Plus de potassium contre les maladies cardiovasculaires

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 23/11/2011 Mis à jour le 16/09/2022
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Nos apports alimentaires en sodium et en potassium influencent le risque de maladies cardiovasculaires.

Une consommation élevée de sel favorise une pression artérielle élevée et un risque accru de crises cardiaques et d'AVC, d’où l’intérêt de limiter sa consommation de sel. Inversement, les apports en potassium sont favorables à la santé cardiovasculaire, comme le montrent différentes recherches.

Plus de maladies cardiovasculaires si on manque de potassium

Des travaux parus en 2011 ont montré que l’excès de calcium et le déficit de potassium pouvaient augmenter le risque cardiovasculaire.

Cette large étude menée sur 28 880 personnes a examiné leur excrétion urinaire de sodium et de potassium entre novembre 2001 et mars 2008, l'excrétion urinaire étant un témoin fiable et direct de l'apport alimentaire. Les chercheurs ont ensuite comparé ces données avec la mortalité et le nombre d'événements cardiovasculaires survenus pendant cette période.

L'excrétion moyenne de sodium quotidienne (reflet de la consommation habituelle) au cours de cette étude était de 4,77 g contre seulement 2,19 g de potassium. En mars 2008, 2057 personnes étaient mortes suite à un problème cardiovasculaire, 1412 ont eu une insuffisance cardiaque, 1282 ont eu un accident vasculaire cérébral et 1213 ont été hospitalisés pour infarctus du myocarde.

Au terme de l'étude les chercheurs ont constaté que la survenue d'un événement cardiaque était en lien direct avec l'excrétion de sodium, en suivant une courbe sous forme de J : une excrétion de sodium située entre 4 et 6 g par jour offrant le plus faible risque, les valeurs au delà de 7 g ou en-dessous de 3 g augmentant le risque de troubles cardiaques ou de décès. Par ailleurs, une excrétion élevée de potassium (reflétant un apport élevé) semble protéger du risque d'accident vasculaire cérébral. Ce lien a déjà été vérifié dans d'autres études.

Du potassium pour la santé cardiovasculaire des femmes

Une étude parue en juillet 2022 révèle qu’une alimentation riche en potassium permet de baisser la pression artérielle, en particulier chez les femmes ayant un apport élevé en sel.

L'étude a inclus 24 963 personnes (11 267 hommes et 13 696 femmes) recrutées dans le Norfolk, au Royaume-Uni, entre 1993 et 1997. L'âge moyen était de 59 ans pour les hommes et de 58 ans pour les femmes. Les participants ont été divisés en trois groupes selon leurs apports en sodium (faible/moyen/élevé) et en potassium (faible/moyen/élevé). Les participants ont été suivis sur une durée médiane de 19,5 ans.

Résultats : les femmes qui consommaient le plus de potassium réduisaient leur tension artérielle, alors que cet effet ne se retrouvait pas chez les hommes. Chez les femmes ayant un apport élevé en sodium, chaque augmentation de 1 g de potassium quotidien était associée à une baisse de 2,4 mmHg de la pression artérielle systolique.

Dans l'ensemble, les personnes qui avaient le plus d’apports en potassium réduisaient de 13 % leur risque d'événements cardiovasculaires, par rapport à celles qui consommaient le moins de potassium.

Le potassium aide le corps à excréter plus de sodium dans l'urine

D’après le professeur Liffert Vogt, un des auteurs de l’étude, « Le potassium aide le corps à excréter plus de sodium dans l'urine. » Il ajoute : « Les résultats suggèrent que le potassium aide à préserver la santé cardiaque, mais que les femmes en bénéficient plus que les hommes. »

Moins de potassium = des artères plus rigides

Comment expliquer le rôle du potassium sur la santé cardiovasculaire ? Des recherches sur des modèles animaux ont montré que le minéral agit directement dur les artères dont il réduit la calcification et la rigidité.

Ainsi, dans une étude parue dans JCI Insight, les chercheurs l’université d’Alabama ont travaillé in vivo chez des rongeurs. Ils ont utilisé un modèle de souris déficiente en apoliprotéine E, qui est plus susceptible de développer des maladies cardiovasculaires. Les souris ont été nourries avec un régime contenant des quantités faibles (0,3 %), normales (0,7 %) ou élevées (2,1 %) de potassium alimentaire.

Résultats : les souris en déficit de potassium avaient plus de calcifications dans les artères et une aorte plus rigide. À l’inverse, les souris qui suivaient un régime riche en potassium avaient moins de calcifications. Le manque de potassium alimentaire favorise donc l’athérosclérose et la rigidité des artères, alors qu’une alimentation riche en potassium atténue la calcification et la rigidité des artères.

Quand les chercheurs ont regardé des coupes d’artères en culture exposées à trois concentrations différentes de potassium, ils ont trouvé un effet direct du potassium sur la calcification des artères. Paul Sanders, professeur de néphrologie et un des auteurs de l’étude a expliqué dans un communiqué que les résultats « démontrent le bénéfice d'une complémentation en potassium adéquate sur la prévention de la calcification vasculaire chez les souris sujettes à l'athérosclérose, et l'effet néfaste d'une faible consommation de potassium. »

Les chercheurs ont aussi testé le potassium directement sur des cultures de cellules musculaires de vaisseaux sanguins. Le manque de potassium favorisait l’expression de gènes caractéristiques de cellules osseuses et réduisait l’expression de gènes typiques des cellules musculaires lisses des vaisseaux : les cellules musculaires des vaisseaux avaient tendance à ressembler à des cellules osseuses si elles n’avaient pas assez de potassium ! De plus, dans la cellule, le milieu faible en potassium élevait le niveau de calcium des cellules musculaires des vaisseaux. Par conséquent, un déficit en potassium favorise des artères calcifiées et dures.

En pratique

L'OMS recommande aux adultes de consommer au moins 3,5 g de potassium et moins de 2 g de sodium (5 g de sel) par jour. Les aliments riches en potassium sont les légumes, fruits, noix, haricots, produits laitiers et poissons. Une banane de 115 g contient 375 mg de potassium, 154 g de saumon cuit en contient 780 mg et une pomme de terre de 136 g en contient 500 mg.

Lire notre dossier sur le sodium et le potassium

Les sources principales de sodium dans notre alimentation sont les plats préparés et produits industriels riches en sels ainsi que le sel de table.

Ces résultats vont dans le sens de ce qu'affirme le docteur Michel de Lorgeril : Les infarctus et les AVC peuvent être éradiqués.

Références :
O'Donnell MJ, Yusuf S, Mente A, Gao P, Mann JF, Teo K, McQueen M, Sleight P, Sharma AM, Dans A, Probstfield J, Schmieder RE. Urinary sodium and potassium excretion and risk of cardiovascular events. JAMA. 2011 Nov 23;306(20):2229-38.
Sun et al. Dietary potassium regulates vascular calcification and arterial stiffness. JCI insight. 2017.
Wouda et al. Sex-specific associations between potassium intake, blood pressure, and cardiovascular outcomes: the EPIC-Norfolk study. European Heart Journal. 21 juillet 2022.

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