'est pas précisée (...) et seul un produit sur dix est fabriqué à partir de filet de poisson», le reste étant constitué de «chair». «Quant à l'information sur la quantité de poisson mise en œuvre, elle est certes disponible mais pas de façon explicite: dans quatre produits sur dix, le consommateur doit faire une règle de trois pour la recalculer, ce qui n'est guère pratique quand on fait ses courses!», note la CLCV.

 Selon la CLCV, ces produits sont «de qualité très médiocre», d'autant qu'il n'existe aucun «cadre réglementaire ou normatif définissant les procédés d'obtention» de ces ingrédients.

De son côté, LaNutrition.fr a, dans son guide Le bon choix au supermarché 2014, épinglé les surimis, qui selon notre enquête "renferment moins de 40% de chair de poisson pour plus de 60% % d’un mélange d’huile, d’amidon, de sucre, d’eau, d’arôme. "

Pour aller plus loin : Le bon choix au supermarché édition 2016-2017 et Le bon choix pour vos enfants

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