Le stress : pas bon pour le tour de taille

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 07/03/2017 Mis à jour le 11/04/2017
Actualité
Les personnes exposées à un stress chronique ont des niveaux de cortisol élevés et un tour de taille plus important.

Les personnes qui souffrent de stress depuis longtemps sont plus susceptibles d’être obèses, selon les résultats d’une étude parue dans la revue Obesity. Les niveaux de stress ont été évalués par les taux de cortisol dans des échantillons de cheveux. Le cortisol est une hormone qui régule la réponse du corps au stress.

« L’obésité s’accompagne souvent d’autres troubles comme l’hypertension, une tolérance au glucose altérée ou encore une dyslipidémie qui caractérisent un syndrome métabolique » expliquent les auteurs. « Or, ces caractéristiques ressemblent étroitement à celles d’un autre syndrome caractérisé par une production endogène importante de cortisol ».

Le cortisol a de nombreux effets physiologiques dans le corps humain et joue un rôle dans les métabolismes du glucose et des lipides, la composition corporelle ou encore les réponses anti-inflammatoires. « Il est donc possible qu’une hyperactivation du système qui régule les niveaux de cortisol – comme c’est le cas dans le stress chronique-contribue au développement de l’obésité ».

Depuis longtemps, on suppose que le stress chronique joue un rôle dans l’obésité. Ceux qui en souffrent ont en effet tendance à manger plus et plus mal (aliments riches en graisses et en sucres). De plus,le cortisol joue un rôle important dans la détermination de l’endroit du corps où la graisse est stockée.

Certaines études antérieures qui ont étudié le lien entre cortisol et obésité ont utilisé des dosages du cortisol dans le sang, la salive ou les urines qui peuvent varier dans la journée ou en fonction d’autres facteurs. Ces études n’ont pas réussi à établir le taux de cortisol à long terme. Doser le cortisol dans les cheveux permet de remédier à ce problème.

Dans cette nouvelle étude qui a impliqué 2527 personnes âgées de plus de 54 ans, les chercheurs ont déterminé les taux de cortisol à partir des cheveux. Ils ont également analysé le poids, l’indice de masse corporelle et le tour de taille des participants. A partir des données recueillies, les chercheurs ont analysé le lien entre le niveau de cortisol et la persistance du surpoids/obésité au cours du temps (4 ans).

Ils ont constaté que les participants qui ont des niveaux plus élevés de cortisol dans leurs cheveux ont tendance à avoir un tour de taille plus important, à être plus lourds et à avoir un indice de masse corporelle plus élevé. Les personnes obèses avaient des niveaux particulièrement élevés de cortisol capillaire. Les résultats montrent que les personnes qui sont exposées à des niveaux élevés de cortisol sont celles qui souffrent d’un surpoids plus important et plus persistant.

« Ces résultats fournissent des preuves cohérentes que le stress chronique est associé à des niveaux plus élevés d’obésité » disent les auteurs. « Les personnes qui ont des niveaux de cortisol capillaire plus élevé ont aussi tendance à avoir un tour de taille plus important ce qui peut s’avérer dangereux pour la santé car un excès de graisse abdominale est un facteur de risque de maladie cardiaque, de diabète et de mort prématurée ».

Les chercheurs ignorent si des niveaux de cortisol chroniquement élevés sont une cause ou une conséquence de l’obésité. « Il faut poursuivre les recherches et si le lien de causalité est prouvé alors cibler les niveaux de cortisol pourra représenter une stratégie intéressante pour traiter l’obésité ».

Source

Sarah E. Jackson, Clemens Kirschbaum, Andrew Steptoe. Hair cortisol and adiposity in a population-based sample of 2,527 men and women aged 54 to 87 years. Obesity, 2017; 25 (3): 539 

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