L’ultramarathon, une pratique toxique pour l'organisme

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 18/06/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Les sports d’endurance extrême conduiraient à la fuite d’endotoxines provenant de l’intestin, à une inflammation systémique et un « empoisonnement » du sang.

Ultramarathon, ultratrail, "Diagonale des fous" à la Réunion... Ces courses vont bien au-delà du traditionnel marathon. D’après une étude portant sur des coureurs d’ultramarathon parue Journal of Sports Medicine, ces épreuves extrêmes entraînerait la fuite d’endotoxines intestinales dans le sang, ce qui provoquerait un état proche de la septicémie. Mais un entraînement adapté pourrait atténuer ces graves conséquences.

Qu’il s’agisse des ultra-marathons (courses plus longues qu’un marathon), sur 24 h, ou sur plusieurs jours consécutifs (comme pour l'épreuve réunionnaise), les courses d’endurance extrême sont de plus en plus populaires. En témoignent le nombre de participants inscrits à ces événements et ceux qui patientent en liste d'attente. Les conséquences pour la santé de ces sports d'endurance extrême suscitent des interrogations.

Lire : L'excès de sports d'endurance est dangereux pour le coeur

Ici, des chercheurs australiens de l’université Monash ont suivi 17 coureurs participant à un ultra-marathon de 24 h. La distance parcourue était de 122 à 208 km, dans des conditions de température ambiante de 0 à 20 °C, en terrain montagneux. Des échantillons de sang ont été prélevés avant et après la course et comparés à un groupe témoin.

Les chercheurs ont observé une élévation des endotoxines dans le sang après la compétition. Cet exercice sur une période prolongée causerait donc un changement dans la paroi intestinale, permettant aux bactéries intestinales (endotoxines) de fuir dans le sang. Des symptômes gastro-intestinaux étaient rapportés par 75 % des coureurs.

La présence d'endotoxines dans le sang favorisait une réponse inflammatoire systémique de l’organisme, avec des cytokines pro-inflammatoires, mais aussi des molécules anti-inflammatoires pour compenser. Dans des cas extrêmes, cela conduirait à une septicémie induite par une réponse inflammatoire systémique, une situation qui peut être fatale si elle n’est pas diagnostiquée et traitée rapidement. Avec des niveaux élevés d’endotoxines dans le sang, la réponse du système immunitaire peut être bien plus grande que l’effet protecteur de l’organisme.

L’étude a aussi montré que les coureurs qui suivent un programme d’entraînement régulier pour se préparer à de tels événements extrêmes développent des mécanismes immunitaires pour contre-balancer ces effets néfastes : les personnes en meilleure santé physique et mieux entraînées sur une longue période avaient des niveaux plus élevés d’interleukine-10, un agent anti-inflammatoire, ce qui leur a permis de calmer la réponse immunitaire. Mais ceux qui prennent part à ces épreuves d’endurance extrême, en particulier dans la chaleur et avec trop peu d’entraînement, placent leur organisme sous une pression énorme.

D’après Ricardo Costa, auteur de l’article, « Presque tous les participants dans notre étude avaient des marqueurs sanguins identiques à des patients admis à l’hôpital avec une septicémie. » Aussi, il est recommandé, avant de s’engager dans de telles épreuves, de faire un bilan de santé et de suivre un programme d’entraînement progressif.

2 guides pour aller plus loin : Nutrition de l'endurance et Courir léger ( lire un extrait ICI >>)

Source

Gill SK, Hankey J, Wright A, Marczak S, Hemming K, Allerton DM, Ansley-Robson P, Costa RJ. The Impact of a 24-h Ultra-Marathon on Circulatory Endotoxin and Cytokine Profile. Int J Sports Med. 2015 May 5.

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