Poisson contaminé : le mercure lié au risque de diabète

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 09/04/2013 Mis à jour le 10/03/2017
Dilemne nutritionnel : les oméga-3 du poisson sont bénéfiques, mais beaucoup d'espèces sont contaminées au mercure.

Une nouvelle étude prospective révèle qu’une exposition importante au mercure chez de jeunes adultes augmente de 65 pour cent leur risque de développer un diabète de type-2 plus tard dans la vie. L'étude, appelée CARDIA, a été menée par l’Ecole de santé publique de l’université de l’Indiana; elle vise à étudier les effets des oligo-éléments sur la santé.

Cette étude dresse un tableau complexe parce que la principale source de mercure chez l'homme (avec les amalgames dentaires) provient de la consommation de poissons et crustacés. Or poissons et fruits de mer sont aussi une source majeure de nombreux nutriments comme le magnésium et les acides gras oméga-3 à longues-chaînes, des graisses polyinsaturées qui jouent un rôle dans la prévention cardiovasculaire et l’équilibre émotionnel.

Dans l'étude, les personnes ayant les plus hauts niveaux de mercure semblaient aussi avoir une vie plus saine avec un indice de masse corporelle bas et un moindre tour de taille que d’autres participants. Ils faisaient aussi plus d’exercice. Ils mangeaient plus de poisson, ce qui reflète une alimentation saine ou un statut socio-économique plus élevé.

L'étude, qui portait sur 3875 hommes et femmes, a établi un lien entre les niveaux de mercure et le risque de diabète de type-2 après prise en compte du mode de vie et d'autres facteurs alimentaires tels que le niveau de magnésium et d’oméga-3, deux facteurs susceptibles de s’opposer aux effets indésirables du mercure.

Lire : Les bénéfices cardiovasculaires du poisson supérieurs aux effets néfastes du mercure

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont suivi pendant 18 ans ces adultes, qui étaient âgés de 20 à 32 ans en 1987 et alors en bonne santé. Ils ont mesuré le niveau de méthylmercure (principale forme de mercure dans l'environnement) dans leurs ongles. Il ya eu 288 nouveaux cas de diabète pendant ces 18 années de suivi.

Le risque de diabète est augmenté de 65% pour les adultes ayant les niveaux les plus élevés d’exposition au mercure, par rapport à ceux qui ont les niveaux les plus faibles.

Les études chez l’animal ont trouvé que l’exposition au méthylmercure, à des niveaux trouvés dans le poisson, affecte le fonctionnement des cellules β du pancréas, qui fabriquent l’insuline. Cependant, la toxicité du mercure pourrait être en partie neutralisée par les acides gras oméga-3 et d’autres nutriments comme le magnésium, qui sont présents dans le poisson.

Pour tirer bénéfice de la consommation de poisson gras sans avaler de mercure en excès, il faut choisir des espèces peu contaminées, comme le capelan, le hareng, le saumon, la sardine.

A lire : Les poissons les moins contaminés par le mercure, et ceux qui le sont le plus

Pour aller plus loin, lire : Sang pour sang toxique (J-F Narbonne) (lire un extrait ICI >>).

Source

He K, Xun P, Liu K, Morris S, Reis J, Guallar E. Mercury Exposure in Young Adulthood and Incidence of Diabetes Later in Life: The CARDIA trace element study. Diabetes Care. 2013 Feb 19. [Epub ahead of print]

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