Être petit augmenterait le risque de maladie coronarienne

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 16/04/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Des chercheurs ont utilisé une approche génétique pour montrer qu’il existe bel et bien une association inverse entre la taille d’un individu et le risque de maladie coronarienne

La taille d’une personne peut influencer sa santé à long terme et le risque de certaines maladies. Une nouvelle étude parue dans la revue New England Journal of Medicine confirme à partir d’une approche génétique que les personnes de taille plus petite ont un risque accru de maladie coronarienne.

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Les scientifiques connaissent le lien entre la taille d’une personne et la santé depuis les années 1950. Il a déjà été établi dans des études d’observation que les adultes de plus petite taille ont un risque accru de maladie coronarienne. Une taille plus petite a également été associée avec plusieurs facteurs de risque de maladie coronarienne comme la pression sanguine élevée, des niveaux élevés de cholestérol LDL et le diabète. Mais le mécanisme précis qui lie la taille et le risque coronarien est incertain. Les chercheurs ignorent si la taille influence la santé cardiaque ou s’il existe des facteurs externes comme la nutrition pendant l’enfance ou le statut socio-économique qui influencent l’association entre taille et maladie coronarienne.

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L’utilisation des variants génétiques qui déterminent une caractéristique fournit un moyen d’explorer la relation entre cette caractéristique et la maladie et d’identifier les mécanismes en jeu. « Le principal avantage de l’approche génétique est qu’elle réduit le risque de l’influence de facteurs de confusion connus ou inconnus – par exemple des facteurs démographiques, de style de vie, comportementaux ou socio-économiques- qui auraient un effet indépendant sur la taille et le risque de maladie coronarienne et pourraient donner lieu à une fausse association entre les deux facteurs » expliquent les auteurs.

Dans cette étude, les chercheurs ont donc choisi une approche génétique pour étudier l’association entre la taille (hauteur) et la maladie coronarienne, en utilisant 180 variants génétiques associés à la taille. Ils ont testé l’association entre un changement de taille génétiquement programmée de 6,5 cm et le risque de maladie coronarienne chez plus de 200 000 personnes avec ou sans maladie cardiaque. Les chercheurs ont également vérifié si la taille génétiquement programmée était associée avec des facteurs de risques cardiovasculaires connus.

Les résultats montrent qu’à chaque écart de taille génétiquement programmée de 6,5 cm, le risque de maladie coronarienne augmente de 13,5% pour la personne plus petite. « Nos résultats valident les résultats d’études d’observation montrant l’existence d’une association inverse entre la taille et le risque de maladie coronarienne »

Les chercheurs ont regardé l’influence de certains facteurs pour expliquer cette association. Ils se sont intéressés à 12 facteurs de risque tels que le poids, la pression sanguine ou le diabète. Ils ont déterminé que seuls le cholestérol LDL (« mauvais cholestérol ») et les triglycérides pouvaient expliquer une partie de l’association entre la taille d’une personne et le risque de maladie coronarienne. Mais cela n’explique que 30% de l’association.

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Les scientifiques proposent plusieurs hypothèses pour expliquer le lien entre la taille et le risque coronarien : d'abord, les personnes plus petites ont un diamètre des artères coronaires plus petit, elles peuvent donc plus facilement se boucher au fil du temps ; ensuite, les voies biologiques qui permettent la croissance osseuse et musculaire grâce à des hormones et des protéines – et qui donc influencent la taille – pourraient également être à l’origine d’une croissance cellulaire accrue au niveau de la paroi des artères et d’une inflammation (athérosclérose) ; enfin la troisième théorie est que le mode de vie ou les comportements des personnes pourraient être une conséquence de leur taille plus petite et donc influencer le risque de maladie coronarienne.

Cette étude n’a trouvé une association entre la taille et le risque de maladie coronarienne que chez les hommes, probablement parce que plus d’hommes ont participé à cette étude. Mais des études antérieures ont trouvé que l’association existait également chez les femmes .

Il faut cependant noter qu’être plus petit a ses avantages. Les recherches dans le passé ont montré que les personnes de grande taille avaient par exemple un risque accru de cancer, notamment parce que leur nombre de cellules dans le corps est plus élevé. Et statistiquement les gens plus petits auraient une espérance de vie plus grande…

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Source

Nelson CP, Hamby SE, Saleheen D, Hopewell JC, Zeng L, Assimes TL, Kanoni S, Willenborg C, Burgess S, Amouyel P, Anand S, Blankenberg S, Boehm BO, Clarke RJ, Collins R, Dedoussis G, Farrall M, Franks PW, Groop L, Hall AS, Hamsten A, Hengstenberg C, Hovingh GK, Ingelsson E, Kathiresan S, Kee F, König IR, Kooner J, Lehtimäki T, März W, McPherson R, Metspalu A, Nieminen MS, O'Donnell CJ, Palmer CN, Peters A, Perola M, Reilly MP, Ripatti S, Roberts R, Salomaa V, Shah SH, Schreiber S, Siegbahn A, Thorsteinsdottir U, Veronesi G, Wareham N, Willer CJ, Zalloua PA, Erdmann J, Deloukas P, Watkins H, Schunkert H, Danesh J, Thompson JR, Samani NJ; CARDIoGRAM+C4D Consortium. Genetically Determined Height and Coronary Artery Disease. N Engl J Med. 2015 Apr 8. [Epub ahead of print]

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