L'Europe revoit à la hausse les apports recommandés en vitamine D

Par Pierre Lombard Publié le 24/03/2016 Mis à jour le 09/11/2018
Actualité

L’Agence européenne des aliments recommande désormais 600 UI de vitamine D par jour.  2 ans plus tard, les autorités de santé françaises s'alignent enfin.

Au terme d'un rapport très complet (1), l'Agence européenne des aliments (EFSA) a établi des valeurs seuils d’apport en vitamine D afin d'améliorer la santé musculaire et osseuse. Elle n'a pas tenu compte d'autres bénéfices supposés de la vitamine D comme les maladies cardiovasculaires et cancers notamment.

L’agence recommande donc un apport journalier de 15 µg de vitamine D (600 UI) pour tout le monde (et 10 µg pour les nourrissons). Deux ans plus tard, fin 2018, l’Agence française de sécurité alimentaire (ANSES) lui emboîte enfin le pas, passant d'une recommandation de 5 µg à 15 µg (2).

Selon l’EFSA, cet apport permet à presque tous les européens d’atteindre un taux sanguin de 20 nanogrammes par litre minimum (équivalent à 50 nanomoles par litre). L’EFSA est une agence européenne indépendante fondée en 2002 par l’Union européenne “afin de constituer une source impartiale de conseils scientifiques et de communication sur les risques associés à l’alimentation”. Elle publie régulièrement depuis 2010 ses apports conseillés en nutriments. Vous pouvez consulter la liste de ses recommandations nutritionnelles ici (3).

Les recommandations en vitamine D des pays occidentaux

Les agences nationales de santé ont publié dès 1992 des apports journaliers recommandés/conseillés pour tous les nutriments indispensables, dont la vitamine D :

Apport recommandé (en microgramme/jour)

18-50 ans

+70 ans

IOM (USA) et Health Canada (2011)

15

20

Australie (2006)

5

15

ANSES (France, 2018)

ANSES (France, 2001)

ANSES (France, 1992)

15

5

12

 

10

EFSA (Europe, 2016)

15

20

Comme on peut le constater, en 2016, les recommandations vont de 5 µg à 15 µg pour les adultes. La différence peut être due au fait que les agences françaises et australiennes considèrent que "50 à 70% de la vitamine D est apportée par la synthèse cutanée endogène". Effectivement, la vitamine D est la seule ayant une double origine : par une synthèse solaire (dans la peau) ET par l’alimentation. Sûrement en raison de sa relative proximité à l’équateur (12ème au 33ème parallèle sud) l’agence australienne estime que les Australiens fabriquent suffisamment de vitamine D (sauf ceux à la peau foncée), et ce toute l’année. La France, elle, est située au nord du 42ème parallèle, autrement dit, les Français ne synthétisent pas ou peu de vitamine D entre octobre et avril. En hiver, la terre est inclinée vers l’extérieur, dans l’hémisphère nord, les rayons UV B arrivent alors de biais. Ils parcourent ainsi une plus grande distance dans l’atmosphère qu'en été, et presque aucun photon UVB ne parvient jusqu'à notre peau.

L'ANSES était passée d'une recommandation de 12 µg/jour en 1992 à 5 µg en 2001. De surcroît, sans explication, et à contre-courant des avis des scientifiques et des recommandations de l’époque. Heureusement, en 2018, elle a fait une rectification pour se mettre au diapason de l'EFSA.

A lire aussi : Presque tous les Européens manquent de vitamine D

Une recommandation européenne qui pourrait améliorer le statut des Français

Le rapport très complet de l’EFSA, semble donc être une avancée positive vers une amélioration future du statut en vitamine D des Européens. On peut ainsi imaginer que cet avis de l’EFSA conduise à la fois à une supplémentation plus systématique en hiver, mais aussi aux Français à s'exposer plus souvent au soleil (surtout les personnes à peau foncée). De même, cette recommandation pourrait permettre de trouver 3 fois plus de vitamine D dans les aliments portant la mention “source de vitamine D” (15% des AJR), ou “riche en vitamine D” (30% des AJR). 

Malgré tout, certains experts pensent que l'EFSA reste encore trop timide et que le taux de vitamine D dans le sang qui sert de base aux nouveaux apports est trop bas. Il ne permettrait pas de prévenir les maladies cardiovasculaires et de nombreux cancers. Les agences nationales, pas plus que l’EFSA, n'ont tenu compte de ces critères car ils sont fondés sur des études d'observation. Bien que dans ces études les personnes qui ont le plus de vitamine D ont moins de cancers, il s'agit d'une association ne permettant pas de conclure à un lien de cause à effet. On peut penser en effet que les personnes en mauvaise santé (malades ou en surpoids) sortent moins de chez elles, donc s'exposent moins au soleil, avec pour conséquence un taux de vitamine D sanguin plus faible. Ce qui pourrait expliquer pourquoi les vertus supposées de la vitamine D ne sont pas toujours confirmées dans les essais cliniques. 

Vous pouvez consulter les teneurs en vitamine D (en µg/100 g) des aliments les plus riches ici. Comme vous pourrez le constater, même en mangeant du poisson chaque jour, il semble difficile d’atteindre 15 µg par jour. LaNutrition.fr recommande de s'exposer au soleil entre avril à septembre 2 à 3 fois par semaine, 15 à 30 minutes par jour. Mais même en s’exposant au soleil en été, les stocks de vitamine D sont généralement épuisés dès le mois de novembre. Voilà pourquoi il est nécessaire pour la plupart des gens de prendre un supplément de vitamine D3 d'octobre à avril sous forme de médicament prescrit par le médecin, ou sous forme de complément alimentaire. 

Pour plus d'informations sur la vitamine D, lire Vitamine D mode d'emploi, du Dr Brigitte Houssin (lire un extrait ICI >>)

Références : 
(1)  http://www.efsa.europa.eu/sites/default/files/consultation/160321.pdf 
(2)  https://www.anses.fr/fr/content/vitamine-d 
(3) Lindqvist PG, Epstein E, Nielsen K, Landin-Olsson M, Ingvar C, Olsson H. Avoidance of sun exposure as a risk factor for major causes of death: a competing risk analysis of the Melanoma in Southern Sweden cohort. J Intern Med. 2016 Mar 16. doi: 10.1111/joim.12496.

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