L’exposition aux phtalates pendant la grossesse diminuerait le QI des enfants

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 19/12/2014 Mis à jour le 10/03/2017
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Une nouvelle étude montre que l’exposition prénatale aux phtalates diminuerait le quotient intellectuel (QI) des enfants en âge scolaire

Les phtalates sont des plastifiants, des perturbateurs endocriniens auxquels nous sommes quotidiennement exposés. Une nouvelle étude parue dans le journal PLOS ONE rapporte que les enfants exposés in utero à des niveaux élevés de deux phtalates fréquemment trouvés dans les produits ménagers ont un quotient intellectuel (QI) inférieur de 6 points en moyenne par rapport à celui des enfants qui ont été moins exposés à ces produits chimiques.

Les deux produits en question – di-n-butyl-phtalate (DnBP) et di-isobutyl-phtalate (DiBP)- sont présents dans une grande variété de produits de consommation allant des plastiques ménagers aux feuilles d’assouplissant, aux vernis à ongles, rouges à lèvres et même certains savons.

Lire : des substances toxiques détectées dans les jouets

Si certains phtalates ont été interdits dans les jouets et articles de puériculture, peu de mesures ont été prises pour protéger le fœtus in utero. Notamment, en alertant les femmes enceintes des dangers potentiels liés à l’exposition aux phtalates.

Lire : grossesse, l'exposition aux phtalates conduirait à des complications

Des études précédentes ont montré une association inverse entre l’exposition aux phtalates des femmes enceintes et le développement mental et moteur des enfants en âge préscolaire.

Pour en savoir plus sur les phtalates et leurs effets, lire  Sang pour sang toxique du Pr Jean-François Narbonne (lire un extrait ICI >>)

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont voulu vérifier si cette association persistait à l’âge scolaire.

Les chercheurs ont donc suivi 328 femmes et leurs enfants issus d’une population à faibles revenus. Ils ont évalué l’exposition des femmes à 4 phtalates - di-n-butyl-phtalate, di-isobutyl-phtalate, di-2-ethyl-hexyl-phtalate et diéthyl-phtalate- dans le troisième trimestre de la grossesse en mesurant les métabolites de ces produits chimiques dans les urines. Les enfants ont passé des tests de QI à l’âge de 7 ans.

Les résultats montrent que le QI des enfants est inversement associé aux concentrations urinaires des métabolites du DnBP et DiBP, notamment en ce qui concerne la vitesse de traitement, le raisonnement perceptif et la mémoire de travail.

Les enfants des mères ayant dans leurs urines les concentrations en métabolites de DnBP et DiBP les plus élevées (groupe des 25% des concentrations les plus élevées) ont un QI inférieur de 6,7 et 7,6 points respectivement à celui des enfants des mères ayant les concentrations en métabolites de DnBP et DiBP les plus faibles (groupe des 25% des concentrations les plus faibles). Les facteurs tels que le QI de la mère, son niveau d’éducation et la qualité de l’environnement à la maison, connus pour influencer le score des enfants aux tests de QI, ont été pris en compte.

« L’ampleur de ces différences de QI est troublante. Une diminution de 6 ou 7 points dans un score de QI pourrait avoir des conséquences importantes sur la réussite scolaire et le potentiel professionnel » dit Robin Whyatt, un des auteurs

« Les femmes enceintes sont exposés aux phtalates quasi-quotidiennement, beaucoup à des niveaux similaires à ceux pour lesquels nous avons trouvé une association avec une réduction substantielle du QI des enfants » dit Pam Factor-Litvak, auteure de l’étude.

Evidemment, de nos jours il est impossible d’éviter totalement l’exposition aux phtalates. Mais les femmes enceintes peuvent limiter leur exposition. Les chercheurs leur recommandent ainsi de ne pas utiliser de contenants en plastique pour réchauffer ou cuire les aliments, d’éviter les produits parfumés comme les désodorisants autant que possible et de ne pas utiliser les plastiques recyclables identifiés par les numéros 3, 6 ou 7 (PVC, Polystyrène et autres plastiques type polycarbonate).

Lire : bisphénol A et phtalates : oubliez les emballages plastiques

Comment les phtalates affectent-ils la santé des enfants ? De nombreuses études montrent que les phtalates perturbent l’action des hormones, ce sont des perturbateurs endocriniens. L’inflammation et le stress oxydant pourrait également jouer un rôle.

Pour aller plus loin, lire le livre de Magali Walkowicz : Le guide alimentaire de la future maman

Références
  1. Pam Factor-Litvak, Beverly Insel, Antonia M. Calafat, Xinhua Liu, Frederica Perera, Virginia A. Rauh, Robin M. Whyatt. Persistent Associations between Maternal Prenatal Exposure to Phthalates on Child IQ at Age 7 Years. PLoS ONE, 2014; 9 (12): e114003 DOI: 10.1371/journal.pone.0114003

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