Nous pouvons entrainer notre cerveau à préférer la nourriture saine

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 10/09/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Selon une étude américaine, le cerveau peut être éduqué à préférer la nourriture saine plutôt que des aliments hautement caloriques, en suivant un régime qui permet d’atteindre la satiété

Même si elles sont déjà bien établies, il est possible de modifier les addictions alimentaires, notamment lorsqu’elles concernent les aliments sucrés et caloriques. D’après une étude pilote parue dans Nutrition&Diabetes, le cerveau de personnes obèses peut apprendre à aimer les aliments sains.

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Comme l’explique le Pr Susan Roberts, auteur de l’étude et chercheur en nutrition comportementale "nous ne naissons pas en adorant les frites et en détestant les aliments complets". "Ce conditionnement se produit au fil du temps" ajoute-t-elle.

Les scientifiques savent que lorsque les gens sont accros à la malbouffe, il est généralement compliqué de modifier leurs habitudes alimentaires et ainsi leur faire perdre du poids. Il est essentiel que les personnes mangent à satiété pour éviter les fringales qui ont tendance à favoriser la consommation d’aliments sucrés et caloriques.

L’obésité est associée à une hyperactivation du système de récompense du cerveau pour les aliments hautement caloriques, ce qui entraine de mauvais choix alimentaires et une suralimentation. Dans cette étude, les auteurs ont cherché à savoir dans quelle mesure cette hyperactivation pouvait être inversée.

Pour cela, 13 hommes et femmes obèses ont participé à l’étude qui a duré 6 mois. Parmi eux, 8 ont été soumis à un régime alimentaire riche en fibres et protéines et pauvre en glucides permettant d’éviter la sensation de faim. Les 5 autres n’ont suivi aucun régime alimentaire particulier. Les chercheurs ont ensuite observé l’évolution de l’activation du système de récompense - et donc des préférences alimentaires - entre le début et la fin de l’étude chez les participants.

A la fin de l’étude, les 8 personnes qui ont suivi le régime alimentaire ont perdu en moyenne 6,3 kg (2,1 kg pour le groupe de contrôle). En observant le cerveau par IRM, les chercheurs ont remarqué des changements dans le système de récompense chez les personnes soumises au régime alimentaire. En leur montrant des images de différents types d’aliments, les chercheurs ont remarqué une diminution de l’activation du système de récompense pour les aliments caloriques et une augmentation de l’activation pour les aliments sains et peu caloriques. Les participants soumis au régime alimentaire pendant 6 mois avaient plus de plaisir et de satisfaction vis-à-vis des aliments sains.

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Les résultats de cette étude montrent qu’un régime alimentaire adapté permet de perdre du poids en gardant la notion essentielle de plaisir. « Cependant, des études complémentaires à plus long terme, avec plus de participants et en analysant plus de zones du cerveau sont nécessaires » conclut le Pr Roberts.

Source

Deckersbach T, Das SK, Urban LE, Salinardi T, Batra P, Rodman AM, Arulpragasam AR, Dougherty DD, Roberts SB. Pilot randomized trial demonstrating reversal of obesity-related abnormalities in reward system responsivity to food cues with a behavioral intervention. Nutr Diabetes. 2014 Sep 1;4:e129. doi: 10.1038/nutd.2014.26.

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