L'hiver n'a pas toujours été la saison la plus meurtrière

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 05/11/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Aujourd'hui, on meurt plus en hiver. Mais ce n’a pas toujours été le cas.

Si ces dernières décennies l’hiver enregistre plus de décès que l'été, cela n’a pas toujours été ainsi dans l’Histoire. D’après Neil Cummins, de la London School of Economics, qui a étudié la mortalité en Europe sur 10 siècles, il fut des temps où l'été était plus meurtrier...

En France, d’après l’Insee, les personnes âgées meurent plus en hiver, notamment de suites de maladies respiratoires ou de chutes : le nombre de décès décroît de janvier à août, puis remonte à partir de septembre. Chez les moins de 35 ans, les décès surviennent plus en août et en juillet, surtout à cause d’accidents. Mais on peut se demander si ces variations de mortalité au fil des saisons sont récentes ou existaient déjà dans les siècles passés.

Neil Cummins s’est intéressé aux âges de décès de 121524 nobles européens entre 800 et 1800. En effet, il est plus facile d’avoir des informations précises sur les nobles que sur le reste de la population au Moyen-Age. Il a ainsi montré que l’espérance de vie des nobles a commencé à augmenter bien avant 1800 et la révolution industrielle : une augmentation marquée apparaît vers 1400 et ensuite vers 1650. Les régions du nord-ouest de l’Europe avaient une meilleure longévité que le reste de l’Europe, avant la révolution industrielle et la médecine moderne. Ceci pourrait être dû à des changements dans les comportements individuels, notamment en termes d’hygiène.

L'auteur s'est aussi penché sur la mortalité en fonction des saisons. Au 11e siècle, le premier siècle où les données étaient significatives, il y avait 118 personnes qui mouraient en été pour 100 qui mouraient en hiver. Au 14e siècle on atteignait un maximum de 153 décès en été pour 100 en hiver. Mais dans les années 1700 ce taux chutait à 89 décès en été pour 100 en hiver. Ensuite, l’été est resté une saison enregistrant moins de décès que l’hiver, avec 81 personnes décédées au 20e siècle en été pour 100 en hiver.

Plusieurs raisons peuvent expliquer la mortalité des étés dans ces siècles anciens. Tout d’abord les nobles devaient participer aux combats sur les champs de bataille, et ceux-ci pouvaient être plus fréquents en été qu'en hiver. Avant 1550, environ 30 % des hommes de la noblesse mouraient au combat, contre moins de 5 % après 1550.

L’autre raison, ce sont les grandes pandémies, comme la peste bubonique. La chaleur de l’été favorise les rats qui répandent la peste par les puces qu’ils transportent. La peste noire du 14e siècle a tué environ un tiers de la population européenne ; si les nobles pouvaient être un peu moins touchés que la population générale, la mortalité des femmes nobles restait plus élevée que celle de leurs homologues masculins.

Ensuite, avec le recul de la peste, le déclin de la violence et une armée qui s'est professionnalisée, l’été est devenu une saison où l’on meurt moins qu'en hiver. En même temps l’espérance de vie s'est allongée.

L'été est la saison où les taux de plusieurs micronutriments importants pour la santé sont les plus élevés comme la vitamine C, la vitamine B9, les caroténoïdes, les polyphénols (du fait de l'abondance de fruits et légumes) et bien sûr la vitamine D, qui interveint dans l'immunité innée et la santé cardiovasculaire. La vitamine D joue également un rôle dans la prévention de maladies épidémiques comme la grippe.

Lire : Pourquoi la grippe frappe en hiver

Neil Cummins. Longevity and the Rise of the West: Lifespans of the European Elite, 800-1800. London School of Economics & Political Science (LSE) - Department of Economic History. 16 septembre 2014

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