Un pouls élevé prédirait le diabète

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 01/06/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Plus le pouls au repos est rapide, plus le risque de décelopper un diabète est élevé

Une nouvelle étude parue dans la revue International Journal of Epidemiology suggère que la mesure de la fréquence cardiaque au repos pourrait permettre d’identifier les personnes les plus à risque de développer un diabète dans le futur. Avoir une fréquence cardiaque élevée serait en effet un facteur de risque de diabète.

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« Le diabète est une épidémie mondiale. D’après une projection, il y a aura 366 millions de personnes souffrant de diabète à travers le monde d’ici 2030 » expliquent les auteurs. « En Chine, 12% des adultes souffrent de diabète et 50% ont un pré-diabète, c’est-à-dire des niveaux de glucose dans le sang plus élevés que la normale mais pas encore suffisamment élevés pour poser un diagnostic de diabèteL’identification de facteurs de risque de développement d’un diabète ou pré-diabète est nécessaire pour mieux comprendre et prévenir cette épidémie ».

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Dans cette étude, les chercheurs ont mesuré la fréquence cardiaque au repos de 73 357 adultes qui ont été suivis pendant 4 années. Les auteurs ont ensuite combiné leurs résultats avec ceux d’études précédentes menées sur le sujet et ils ont réalisé une méta-analyse.

Pendant le suivi, les chercheurs ont enregistré 17 463 cas de pré-diabète et 4 649 cas de diabète. Ils ont remarqué que les fréquences cardiaques les plus élevées étaient positivement associées à un risque accru de développer un diabète. Ils ont également noté que les fréquences cardiaques rapides étaient associées à des anomalies de glycémie à jeûn et à une évolution de ces troubles de glycémie à jeûn vers un diabète.

« Nos résultats montrent que ceux qui ont une fréquence cardiaque au repos élevée ont un risque accru de diabète, pré-diabète et de conversion du pré-diabète vers le diabète. 10 battements supplémentaires par minute ont été associés à une augmentation du risque de diabète de 23%, semblable aux effets d’une augmentation de l’indice de masse corporelle de 3 kg par m2 » dit Xiang Gao, auteur de l’étude.

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L’étude présente quelques limites : tous les participants de l’étude appartiennent à la même société minière de charbon, la population étudiée ne peut donc pas être considérée comme représentative de la population générale. Les diagnostics de diabète et pré-diabète ont été posés à partir d’une seule mesure de la glycémie à jeûn.

Cependant, les chercheurs ont combiné leurs résultats avec ceux obtenus dans 7 études déjà publiées sur le même sujet et concernant 97 653 hommes et femmes. Les résultats de la méta-analyse confirment l’association entre la fréquence cardiaque et le risque de diabète : les personnes avec une fréquence cardiaque rapide ont 59% de risque en plus de développer un diabète que les personnes avec une fréquence cardiaque lente.

« Cela suggère qu’une fréquence cardiaque rapide pourrait être un nouveau marqueur pré-clinique ou facteur de risque du diabète ». Un marqueur de maladie indique un risque de développer la maladie, il n’y a pas de relation de cause à effet.

Les études utilisent en général les valeurs suivantes pour apprécier la fréquence au repos :

  • <68 battements par minute : pouls bas
  • 68–74 bpm : pouls modéré
  • 75–83 bpm : pouls modérément élevé
  • ≥84 bpm : pouls élevé

La fréquence cardiaque au repos est généralement considérée comme un marqueur de l’activité du système nerveux autonome. Le système nerveux sympathique appartient au système nerveux autonome et gère certaines fonctions automatiques de l’organisme comme les battements du cœur. « Et une augmentation de l’activité du système nerveux sympathique induit une résistance à l’insuline aigue et chronique » explique l’article. Plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer pourquoi une activation du système sympathique peut conduire à un risque accru de diabète. Un des mécanismes les plus importants pourrait être que l’activation sympathique provoque une vasoconstriction et diminue la circulation sanguine du muscle squelettique, entrainant l’altération de l’absorption du glucose dans le muscle squelettique. De plus, l’activation sympathique a été associée à de multiples facteurs de risque du diabète : sensibilité à l’insuline réduite, pression artérielle élevée, obésité, inflammation subclinique et syndrome métabolique.

Inversement, il est possible qu'un taux plus élevé de sucre dans le sang, à un niveau qui ne signe pas encore le diabète, accélère la fréquence cardiaque et prédise donc le risque ultérieur de diabète. A tout âge, il est cependant possible d'inverser ou de contrôler un prédiabète et un diabète par des mesures diététiques et l'exercice (endurance plus musculation). 

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Source

Wang L, Cui L, Wang Y, Vaidya A, Chen S, Zhang C, Zhu Y, Li D, Hu FB, Wu S, Gao X. Resting heart rate and the risk of developing impaired fasting glucose and diabetes: the Kailuan prospective study. Int J Epidemiol. 2015 May 22. pii: dyv079. [Epub ahead of print]

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