Le poids de naissance influence les performances scolaires

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 09/12/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Les enfants qui naissent avec un poids de naissance plus faible seraient moins performants à l’école.

Les enfants qui naissent avec un poids de naissance plus faible ont un risque accru d’avoir des problèmes de santé -comme la détresse respiratoire ou les infections- dès le début de leur vie. Des chercheurs de l’Université de Floride et de la Northwestern University rapportent que ces problèmes de santé auxquels les bébés de plus faible poids de naissance doivent faire face pourraient expliquer l’association entre un poids de naissance plus faible et de moins bonnes performances scolaires chez ces enfants. Les résultats sont publiés dans le journal The American Economic Review.

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Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé une base de données comportant à la fois des informations sur la naissance et des résultats scolaires de 1,6 million d’enfants nés en Floride entre 1992 et 2002.  

Initialement, les chercheurs ont examiné uniquement les données sur les jumeaux (15 000 paires) qui ont généralement les mêmes conditions in utero et évoluent après la naissance dans le même contexte socio-économique et culturel. 53% des jumeaux naissent avec un faible poids de naissance, inférieur à 2,5 kg. Il y a cependant souvent un des 2 enfants plus lourd que l’autre, ce qui fait des naissances gémellaires une population d’étude très intéressante pour suivre les performances scolaires en fonction du poids de naissance. Les chercheurs ont remarqué que le jumeau le plus lourd avait généralement de meilleurs résultats aux tests cognitifs.

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Après avoir examiné les données sur les jumeaux, les chercheurs ont comparé leurs données avec les naissances uniques pour lesquelles les faibles poids de naissances (inférieur à 2,5 kg) ne concernent que 5,9% des enfants. Les chercheurs ont trouvé le même effet du poids de naissance sur les performances scolaires dans les 2 populations étudiées.

Les résultats montrent que plus le poids de naissance est élevé, meilleurs sont les résultats des enfants aux tests de lecture et de mathématique. Ces résultats sont vrais pour l’école élémentaire et le collège et ce, quelle que soit la qualité des établissements dans lesquels les enfants sont allés.

« Ces constatations restent vraies lorsque les facteurs socioéconomique et démographique sont similaires entre les familles des enfants » dit Jeffrey Roth, un des auteurs de l’étude. « Mais lorsque ces facteurs diffèrent, un poids de naissance plus élevé ne se traduit pas toujours par de meilleures performances à l’école ».

« Par exemple, les bébés avec un plus faible poids de naissance mais ayant des parents avec une très bonne instruction aura tendance à être plus performant à l’école qu’un enfant plus lourd à la naissance mais dont les parents ne sont pas allés au-delà du lycée ». « Le niveau d’éducation scolaire de la mère est un bon prédicteur de la réussite scolaire d’un enfant » poursuit Jeffrey Roth. « Mais lorsque les antécédents familiaux sont similaires, le poids de naissance joue un rôle important dans la prédiction de la performance scolaire future ».

Selon les chercheurs, nous avons souvent tendance à penser que les bonnes écoles sont des lieux où les enfants en difficulté reçoivent une attention particulière et que des enseignants motivés peuvent corriger des problèmes d’apprentissage. « Cette étude indique que ce n’est pas toujours le cas. Les bonnes écoles sont bonnes pour tout le monde mais même les meilleures écoles ne semblent pas pouvoir aider différemment les enfants qui partent avec des désavantages en ce qui concerne leur santé au début de leur vie  ».

« Il serait intéressant de savoir si la modification de certains facteurs (réduction du stress, amélioration de l’alimentation de la femme enceinte) qui sont associés à un poids de naissance plus élevé aurait un impact sur les performances cognitives » conclut David Figlio un des auteurs.

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Source

Figlio David, Jonathan Guryan, Krzysztof Karbownik, and Jeffrey Roth. 2014. "The Effects of Poor Neonatal Health on Children's Cognitive Development." American Economic Review, 104(12): 3921-55.

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