Alzheimer : le cuivre favoriserait la formation des plaques dans le cerveau

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 03/09/2013 Mis à jour le 10/03/2017
L’accumulation de cuivre jouerait un rôle dans l’agrégation de protéines bêta-amyloïdes dans le cerveau.

Le cuivre présent dans l’eau de boisson ou les aliments pourrait contribuer à la formation des plaques caractéristiques d’Alzheimer. C’est la conclusion de travaux présentés par des chercheurs de l’université de Rochester (New York) dans Proceedings of the National Academy of Sciences.

La maladie d’Alzheimer est une pathologie neuro-dégénérative qui touche environ 860 000 personnes en France. Des métaux comme le fer, l’aluminium, le mercure, ont tous été soupçonnés de participer au développement de la maladie. Voilà maintenant le cuivre sur la sellette...

Lire : Alzheimer : la piste du fer

Dans le cerveau des malades d’Alzheimer, des agrégats anormaux de protéines, appelées bêta-amyloïdes, se forment (sans qu'on sache encore très bien si c'est une cause ou une conséquence de la maladie). Les chercheurs ont voulu étudier l’association entre le cuivre et la maladie d’Alzheimer après avoir observé des souris transgéniques qui surexprimaient la protéine précurseur de l’amyloïde : chez celles-ci, l’homéostasie du cuivre, c’est-à-dire la capacité à contrôler les concentrations dans l’organisme, était perturbée.

Le cuivre est un oligoélément, c'est-à-dire un minéral présent à de très faibles doses dans l’organisme, mais néanmoins indispensable à la santé. Il participe au fonctionnement de certaines enzymes ; il intervient par exemple dans la fabrication de l’hémoglobine. On trouve du cuivre dans les huitres, les crustacés, les céréales complètes, le foie, l’eau ou des compléments alimentaires. A fortes doses, le minéral est toxique.

Consultez la liste des aliments riches en cuivre

Pendant 3 mois, les chercheurs ont donné à des souris une eau de boisson contenant de faibles quantités de cuivre - environ 10 % de la dose autorisée dans l’eau par l’agence de protection de l’environnement américaine. Ceci devait mimer les effets d’une accumulation de faibles niveaux de cuivre alimentaire. Au bout de 3 mois, les chercheurs ont observé que le cuivre était passé dans le sang et s’était accumulé dans les parois de capillaires, les minuscules vaisseaux qui irriguent les tissus. Du cuivre se retrouvait en particulier au niveau des capillaires qui apportent le sang au cerveau ; les cellules de ces capillaires peuvent empêcher certaines molécules, comme le cuivre, d’entrer dans le cerveau. Mais au cours du temps, le métal s’accumule, ce qui conduirait à des effets toxiques.

Normalement, une protéine - la LRP1- qui tapisse les capillaires, s’associe à la protéine bêta-amyloïde pour l'évacuer dans le sang. Or, chez les souris qui avaient absorbé du cuivre, la LRP1 ne fonctionnait pas correctement, d’où un problème d’élimination des protéines bêta-amyloïdes.

Les chercheurs ont aussi donné du cuivre à des souris modèles d’Alzheimer. Ils ont alors constaté que le cuivre interagissait avec les protéines bêta-amyloïdes et causait la formation de plaques.

Ces travaux suggèrent donc que le cuivre augmenterait la sévérité de la maladie. D'ailleurs, les recommandations qui visent à prévenir Alzheimer déconseillent les compléments multivitaminés contenant du cuivre.

Lire : De nouvelles recommandations pour prévenir Alzheimer

Notre avis : Il ne faut pas manquer de cuivre, mais il faut éviter les excès. L'apport nutritionnel conseillé par l'ANSES en France depuis 2001 est de 2 mg/jour (1,5 après 50 ans). De son côté, LaNutrition.fr a été plus conservatrice, en retenant en 2006 un apport nutritionnel en cuivre pour les adultes de 1,2 mg par jour. Parallèlement, LaNutrition.fr déconseille depuis des années les compléments alimentaires qui apportent du cuivre. En revanche, lorsqu'on prend des doses élevées de zinc (plus de 30 mg par jour), il faut probablement augmenter ses apports en cuivre car le zinc est antagoniste du cuivre et peut entraîner des carences. 

Lecture conseillée : Maladie d'Alzheimer. Et s'il y avait un traitement ? (Dr Michèle Serrand) (lire un extrait ICI  >>)

Source

Singh I, Sagare AP, Coma M, Perlmutter D, Gelein R, Bell RD, Deane RJ, Zhong E, Parisi M, Ciszewski J, Kasper RT, Deane R. Low levels of copper disrupt brain amyloid-β homeostasis by altering its production and clearance. Proc Natl Acad Sci U S A. 2013 Aug 19.

A découvrir également

Back to top