Les suppléments d’huile de poisson seraient inefficaces dans l’arythmie cardiaque

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 15/10/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Une étude publiée dans le Journal of the American College of Cardiology ne trouve pas que des suppléments d'oméga-3 à dose élevée ont un bénéfice sur la fibrillation auriculaire.

La fibrillation auriculaire (FA) est une arythmie cardiaque dangereuse car elle peut être à l’origine de caillots susceptibles d'entraîner une embolie, pouvant conduire à un accident vasculaire cérébral (AVC). On pense généralement que les oméga-3 aident à lutter contre la fibrillation auriculaire, même si des études récentes ont donné des résultats contradictoires.

Maintenant, une étude canadienne sur 337 patients atteints de FA et participant à l'essai AFFORD vient de conclure que les suppléments d’oméga-3 (huile de poisson) n’ont pas d’effets sur la fibrillation auriculaire. Ces patients ont reçu pendant 271 jours en moyenne soit 4 grammes d'huile de poisson par jour (un dose très élevée) soit un placebo,.

Résultats : 64,1% des patients ayant reçu l'huile de poisson ont connu une récidive de la FA à comparer à 63,2% des personnes ayant pris le placebo. Les suppléments d'huile de poisson n'ont pas non plus permis de réduire l'inflammation ou les marqueurs de stress oxydatif.

Cette étude montre que des doses élevées d’oméga-3 sont sans effet sur la FA, ce qui ne signifie pas que les déficits en oméga-3 sont, eux, sans effet.

L’auteur principal de cette étude, le Dr Anil Nigam, cardiologue à l'Institut de Cardiologie de Montréal conseille aux patients d’adopter un régime alimentaire méditerranéen. Ce régime est riche en fruits et légumes frais ; il comprend des céréales, des légumes secs, des noix, du poisson, un peu de viande et de laitages, de l'huile d'olive. Il apporte des doses adéquates d’acides gras oméga-3, sous la forme d’acide alpha-linolénique (le précurseur, présent dans les noix, les légumes verts) et sous la forme d’EPA et DHA, les longues chaînes issues du précédent mais également présents dans le poisson.

Ces conseils qui rejoignent ceux donnés par le Dr Michel de Lorgeril, auteur de « Prévenir l’infarctus et l’AVC » (lire un extrait ICI  >>). Selon lui, la FA n’est pas une fatalité et on peut s’en protéger et même en guérir. Il ne serait donc jamais trop tard ! Il s’agit, dit-il, « des cas dans lesquels on n’a pas identifié une cause évidente de FA, par exemple une pathologie des valves auriculo-ventriculaires, une pathologie de la glande thyroïde…  Il y a des causes moins évidentes :  baisser son cholestérol avec une statine ; exposer son cœur à des efforts physiques trop intenses ; être déficitaire en oméga-3 ; boire trop d’alcool ; présenter une hypertension artérielle, une obésité, un diabète. »

Pour Michel de Lorgeril, « une équipe australienne a récemment montré que chez des patients obèses ou en surpoids présentant une FA symptomatique (donc gênante), l’adoption d’un mode de vie protecteur visant à perdre du poids et à corriger des désordres métaboliques variés avait entrainé une importante amélioration des symptômes dus à la FA et des signes de déstructuration cardiaque possiblement à l’origine de la FA. Je ne vais pas rentrer dans les détails de ce qu’ils appellent eux un « mode de vie protecteur » ; ça se rapproche un peu de ce que nous proposons mais pas vraiment ; peu importe, ce que ces travaux montrent pour la première fois de façon scientifiquement acceptable c’est que la FA est grandement dépendante du mode de vie ; c’est une information cruciale ! »

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