Ce qu'il faut savoir sur les contaminants du thon

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 03/08/2016 Mis à jour le 10/03/2017
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Dans le thon, tout n'est pas bon : certes il est riche en oméga-3, mais c'est surtout un gros poisson dans lequel s’accumulent des molécules toxiques variées.

Le poisson présente de nombreux avantages pour la santé, car il apporte des acides gras oméga-3, des minéraux et des oligo-éléments. LaNutrition.fr recommande d'ailleurs de consommer 2 à 3 portions de poisson et de fruits de mer par semaine. Mais les océans sont aussi des réservoirs de polluants qui s’accumulent dans les animaux tout au long de la chaîne alimentaire. Ces molécules peuvent se retrouver ensuite dans l’alimentation humaine, en particulier à cause du thon, le poisson le plus consommé au monde. Quelles sont ces molécules à redouter ?

 Lire : Mercure : combien de poisson par semaine ?

DDT et autres polluants organiques

Des chercheurs de l’université de Californie à San Diego ont étudié 37 polluants organiques et leur effet sur une protéine appelée P-gp. Cette protéine se trouve dans la membrane des cellules, repère les molécules nocives à l’organisme et les évacue. Dans des expériences sur des levures exprimant la P-gp de souris, 16 des polluants étudiés empêchaient la protéine de fonctionner. 10 de ces produits chimiques étaient présents chez des humains, ce qui signifie qu’ils étaient entrés dans la chaîne alimentaire. Pour Amro Hamdoun, un des auteurs de cette recherche, « P-gp est extrêmement importante pour l'élimination d'une large gamme de médicaments et de toxines. Ces polluants répandus peuvent inhiber ce système de défense. »

Parmi ces molécules, il y avait le DDT, un pesticide interdit par un traité international en 2001. D’autres étaient des produits chimiques utilisés dans l’industrie comme retardateurs de flamme. L’équipe a également recherché ces molécules dans le thon albacore. Neuf molécules ont été trouvées dans du thon du golfe du Mexique, parfois à des niveaux élevés.

Des polluants de l’océan peuvent donc se retrouver en combinaison dans notre alimentation et réduire la capacité de l’organisme à se débarrasser des toxines. Les nouveau-nés sont particulièrement vulnérables à ces molécules car elles peuvent atteindre des concentrations élevées dans le lait maternel et les bébés ont peu de P-gp dans leurs cellules.

Gare au mercure

En 2014, un article du magazine Consumer reports s’est intéressé aux recommandations pour la consommation hebdomadaire de thon, en raison du risque d’exposition au mercure. Le mercure est toxique pour le cerveau et le système nerveux, en particulier pour les fœtus et les jeunes enfants (problèmes de coordination motrice, de sommeil, ou de langage).

D'après cette association de consommateurs, les femmes enceintes ne devraient pas consommer de thon du tout ; les autres devraient réduire leur consommation de thon en boîte car « étant donné sa popularité et son contenu en mercure, le thon en boîte compte pour 28 % de l’exposition des Américains au mercure.» Le thon albacore, contenant plus de mercure, devrait être évité. Le thon listao, une espèce dont les stocks ne sont pas menacés peut être plus consommé, mais pas au-delà de 3 boîtes par semaine pour un adulte de 80 kg. Le thon germon (ou thon "blanc", apprécié pour sa chair) n'est pas évoqué mais sachez qu'il est encore plus contaminé que l'albacore.

La contamination du thon par le mercure s'explique par le fait qu'il se trouve au sommet d'une pyramide alimentaire. En effet, les plantes et petits animaux qui contiennent du mercure sont mangés par des poissons, eux-mêmes mangés par des poissons plus gros ; le mercure s'accumule dans les tissus de ces animaux. En bout de chaîne se trouve l'homme.

Voici les poissons et fruits de mer qui contiennent très peu  de mercure :  crevettes, coquilles Saint-Jacques, sardines, saumon sauvage et d’Alaska, huîtres et calmars. Parmi les produits de la mer ayant peu de mercure, on trouve par exemple le haddock, le colin, la sole, la truite, le maquereau d’Atlantique, le crabe. Les poissons à éviter à cause de leur forte teneur sont, entre autres, le requin, l’espadon, le flétan, le thon.

 Lire : Les bénéfices du poisson sont supérieurs aux méfaits du mercure


Plus on mange de poisson et plus on est contaminé

En 2014, des chercheurs du CDC aux Etats-Unis ont étudié l’association entre consommation de produits de la mer et concentration de mercure dans le sang chez des adultes américains. Pour cela, les chercheurs ont utilisé les données provenant de 10 673 adultes qui participaient à l’étude NHANES 2007-2010.

Chez les adultes mangeant des produits de la mer, la concentration de mercure dans le sang augmentait avec la fréquence de consommation de ces produits. 4,6 % des adultes avaient des concentrations de mercure dans le sang supérieures à 5,8 µg/L, qui représente le seuil critique pour les autorités sanitaires américaines. Quand ils se penchaient sur les résultats concernant des concentrations supérieures à 5,8 µg /L, les chercheurs ne trouvaient pas d’association avec la consommation de crevette ou de crabe ; en revanche, il y avait une association positive significative avec la consommation de poissons pouvant contenir du mercure, comme le thon et le saumon.

A noter cependant : le poisson n’est pas la seule source de contamination au mercure. Ce dernier se trouve aussi dans les amalgames dentaires, les cosmétiques, ou les vaccins...

 Lire : Mercure : le poisson n'est pas la principale source de contamination

Sources

Nicklisch SC, Rees SD, McGrath AP, Gökirmak T, Bonito LT, Vermeer LM, Cregger C, Loewen G, Sandin S, Chang G, Hamdoun A. Global marine pollutants inhibit P-glycoprotein: Environmental levels, inhibitory effects, and cocrystal structure. Sci Adv. 2016 Apr 15;2(4):e1600001. doi: 10.1126/sciadv.1600001.

Special report: Can eating the wrong fish put you at higher risk for mercury exposure? Consumer Reports. Août 2014.

Samara Joy Nielsen, Brian K Kit, Yutaka Aoki, and Cynthia L Ogden. Seafood consumption and blood mercury concentrations in adults aged ≥20 y, 2007–2010 Am J Clin Nutr 2014 ajcn.077081; First published online February 12, 2014. doi:10.3945/ajcn.113.077081

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