Le gouvernement au chevet de la fertilité

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 25/11/2008 Mis à jour le 15/02/2017
Face à la baisse inquiétante de la fertilité masculine constatée ces dernières années, la secrétaire d’Etat chargé de l’écologie réunit, ce mardi en colloque, experts et scientifiques. Objectif : mieux cerner les causes de cette hécatombe chez les spermatozoïdes et évaluer l’implication des principaux accusés, notamment des produits chimiques.

Les études se multiplient ces dernières années avec toujours les mêmes conclusions inquiétante : la fertilité masculine est en baisse. Des spermatozoïdes de moins en moins nombreux et de plus en plus paresseux, des malformations génitales de plus en plus fréquentes... Mais que font les autorités ? Elles se réunissent ce mardi 24 novembre dans le cadre d’un colloque organisé à Paris sur le thème « Environnement chimique, reproduction et développement de l’enfant ». Cette rencontre organisée par la secrétaire d’État chargée de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, doit permettre un partage d’expériences entre scientifiques européens.

Moitié moins de spermatozoïdes !

 

Et le problème prend une envergure internationale. Il y a deux mois, des chercheurs espagnols se sont penchés sur la fertilité de leurs jeunes compatriotes (1). Les chercheurs ont recruté 1239 jeunes hommes en bonne santé âgés entre 18 et 30 ans et ont mesuré la qualité de leur sperme grâce à trois critères : le volume, la motilité des spermatozoïdes et la concentration de ces derniers dans le sperme. Résultat : plus d’un jeune espagnol sur deux présente une concentration de spermatozoïde trop faible, ce qui affecte la fertilité.

Et la France ne semble pas en reste. En avril dernier des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) révélaient que nous aurions de plus en plus de difficulté à concevoir (2). En cause non seulement l’âge plus tardif des mamans mais aussi la qualité du sperme des futurs papas. D’après les auteurs, la concentration du sperme en spermatozoïdes aurait diminué de moitié au cours des cinquante dernières années. Les chercheurs prévoient un boom du recours aux techniques de procréation médicalement assistée.

Certaines métropoles seraient particulièrement touchées par ce phénomène. « En seulement 20 ans, les Parisiens ont perdu 40 % de leurs spermatozoïdes » s’inquiète Nathalie Kosciusko-Morizet.

Principaux accusés : les produits chimiques

 

Où chercher l’explication à cette fertilité en berne ? Entre autre du côté des produits chimiques. Bisphénol-A, phtalates, PCB, pesticides… tous ces composés que l’on retrouve dans notre environnement quotidien sont des perturbateurs endocriniens. Ils peuvent se loger dans les récepteurs aux hormones sexuelles et perturber leur fonctionnement.

Les effets pervers de ces produits sont pourtant connus depuis longtemps. Dès la fin des années 1990 le chercheur Frederick Vom Saal tirait la sonnette d’alarme sur les risques liés au bisphénol-A qui perturbe la reproduction (lire son interview).

Depuis certains pays comme le Canada ont pris des mesures pour interdire l’utilisation de ces composés. Que fera le gouvernement Français au chevet de la fertilité ? Peut-être une début de réponse avec ce colloque…

Lire aussi l'article "Papa, comment on fait les bébés ?"

(1) M. López-Teijón, M. Elbaile, J. G. Alvarez, Geographical differences in semen quality in a population of young healthy volunteers from the different regions of Spain. Andrologica, Volume 40 Issue 5, pages 318-328, published online : 12 Sep 2008

(2) H. Leridon and R. Slama “The impact of a decline in fecundity and of pregnancy postponement on final number of children and demand for assisted reproduction technology” Human Reproduction, Advance Access published on April 3, 2008 doi:10.1093/humrep/den106

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