Les femmes qui mangent bio n'auraient pas moins de cancers

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 11/04/2014 Mis à jour le 10/03/2017
La consommation de produits bio ne réduirait pas le risque de cancer des femmes, sauf pour les lymphomes non-hodgkiniens.

L’agriculture biologique n’utilise pas de pesticides et limite les pollutions environnementales. Les aliments bio renferment très peu de résidus de pesticides, et ils ont souvent des teneurs élevés en phytonutriments. Ils diminuent aussi l'exposition aux antibiotiques. Cependant, des travaux récents ont trouvé que les consommateurs de bio n'étaient pas forcément moins exposés à des contaminants de l'environnement.

Lire : Même en mangeant sain et bio, on s'empoisonne aux phtalates et au bisphénol

Au final, quels sont les bénéfices pour la santé d'un régime bio ? Les études manquent. Mais une étude de l’université d’Oxford, parue dans le British Journal of Cancer, suggère qu'une alimentation bio a peu d'impact sur le risque de cancer.

Le cancer est dû à une prolifération anormale des cellules, chez qui le cycle cellulaire est déréglé. Des facteurs environnementaux, des produits chimiques, peuvent être à l’origine de cancers. C’est pourquoi de nombreuses personnes préfèrent manger des produits bio, dépourvus de pesticides.

Lire : Qui sont les consommateurs de bio ?

Pour savoir si la consommation de produits bio influençait le risque de cancer, les chercheurs ont utilisé une vaste étude prospective comprenant 623080 femmes de plus de 50 ans au Royaume-Uni. Au départ, 30 % des femmes ont dit pne jamais consommer de produits bio, 63 % ont dit en manger parfois, et 7 % habituellement/toujours.

Pendant les 9 ans de suivi, 53769 cas de cancers ont été recensés dans l'ensemble de la cohorte. La consommation de produits bio n’était pas associée à une réduction de l’incidence des cancers en général ; il n’y avait pas non plus de réduction des cancers des tissus mous ou du sein. En revanche, une petite réduction du risque de lymphome non-hodgkinien était observée ; ce cancer touche le système immunitaire.

Pour Tim Key, Professeur à l’université d’Oxford, un des auteurs de l’article, « Dans cette vaste étude de femmes d’âge moyen au Royaume-Uni, nous n’avons pas trouvé de preuve que le risque général de cancer d’une femme diminuait si elle mangeait des produits bio en général. »

L'analyse de LaNutrition.fr. Le cancer est une maladie complexe, multifactorielle, dans laquelle l'alimentation joue probablement un rôle important. Cependant, le type d'aliments qu'on ingère pourrait avoir plus d'importance que le fait que cet aliment soit bio ou pas. Un exemple classique est celui des galettes de céréales soufflées. Ces "aliments" qui sont présents dans les supermarchés se trouvent aussi dans les rayons bio. Il s'agit de produits qui élèvent fortement le sucre sanguin : leur index glycémique est très élevé. Or le fait de choisir ce type d'aliments en "bio" ne change rien aux dégâts que peuvent provoquer à long terme des pics élevés de glycémie et d'insuline : surpoids, diabète et probablement certains cancers. Moralité : on peut manger bio et malgré tout faire de mauvais choix alimentaires, même si en général les consommateurs de bio sont plus avertis. L'étude d'Oxford n'est pas suffisamment fine pour distinguer ces nuances. Mais il faudrait que les prochaines études prennent en compte la qualité globale de l'alimentation. LaNutrition.fr recommande de consommer préférentiellement certains aliments en bio. Dans les deux livres conso que nous avons réalisés (Le Bon choix au supermarché et Le Bon choix pour vos enfants), nous donnons la liste des fruits et légumes qu'il vaut mieux acheter bio.

Lire aussi : Vive polémique sur les avantages des produits bio

Source

K E Bradbury, A Balkwill, E A Spencer, A W Roddam, G K Reeves, J Green, T J Key, V Beral, K Pirie and The Million Women Study Collaborators. Organic food consumption and the incidence of cancer in a large prospective study of women in the United Kingdom. British Journal of Cancer. 27 March 2014. doi:10.1038/bjc.2014.148

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