Pour l'agence européenne des aliments, les "glucides complexes" ne favorisent pas la satiété

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 10/09/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Les « glucides complexes », un terme obsolète pour désigner pains, pâtes, riz, pommes de terre, farineux… ne contribuent pas à la satiété, dit l’Agence européenne des aliments (EFSA) dans un avis récent.

Le terme de « glucides complexes » est utilisé par l’industrie agro-alimentaire, les autorités sanitaires françaises, le Programme national nutrition santé (PNNS) et de nombreux nutritionnistes, souvent liés à l'industrie. Tous attribuent à ces fameux « glucides complexes » des effets favorables à la santé, notamment sur l’appétit et la satiété, la gestion du poids et la santé cardiovasculaire.

Suite à une demande d’allégation au titre de l'article 14 du règlement (CE) n ° 1924/2006, déposée par un fabricant d’aliments pour nourrissons et jeunes enfants par l'intermédiaire de l’ANSES, le groupe scientifique sur les produits diététiques, la nutrition et les allergies ( NDA) de l'EFSA a été invité à rendre un avis sur la justification scientifique d'une allégation de santé concernant les «glucides complexes» et « leur contribution à la satiété». 

L'avis est intéressant dans la mesure  où, pour prendre l'exemple de la France, le PNNS conseille de manger "à chaque repas des féculents pour leur apport en glucides complexes et l'effet de satiété qu'ils procurent." 

Or le Groupe d’experts de l’EFSA a estimé que les informations fournies par le demandeur ne démontrent pas que l'augmentation de la satiété est un effet physiologique bénéfique pour les nourrissons et les jeunes enfants, et que la relation de cause à effet n'a pas été établi entre la consommation de «glucides complexes» et la satiété, tout au moins pour la population visée.

Cette allégation est donc fort logiquement rejetée.

LaNutrition.fr demande depuis des années que le terme « glucides complexes » soit abandonné au profit des notions d’index glycémique et de charge glycémique. En effet, un glucide dit « complexe » comme la pomme de terre a en réalité un index glycémique élevé, ce qui fait qu’il peut se comporter comme un aliment très sucré, avec, pour les sédentaires et les diabétiques, des conséquences néfastes sur l’appétit, le poids et les maladies métaboliques. D'autres "glucides complexes" sont au contraire tout à fait fréquentables du fait d'un index glycémique bas. En continuant de parler de « glucides complexes », en refusant de les distinguer en fonction de leur index et leur charge glycémiques, les autorités sanitaires et les nutritionnistes amis de l’agro-alimentaire entretiennent une confusion qui ne profite qu’au chiffre d’affaires des industriels. 

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