Peut-on encore manger du poisson ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 12/04/2012 Mis à jour le 10/03/2017
Manger du poisson ne serait pas sans risques.Peut-on encore manger du poisson ?

Les récentes études sur la dangerosité de la viande rouge sur la santé ont suscité l'interrogation (voir notre article Peut-on encore manger de la viande rouge ?). Entre les questions de santé et d'éthique de plus en plus de gens se tournent vers le végétarisme ou même parfois le végétalisme. Et pour le poisson, la présence bien connue de nombreux polluants et métaux lourds d'un côté et des oméga-3 de l'autre rend la question légitime : peut-on encore manger du poisson ?
Pour tenter d'y répondre nous avons recueilli l'avis de Dariush Mozaffarian, professeur associé du département d'épidémiologie à l'école de santé publique de Harvard et membre de l'organisation mondiale de la santé (OMS).

Les principaux contaminants des poissons sont le mercure et les PCB. Ces deux toxiques sont issus des activités humaines et sont persistants dans la nature même si le niveau des PCB décroît lentement au fil du temps. Ces substances s'accumulent dans la chaire des poissons et se concentrent dans les tissus à mesure que le poisson se situe en haut de la chaîne alimentaire, ce dernier ayant accumulé les toxiques des plus petits poissons qu'il a mangé au cours de sa vie. Les poissons contiennent généralement aussi des dioxines mais en quantité moindre que la viande et les produits laitiers.

Pour Dariush Mozaffarian la réponse est claire : "Tant que vous n'êtes pas une femme enceinte l'évidence montre qu'il y a toujours un bénéfice net à consommer du poisson". En effet, pendant la grossesse les contaminants peuvent toucher le bébé et pourraient avoir un impact sur son développement. Il conseille néanmoins : "si vous mangez plus de deux portions de poisson par semaine il vaut mieux alterner le type de poisson consommé pour limiter l'exposition aux mêmes métaux lourds trop régulièrement". Il rappelle : "Quand vous mangez du poisson vous ne mangez pas que des contaminants, vous mangez du poisson. Il y a des risques mais aussi des bénéfices."

Pourtant il existe des données scientifiques qui montrent que la consommation de mercure via l'alimentation peut provoquer des problèmes neurologiques (la plupart étant des symptômes légers comme une diminution de la vision périphérique, une diminution de la coordination et une faiblesse musculaire). Tous les experts s'accordent à dire qu'il est théoriquement possible d'être empoisonné par le mercure en mangeant des poissons qui en sont riches. La quantité exacte nécessaire n'est pas connue mais semble supérieure à celle consommée en moyenne.

Le Pr Mozaffarian souligne tout de même que, malgré les contaminants, le risque de décès est 50% supérieur chez ceux qui ne mangent pas de poisson comparativement à ceux qui consomment une à deux portions de poisson gras par semaine. Les bénéfices l'emportent donc sur les risques, sauf en cas de grossesse (voir notre article dans ce cas). Idéalement on privilégiera les poissons pauvres en mercure en variant régulièrement, en bas de la chaîne alimentaire et on évitera ceux qui en contiennent beaucoup.

D'après l'organisation mondiale de la santé les poissons riches en mercure sont principalement : l'espadon, le requin, le maquereau roi, le marlin, le poisson montre, le thon obèse et le thon jaune.

Les poissons les plus pauvres en mercure sont principalement les sardines, le maquereau, les anchois, le hareng, le crabe, le saumon et la truite arc-en-ciel.

A lire également : Poissons d'élevage, poissons sauvages, lesquels choisir ?

LaNutrition.fr conseille donc toujours de suivre les recommandations de sa pyramide alimentaire. Vous pouvez aussi consulter plus en détail l'article "La meilleure façon de manger du poisson et des fruits de mer".

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