Perte auditive : c'est peut-être le manque de fer

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 06/01/2017 Mis à jour le 10/03/2017
Une étude menée sur plus de 300 000 personnes montre que le manque de fer est associé à la perte auditive

Les personnes qui ont de faibles niveaux de fer dans le sang peuvent développer une anémie ferriprive qui a de nombreux impacts sur l’organisme. Une nouvelle étude parue dans JAMA Otolaryngology-Head & Neck Surgery montre maintenant que l’anémie ferriprive serait liée à la perte auditive.

« En 2014, environ 15% des adultes ont déclaré avoir des difficultés à entendre et particulièrement les hommes » expliquent les auteurs de l’article». "La perte auditive augmente avec chaque décennie de vie touchant 40 à 66% des adultes âgés de plus de 65 ans et 80% de ceux âgés de plus de 85 ans".

Parmi les facteurs de risque de perte auditive précoce on trouve l’hypertension, le diabète et le tabagisme. La perte auditive neurosensorielle soudaine est caractérisée par une détérioration rapide de la fonction auditive qui se produit en moins de 72 heures. Le mécanisme n’est pas connu mais une étude récente suggère que cette perte auditive soudaine serait liée à l’anémie ferriprive. Il se pourrait donc que ce type de perte auditive ait une cause vasculaire potentiellement exacerbée par l’anémie ferriprive.

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Les chercheurs ont examiné les données des dossiers médicaux de 305 339 adultes âgés de 21 à 90 ans. Ils ont identifié les personnes souffrant d’anémie ferriprive et les personnes diagnostiquées pour une perte auditive.

La perte auditive a été divisée en 3 catégories : la perte auditive neurosensorielle qui résulte de dommages à l’oreille interne, de dommages au nerf qui va de l’oreille au cerveau ou de dommages au cerveau ; la perte auditive de transmission lorsque le son ne peut pas se propager correctement à travers l’oreille ; et la perte auditive combinée ou mixte qui est une combinaison des deux précédentes.

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Dans cette étude les adultes qui souffraient d’anémie ferriprive étaient 2,4 fois plus susceptibles de développer une perte auditive combinée que ceux qui ne souffraient pas d’anémie ferriprive. Les personnes qui souffraient d’anémie ferriprive étaient également 1,8 fois plus susceptibles de développer une perte auditive neurosensorielle. Cependant, l’étude n’a trouvé aucune association entre l’anémie ferriprive et la perte auditive de transmission.

« Des études antérieures ont évoqué plusieurs raisons pour expliquer l’association entre anémie ferriprive et perte auditive, notamment la perte auditive neurosensorielle » expliquent les chercheurs. « La perte auditive neurosensorielle se développent lorsque des dommages se produisent au niveau des petits vaisseaux de l’oreille et justement l’anémie ferriprive augmente le risque que de tels dommages se produisent ». Les chercheurs expliquent également que l’anémie ferriprive est associée à des altérations au niveau de la myéline, la gaine qui entoure les cellules nerveuses et particulièrement le nerf qui va de l’oreille au cerveau.

Les chercheurs ont trouvé que l’anémie ferriprive est plus susceptible d’être liée à la perte auditive neurosensorielle qu’à la perte auditive de transmission. La perte auditive de transmission est en effet souvent causée par des problèmes plus "mécaniques" liés par exemple au cérumen ou aux tympans perforés. Ce qui explique pourquoi les chercheurs n’ont pas trouvé de lien entre ce type de surdité et l’anémie ferriprive.

« L’anémie ferriprive peut être traitée facilement avec des suppléments de fer. Les prochaines études devront établir si une supplémentation peut aider à prévenir la perte auditive » concluent les auteurs.

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Source

Schieffer KM, Chuang CH, Connor J, Pawelczyk JA, Sekhar DL. Association of Iron Deficiency Anemia With Hearing Loss in US Adults. JAMA Otolaryngol Head Neck Surg. Published online December 29, 2016. doi:10.1001/jamaoto.2016.3631

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