On peut manger les légumes cultivés en ville sans s’empoisonner

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 20/05/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Dans la plupart des cas, les légumes qui ont poussé dans des sols contaminés en ville resteraient bons à la consommation.

Jardiner en ville, c’est tendance, mais que risque-t-on à manger des légumes qui ont poussé sur des sols contenant potentiellement des composés dangereux ? D’après une nouvelle recherche parue dans Journal of Environmental Quality, ces légumes seraient sans danger - sauf peut-être les carottes - et des solutions existent pour minimiser les risques de contamination.

En ville, les sols peuvent contenir des contaminants comme du plomb, de l’arsenic ou des hydrocarbones aromatiques polycycliques (HAP), qui sont cancérogènes. Ces molécules dangereuses pour la santé peuvent être ingérées par consommation d’aliments ayant poussé sur des sols contaminés.

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Dans cet article, des chercheurs ont étudié la biodisponibilité du plomb, de l’arsenic et des HAP dans des sols urbains amendés en compost. L’objectif était de savoir si l’ajout de différents composts pouvait réduire l’exposition à ces contaminants. Ils ont  cultivé des tomates, des choux verts et des carottes dans des sols contaminés de zones urbaines.

La présence de plomb dans les sols est due à l’utilisation d’essence au plomb et de peintures à base de plomb. L’arsenic peut se retrouver dans le sol à cause des pesticides à base d’arsenic.

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Résultats : presque tous les légumes de ces sols contenaient de faibles niveaux de contaminants, à l’exception des légumes racines (comme les carottes) qui pouvaient retenir du plomb à des niveaux légèrement au-dessus des recommandations de l’OMS. Mais, pour Ganga Hettiarachchi, de l’université d’État du Kansas, il ne faut pas y voir une raison de ne pas jardiner en ville ; elle ne semble pas inquiète pour la consommation de carottes et rappelle : « Une personne ne va pas manger ces carottes à chaque repas 365 jours par an. » Par précaution, les jardiniers qui craignent les légumes contaminés peuvent aussi faire pousser leurs carottes dans des containers avec de la terre apportée d’ailleurs.

Les chercheurs ont aussi étudié les différentes pratiques qui pouvaient réduire la contamination des légumes. Tout d’abord ils ont testé des méthodes de nettoyage des légumes pour voir ce qui fonctionnerait le mieux. Conclusion : le lavage à l’eau semblait une bonne solution.

Ils ont aussi testé l’efficacité de différents composts pour diminuer la concentration de contaminants dans les légumes. Ils n’ont pas vraiment trouvé qu’un compost particulier était plus efficace que les autres pour réduire les contaminations. Mais de manière générale, l’ajout du compost diluait la concentration du sol en contaminants. « En plus du compost, un jardinier urbain peut aussi apporter de la terre propre pour aider à diluer les niveaux de contaminants. » Autre suggestion : tester son sol pour s’assurer que les niveaux en nutriments sont adaptés, car les plantes puisent moins de contaminants dans le sol si elles trouvent suffisamment de nutriments.

Il serait donc dommage de se priver de jardiner en ville par crainte des contaminations : « Les jardins urbains donnent aux gens un accès à des fruits et légumes frais et sont bons aussi pour la santé physique, mentale et celle de la communauté. »

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Source

Chammi P. Attanayake, Ganga M. Hettiarachchi, Sabine Martin and Gary M. Pierzynski.Potential Bioavailability of Lead, Arsenic, and Polycyclic Aromatic Hydrocarbons in Compost-Amended Urban Soils. Journal of Environment Quality, 2015; 44 (3): 930 DOI: 10.2134/jeq2014.09.0400

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