Comment la vitamine D protègerait du cancer et de l'infarctus

Par Pierre Lombard Publié le 27/04/2016 Mis à jour le 13/07/2017
Actualité

Les adolescents qui manquent de vitamine D ont un ADN insuffisamment méthylé, ce qui est associé au cancer, à l’athérosclérose, et au vieillissement.

La déficience en vitamine D, surtout durant la grossesse et pendant l’enfance et l’adolescence, est fortement suspectée de favoriser le développement des cancers, des maladies cardiovasculaires et auto-immunes. Mais peu d’études ont mis à jour un mécanisme permettant d’expliquer les effets bénéfiques de la vitamine D.
Dans cette nouvelle étude, publiée dans le journal PLOS ONE [1], les chercheurs ont mesuré le taux de vitamine D sanguin et le taux de méthylation de l’ADN chez 454 adolescents américains (entre 14 et 18 ans) en bonne santé.

La méthylation de l’ADN est un processus naturel similaire à une “inactivation”de l’ADN. Par exemple, les femmes ont deux chromosomes X, dont un est entièrement méthylé, il est donc “muet”. De nombreuses études rapportent un lien entre méthylation de l’ADN et santé. Une hyperméthylation de l’ADN augmente l’expression de gènes répresseurs de tumeurs, tandis qu’une hypométhylation augmente l’expression de gènes impliqués dans les cancers [2]. Un ADN plus méthylé protégerait également des maladies cardio-vasculaires [3], des maladies auto-immunes et du vieillissement [4].

Une déficience en vitamine D associée à un ADN moins méthylé

Dans cette étude, 99% des adolescents caucasiens (blancs) avaient un statut adéquat en vitamine D contre 34% des adolescents afro-américains (noirs). 66% des adolescents noirs étaient donc déficients en vitamine D. Fait surprenant, tous les adolescents noirs présentaient un taux de méthylation de l’ADN plus faible que leurs camarades blancs.

Simple association ou relation de cause à effet ?

Afin de s’assurer que cette association n’était pas due à d’autres facteurs. Les auteurs ont donné à 58 adolescents noirs déficients en vitamine D des doses variables de vitamine D à prendre pendant 4 mois. Résultats : plus les doses de vitamine D administrées étaient élevées, plus l’ADN des adolescents était méthylé.

La méthylation permettrait d'expliquer l'association observée entre déficience en vitamine D et maladies chroniques

La déficience en vitamine D, très fréquente chez les noirs vivant en Europe ou aux Etats-Unis pourrait également expliquer pourquoi ces populations sont plus à risque de maladies cardiovasculaires et de cancer. Évidemment, le milieu social, donc le mode de vie a également un rôle important. A noter que la déficience en vitamine D est très répandue en Europe et en Amérique du Nord, quelle que soit la couleur de la peau.

Lire : Le déficit en vitamine D touche fortement les Français

La vitamine D est-elle si importante ?  

La communauté scientifique est désormais presque certaine que les premiers Européens étaient noirs (il y a 45 000 ans) et que leur peau s’est éclaircie progressivement pour permettre à leur corps de mieux synthétiser la vitamine D. Cette adaptation s’est probablement faite par sélection naturelle, autrement dit, les ancêtres noirs vivant en Europe étaient probablement en moins bonne santé que leurs homologues à la peau plus claire, aboutissant petit à petit à une population à la peau de plus en plus blanche, d'autant plus qu'on se rapproche du pôle. Le même phénomène s’est également déroulé en Asie. Ce qui souligne le caractère très indispensable de la vitamine D. 

De plus, d’après les auteurs de l’étude, la méthylation de l’ADN favorisée par la vitamine D pourrait également fonctionner comme une “protection” contre les agents mutagènes et le stress oxydatif. D’après Zhu, qui a dirigé l’étude, le vitamine D régulerait l’expression de 3 à 5% du génôme humain, ce qui est considérable pour une simple vitamine.
Ces résultats font écho à de nombreuses études sur la vitamine D, comme celle faisant le lien entre vitamine D et cancer du sein, ou encore celle faisant le lien entre faible exposition au soleil et diminution de l’espérance de vie.

LaNutrition.fr vous conseille (hémisphère nord) :
- d’avril à octobre (printemps et été) : Il faudrait s'exposer au soleil le plus fréquemment possible torse-nu et ou jambes-nues, de préférence à la mi-journée, en évitant les expositions prolongées. 10 à 15 minutes suffisent généralement, un peu plus si vous avez la peau foncée (ou bronzée). Ne jamais aller jusqu'à la rougeur.
- d’octobre à avril : Selon les résultats d'un bilan sanguin fait avant l'hiver et l'ampleur du déficit éventuel constaté, il faudra envisager une supplémentation en vitamine D3 de l'ordre de 800 à 5000 UI/jour.

Pour plus d’informations sur la vitamine D, vous pouvez lire le livre Vitamine D mode d'emploi du Dr Houssin (lire un extrait ICI >>), ou notre article sur la vitamine D 


RÉFÉRENCES :

[1] Haidong Zhu, Jigar Bhagatwala, Ying Huang, Norman K. Pollock, Samip Parikh, Anas Raed, Bernard Gutin, Gregory A. Harshfield, Yanbin Dong. ” Race/Ethnicity-Specific Association of Vitamin D and Global DNA Methylation: Cross-Sectional and Interventional Findings” PLOS ONE, doi: 10.1371/journal.pone.0152849, published 6 April 2016.
[2]Craig, JM; Wong, NC (editor) (2011). Epigenetics: A Reference Manual. Caister Academic Press. ISBN 978-1-904455-88-2.
[3] Castro, R.; Rivera, I.; Struys, E.A.; Jansen, E.E.; Ravasco, P.; Camilo, M.E.; Blom, H.J.; Jakobs, C.; Tavares; de Almeida, T. (2003). "Increased homocysteine concentrations and S-adenosylhomocysteine concentrations and DNA hypomethylation in vascular disease".Clin Chem 49 (8): 1292–1296. doi:10.1373/49.8.1292.
[4]Gonzalo S (2010). "Epigenetic alterations in aging". Journal of Applied Physiology109 (2): 586–597. doi:10.1152/japplphysiol.00238.2010. PMC 2928596.PMID 20448029.

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