Le déficit en vitamine D associé à la schizophrénie

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 28/07/2014 Mis à jour le 10/12/2018
Actualité

Un déficit en vitamine D même avant la naissance augmente le risque de schizophrénie. 

Pourquoi c'est important

La schizophrénie est une maladie mentale dont les symptômes peuvent comprendre des délires, des hallucinations et des troubles cognitifs. Cette maladie touche environ 0,7% de la population mondiale. En France, 600 000 personnes sont concernées. La schizophrénie est généralement traitée avec des médicaments antipsychotiques. Il existe des facteurs de risque génétiques et environnementaux. Le lien entre les niveaux de vitamine D dans le sang et la schizophrénie intéresse les chercheurs notamment parce que cette maladie semble plus fréquente à des latitudes élevées et dans des régions à climats froids, où la vitamine D vient à manquer plus facilement. De la même façon, des études ont montré que le risque de schizophrénie était plus important chez les personnes nées en hiver ou au printemps.

Ce que disent les études

Dans une étude parue dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism., des chercheurs ont étudié le lien entre les niveaux de vitamine D dans le sang et la schizophrénie. Pour cela, ils se sont servis d'études d’observation qui mesuraient les niveaux de vitamine D dans le sang de patients schizophrènes. Ils en ont trouvé 19 qui portaient, en tout, sur 2804 adultes. Le déficit en vitamine D était défini par une concentration dans le sang inférieure à 20 ng/mL.

En analysant l'ensemble de ces résultats, les chercheurs ont montré que les personnes schizophrènes avaient des niveaux de vitamine D significativement plus bas que les témoins : la différence entre les niveaux de vitamine D des patients schizophrènes et des témoins était en moyenne de 5,91 ng/mL. De plus, les personnes avec un déficit en vitamine D étaient 2,16 fois plus souvent schizophrènes que celles qui avaient des niveaux suffisants. Enfin, 65 % des schizophrènes avaient un déficit en vitamine D.

Les auteurs avancent plusieurs hypothèses pour expliquer cette association. Tout d’abord, les patients schizophrènes ont tendance à passer moins de temps en extérieur. De plus, la consommation de médicaments antipsychotiques pourrait interagir avec la production de vitamine D dans la peau. Enfin, chez le rat, un déficit en vitamine D pendant la gestation affecte le métabolisme de la dopamine dans le cerveau en développement du foetus. Or la dopamine pourrait jouer un rôle dans le développement de la schizophrénie.

Une étude parue en décembre 2018 dans la revue Scientific Reports rapporte que, par rapport aux bébés qui naissent avec un niveau normal de vitamine D, ceux qui viennent au monde avec un déficit en vitamine D ont un risque accru de 44% de souffrir de schizophrénie à l’âge adulte. Pour obtenir ce résultat, les chercheurs ont analysé les concentrations sanguines en vitamine D de 1301 bébés nés entre 1981 et 2000 et qui ont développé une schizophrénie à l’âge adulte. Ils ont comparé les statut en vitamine D de ces enfants à ceux de 1301 enfants nés dans la même période mais qui n’ont pas développé la maladie.

Selon les chercheurs, en traitant le déficit en vitamine D très tôt dans la vie, il serait possible de prévenir certains cas de schizophrénie. Etant donné que lors de son développement le fœtus dépend des réserves maternelles en vitamine D, la supplémentation des femmes pendant la grossesse pour leur assurer un taux de vitamine D adéquat pourrait s’avérer aussi importante que celle en folates pour prévenir les malformations congénitales comme le spina bifida.

En pratique

La carence en vitamine D chez les femmes enceintes pourrait donc s'avérer un facteur de risque de la schizophrénie chez l’enfant à naître. Il est nécessaire cependant de mener des essais cliniques avant de faire des recommandations précises en matière de prévention de la schizophrénie.

De nombreuses études confirment que le statut en vitamine D doit être optimal pendant la grossesse tant pour la mère que l’enfant afin de prévenir certaines maladies (asthme, autisme, allergies...) et éviter des complications (pré-éclampsie, retard de croissance...). Il y a donc tout à gagner à faire évaluer son statut en vitamine D (par analyse de sang) dès lors que l'on souhaite concevoir un enfant.

Le Dr Brigitte Houssin, dans Vitamine D mode d’emploi estime que le taux souhaitable de vitamine D est de 40 à 45 ng/ml (100 à 112,5 nmol/l) et ne doit pas être inférieur à 30 ng/L (75nmol/L). Il faut pour cela, selon le taux de base (mesuré par dosage biologique) prendre 1500 à 3000 UI (38 à 75 µg) de vitamine D par jour, hors exposition solaire.

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