Maladies auto-immunes : la piste du mercure

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 17/02/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Chez les femmes en âge d’avoir des enfants, l’exposition au mercure est associée à un marqueur important du risque de maladies auto-immunes

Les maladies auto-immunes dans lesquelles le système immunitaire d’une personne s’attaque à son propre corps affectent plusieurs millions de personnes en France, et majoritairement des femmes. Une nouvelle étude parue dans le journal Environmental Health Perspectives rapporte que chez les femmes en âge de procréer, l’exposition au mercure, même à de faibles niveaux généralement considérés comme sûrs, est associée à un des plus importants facteurs de risque de l’auto-immunité.

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En règle générale, le système immunitaire défend l’organisme des agressions extérieures et tolère ses propres constituants. Les maladies auto-immunes surviennent quand cette tolérance s’arrête. Le système immunitaire provoque alors des lésions tissulaires ou cellulaires. Les maladies auto-immunes évoluent de façon chronique avec des phases de poussées et d’accalmie.

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« Les maladies auto-immunes figurent parmi les 10 principales causes de décès chez les femmes » expliquent les auteurs. « Presque toutes les maladies auto-immunes touchent plus les femmes que les hommes (ratio de 9 :1) et surviennent plus particulièrement au milieu de l’âge adulte ».

« Nous ne savons pas très bien pourquoi certaines personnes développent des maladies auto-immunes » dit le Dr Emily Somers, auteure principale de l’étude. « De nombreux cas ne sont pas expliqués par la génétique, nous pensons donc qu’étudier des facteurs environnementaux nous aidera à comprendre pourquoi l’auto-immunité apparait et comment nous pourrions intervenir pour améliorer les résultats de santé ». « Dans notre étude, l’exposition au mercure s’est imposée comme le principal facteur de risque de l’auto-immunité ».

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Dans cette étude, les chercheurs ont analysé les données concernant 1352 femmes âgées de 16 à 49 ans appartenant à l’étude National Health and Nutrition Examination Survey de 1999 à 2004. Les auteurs ont étudié l’association entre l’exposition au mercure déterminée à partir de 3 biomarqueurs (cheveux, sang, urine) et la présence d’anticorps antinucléaires considérés comme des précurseurs de la maladie auto-immune

Les résultats montrent qu’une plus grande exposition au mercure est associée à un taux plus élevé d’auto-anticorps (ou anticorps antinucléaires). La plupart des maladies auto-immunes sont caractérisées par des auto-anticorps, des protéines produites par le système immunitaire d’une personne quand celui-ci n’arrive pas à distinguer ses propres tissus des cellules potentiellement nocives.

« La présence d’auto-anticorps ne signifie pas nécessairement qu’ils conduiront à une maladie auto-immune » indique le Dr Somers. « Cependant, nous savons que les auto-anticorps sont des prédicteurs significatifs d’une maladie auto-immune future et qu’ils peuvent précéder les symptômes et le diagnostic d’une maladie auto-immune plus tard ».

La Food and Drug Administration (FDA) et l’Environmental Protection Agency (EPA) indiquent que les femmes enceintes peuvent manger en toute sécurité environ 340 grammes de fruits de mer par semaine. Les auteurs recommandent aux femmes en âge de procréer, particulièrement à risque de développer ce type de maladie, de sélectionner le type de poissons et fruits de mer qu’elles consomment.

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Il faut cependant mentionner qu’une étude antérieure a montré que le poisson et les fruits de mer ne sont pas la principale source de contamination au mercure.

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Selon de très nombreux témoignages, le régime alimentaire Seignalet (sans gluten, sans laitages) a été utilisé avec succès dans des maladies auto-immunes.

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Source

Somers EC, Ganser MA, Warren JS, Basu N, Wang L, Zick SM, Park SK. Mercury Exposure and Antinuclear Antibodies among Females of Reproductive Age in the United States: NHANES. Environ Health Perspect. 2015 Feb 10. [Epub ahead of print]

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