Moins de dépression chez les femmes qui mangent du poisson

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 25/04/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Les femmes qui mangent du poisson plus de deux fois par semaine diminuent de 25% le risque de dépression

Et si manger régulièrement du poisson, riche en acides gras oméga-3, avait un effet bénéfique à long terme sur notre santé mentale? C’est ce que suggère une étude parue dans la revue American Journal of Epidemiology (1). Contrairement aux études précédentes sur le sujet, celle-ci est originale pour deux raisons : elle est réalisée sur une période de 5 ans et elle utilise un outil de diagnostic pour caractériser l’état de dépression.

La dépression est la maladie psychique la plus courante. Elle touche près de 3 millions de personnes en France et les femmes sont 2 fois plus atteintes que les hommes. La consommation d’antidépresseurs en France est une des plus importantes au monde, toute prévention nutritionnelle de la dépression représente une alternative intéressante pour les personnes à risque.

Lire :  Le régime antidéprime

Cette étude longitudinale a commencé en 2004. Sur une période de 2 ans, 1386 adultes australiens (853 femmes et 533 hommes) âgés de 26 à 36 ans ont répondu à un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires. Sur les 127 questions, 9 portaient sur leur consommation de poisson. Pendant la période 2009-2011, les éventuels épisodes de dépression ont été déterminés lors d’entretiens téléphoniques en utilisant le CIDI (Composite International Diagnostic Interview) qui est un outil complet et normalisé utilisé pour évaluer les troubles mentaux.

Les épisodes de dépression majeure ou de dysthymie (dépression chronique mineure qui peut durer très longtemps) ont été déterminés grâce au Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fourth Edition.

Les résultats montrent que 160 femmes (18,8%) et 70 hommes (13,1%) ont vécu des périodes de dépression pendant le suivi. Pour les femmes, la consommation d’une portion supplémentaire de poisson par semaine est associée à une diminution de 6% du risque de nouvel épisode dépressif. Les femmes qui mangent du poisson plus de 2 fois par semaine au début de l’étude ont 25% de risque en moins de faire une dépression par rapport à celles qui mangent du poisson moins de 2 fois par semaine.

En revanche, aucune association n’a été trouvée chez les hommes entre la consommation de poisson et le risque de dépression. Le fait que l’étude ne différencie pas le type de poissons consommés (plus ou moins riches en acides gras oméga-3) est une des explications avancées par les auteurs. Une possible interaction entre les hormones sexuelles et les acides gras oméga-3 pourrait en être une autre.

Si cette étude confirme les résultats d’études menées sur l’association entre une consommation élevée d’oméga-3 et le faible taux de dépression (2), il faut quand même noter que certaines études n’ont trouvé aucune association (3), d’autres uniquement chez les hommes.

Lire : Manque de poisson=dépression

Sources

(1) Smith K. ongitudinal Associations Between Fish Consumption and Depression in Young Adults. Am. J. Epidemiol. (2014) doi: 10.1093/aje/kwu050 First published online: April 15, 2014

(2) Hibbeln, Joseph R. Fish consumption and major depression. The Lancet, Vol. 351, April 18, 1998, p. 1213

(3) Suominen-Taipale AL. Fish consumption and polyunsaturated fatty acids in relation to psychological distress.  Int J Epidemiol 2010 Apr;39(2):494-503.

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