La qualité de l’odorat prédirait l'espérance de vie

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 07/10/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Les personnes qui ont de bons résultats aux tests olfactifs sont plus susceptibles d’être en vie 5 ans plus tard

Tester l’odorat de personnes âgées pourrait aider les médecins à prédire l’espérance de vie de leurs patients. C’est ce que suggère une étude parue dans Plos One qui montre que les personnes ayant une forte diminution ou une perte de l’odorat ont un risque de mortalité dans les 5 ans qui suivent 4 fois plus élevé que ceux qui ont un odorat « normal ».

Pour prédire le risque la mortalité, l’accent est souvent mis sur la maladie ou la fragilité des patients. Pourtant, l’olfaction est un biomarqueur qui pourrait donner une indication sur l’espérance de vie des patients car elle est liée à divers processus physiologiques.

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Des chercheurs de l’université de Chicago ont fait passer un test olfactif rapide à 3005 adultes appartenant au National Social Life, Health and Aging Project (NSHAP) et âgés de 57 à 85 ans. Les participants devaient identifier 5 odeurs distinctes : menthe poivrée, poisson, orange, rose et cuir.

Les résultats montrent que 5 ans plus tard, 39% des participants qui avaient l’odorat le moins développé (4 ou 5 erreurs) sont décédés, contre 19% pour ceux qui avaient une perte d’odorat modérée et seulement 10% chez les participants avec un bon odorat (0 ou 1 erreur). La mortalité chez les personnes anosmiques (perte ou forte diminution de l’odorat) était donc 4 fois plus élevée que chez les personnes normosmique (pas de trouble de l’odorat).

« La perte d’odorat ne cause pas directement la mort mais c’est un présage, un signe d’alerte que des dommages ont déjà eu lieu » dit le Pr Jayant Pinto, auteur de l’étude. « Nos résultats pourraient fournir un test clinique utile, un moyen rapide et peu coûteux d’identifier les patients les plus à risque »

Les chercheurs ne savent pas exactement comment la perte de l’odorat contribue à l’espérance de vie. Cependant, un bon sens de l’odorat dépendant en partie d’un renouvellement continu des cellules qui tapissent les parois du nez, les chercheurs supposent que la perte de la capacité à identifier les odeurs pourraient être le signal d’une diminution de la régénération ou de la réparation des cellules dans l’ensemble du corps.

Pour le Pr Pinto, « l’odorat est un sens un peu sous-estimé, il joue pourtant un rôle très important dans la vie de tous les jours. Mais nous ne voulons pas que les gens paniquent : un rhume, les allergies et les problèmes de sinus peuvent affecter le sens de l’odorat ».

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Source

Pinto JM, Wroblewski KE, Kern DW, Schumm LP, McClintock MK. Olfactory dysfunction predicts 5-year mortality in older adults. PLoS One. 2014 Oct 1;9(10):e107541. doi: 10.1371/journal.pone.0107541. eCollection 2014.

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