Dormir pour prévenir Alzheimer

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 16/03/2017 Mis à jour le 29/06/2023
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Comme l’alimentation, l’exercice et la gestion du stress, le sommeil joue un rôle important dans la prévention des démences.

Sommeil et maladie d'Alzheimer

En France, environ 900 000 personnes sont atteintes par la maladie d‘Alzheimer. Cette pathologie se caractérise par des niveaux élevés dans le cerveau d’une substance protéique appelée β-amyloïde, qui forme des plaques.

Or les chercheurs pensent qu’en dormant mieux, on pourrait éliminer cette substance et réduire le risque d’Alzheimer. En effet, les patients Alzheimer souffrent souvent de problèmes de sommeil. Le sommeil est même parfois altéré avant l’apparition de la maladie, comme le signalent certains témoignages des Premiers survivants d'Alzheimer. Ainsi, Kristin raconte : "Comme je vivais et travaillais dans des environnements difficiles et stressants, je me vantais de ne pas avoir besoin de dormir, typiquement 3 à 4 heures. Je restais souvent debout toute la nuit pour respecter les délais. Je mangeais ce qui me convenait et ce n’était généralement pas bon pour moi."

Lire : Faire la sieste permettrait de préserver des fonctions cognitives

Différentes recherches scientifiques se sont intéressées au lien entre le manque de sommeil et le risque de développer des démences. Des études d’observation montrent qu’une durée de sommeil trop longue ou trop courte est associée à un risque accru de déclin cognitif et de démence.

Le lien entre les problèmes de sommeil et démence

En 2021, des chercheurs de l’Inserm et de l’UCL (University College London) ont publié les résultats d’une étude menée auprès de 7 959 adultes britanniques pendant 25 ans. 521 personnes ont développé une démence.

L’étude a démarré en 1985, quand les participants avaient entre 35 et 55 ans. Ces volontaires ont répondu à des questionnaires sur leur sommeil. En 2012, certains ont porté une montre accéléromètre la nuit pour vérifier ces données.

Résultats : les personnes qui dorment moins de six heures par nuit entre 50 et 60 ans augmentent leur risque de démence de 20 à 40 %, par rapport à une dose « normale » de sommeil de sept heures. Entre 50 et 70 ans, une durée du sommeil trop courte persistante augmentait le risque de démence de 30 %.

D’autres travaux ont montré que les personnes dont le sommeil est fractionné ont un risque plus élevé de démences. Une étude néerlandaise a aussi trouvé qu’une seule nuit blanche augmente le niveau de β-amyloïde, mais qu’une bonne nuit le diminue de 6 %. L'explication ? Au cours des phases de sommeil profond, les cellules dégradent les plaques de β-amyloïde puis les débris de protéines sont relargués dans le liquide cérébro-spinal et évacués. Si le sommeil est perturbé, les cycles alternant sommeil profond et sommeil paradoxal sont bouleversés et ce processus de nettoyage est moins efficace : les plaques s’accumulent.

Structure du cerveau, sommeil et Alzheimer

Une étude parue en 2023 dans la revue Alzheimer's & Dementia a trouvé, indépendamment de la maladie d'Alzheimer, des altérations dans la structure et le fonctionnement du cerveau chez les personnes qui dorment mal.

339 adultes (âge moyen : 61 ans) ont subi une imagerie par résonance magnétique et ont répondu à des questions sur leur sommeil. Les chercheurs ont observé qu'une mauvaise qualité du sommeil était associée à un volume de matière grise et un métabolisme du glucose plus faibles dans les cortex orbitofrontal et cingulaire.

De plus, les zones cérébrales affectées par le manque de sommeil chevauchaient les zones sensibles à la maladie d'Alzheimer. Les auteurs en déduisent que "les troubles du sommeil peuvent être des éléments précoces et additifs qui rendent le cerveau plus vulnérable à la neurodégénérescence liée à la maladie d'Alzheimer." 

Prévenir Alzheimer en dormant mieux

Étant donné qu'un sommeil médiocre semble aggraver les changements cérébraux observés au début de la maladie d'Alzheimer, l'amélioration de sa qualité serait donc une stratégie pour prévenir la démence. D'ailleurs, le protocole RECODE mis au point par le Dr Dale Bredesen pour lutter contre la maladie d'Alzheimer insiste sur la qualité du sommeil.

Dans La fin d'Alzheimer, il recommande de s'approcher autant que possible des huit heures de sommeil par nuit, sans somnifères, et de traiter les problèmes d'apnée du sommeil. "Si vous vous réveillez parce que vous êtes stressé, ajoute le Dr Bredesen, essayez la méditation (notamment en utilisant une application à installer sur votre téléphone portable), ou pratiquez la cohérence cardiaque."

Pour trouver plus facilement le sommeil le soir, découvrez les 3 habitudes qui font s’endormir plus vite

Des livres pour aller plus loin : 14 Jours pour bien dormir, La fin d’Alzheimer

Références
  1. Lim MM, Gerstner JR, Holtzman DM. The sleep-wake cycle and Alzheimer's disease: what do we know? Neurodegener Dis Manag. 2014;4(5):351-62.
  2. Chen JC. Sleep duration, cognitive decline, and dementia risk in older women. Alzheimers. Dement. 2016 Jan;12(1):21-33. 

  3. Sabia et al. Association of sleep duration in middle and old age with incidence of dementia. Nature Communications. 2021.
  4. Stankeviciute et al. Differential effects of sleep on brain structure and metabolism at the preclinical stages of AD. Alzheimer's & Dementia. 2023.

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