Régimes : comment éviter l’effet yo-yo

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 06/12/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité

Une nouvelle étude parue dans Nature montre que les bactéries intestinales jouent un rôle important dans la prise de poids qui suit une période d’amaigrissement, communément appelé "effet yo-yo". Et ce phénomène pourrait être évité grâce à une supplémentation en flavonoïdes.

Après un régime amaigrissant, beaucoup de personnes doivent faire face à un phénomène appelé « effet yo-yo » qui se traduit par une reprise du poids perdu voire plus, dans les 12 mois qui suivent la perte de poids. Et cet effet s’accentue à chaque nouveau régime. A chaque cycle de perte de poids et gain de poids, la proportion de graisses corporelles augmente, de même que le risque de développer un syndrome métabolique (diabète, foie « gras » ou autres troubles liés à l’obésité). De plus en plus d’études suggèrent le rôle d’un déséquilibre du microbiote intestinal (dysbiose) dans le développement de l’obésité. Les changements alimentaires jouent un rôle central dans la composition et la fonction du microbiote intestinal. Le microbiote intestinal de personnes obèses est différent de celui de personnes de corpulence normale.

Lire : obésité : les bactéries responsables?

Dans cette étude, les chercheurs ont réalisé une série d’expériences sur des souris pour mimer des cycles de perte de poids et gain de poids afin de déterminer les mécanismes expliquant l’effet yo-yo. Ils ont remarqué qu’après un cycle de gain puis perte de poids, tous les systèmes corporels de la souris sont revenus à la normale excepté le microbiote intestinal : environ 6 mois après la perte de poids, les souris ont conservé un microbiote intestinal anormal de souris obèse.

« Nous avons montré chez des souris obèses qu’après un régime amaigrissant réussi et donc une perte de poids, le microbiote intestinal conserve une mémoire de l’obésité précédente » expliquent les chercheurs. « Et la persistance de ce microbiote de souris obèse accélère la reprise de poids lorsque les souris reviennent à un régime élevé en calories ou mangent en quantité excessive ».

Les chercheurs ont cependant développé des approches thérapeutiques pour atténuer l’impact du microbiote intestinal sur la reprise de poids. Par exemple, en épuisant les bactéries intestinales des souris grâce à l’administration d’un antibiotique à large spectre, ils n’ont pas observé de gain de poids excessif après le régime amaigrissant. Dans une autre expérience, les chercheurs ont introduit des bactéries intestinales provenant de souris ayant des antécédents d’obésité chez des souris sans microbiote. Ils ont alors observé que ces souris avaient un gain de poids accéléré lorsqu’elles consommaient une alimentation riche en calories (qui favorise surpoids et obésité), par rapport à des souris ayant reçu des bactéries intestinales provenant d’autres souris sans antécédent d’obésité. Mais en implantant à des souris anciennement obèses, des bactéries intestinales de souris qui ne l’ont jamais été, les chercheurs ont réussi à effacer cette mémoire de l’obésité et prévenir le gain de poids excessif lors d’un retour à une alimentation riche en calories.

Les scientifiques ont également identifié deux molécules qui jouent un rôle dans l’impact du microbiote intestinal sur la reprise de poids. Ces molécules appartiennent à la famille des flavonoïdes. Chez les souris « obèses », après le régime amaigrissant, le microbiote intestinal dégrade rapidement ces flavonoïdes si bien que le niveau de ces molécules est significativement plus faible que chez les souris n’ayant pas d’antécédent d’obésité. Or, les chercheurs ont constaté que dans des circonstances normales, ces deux flavonoïdes favorisent la dépense énergétique dans le métabolisme des graisses. Le fait qu’ils soient présents en plus faibles quantités conduit à une accumulation de graisses supplémentaires lorsque les souris reviennent à un régime plus calorique.

Les chercheurs ont également essayé de supplémenter les souris en flavonoïdes après le régime amaigrissant. Cela a permis de ramener à la normale leur niveau de flavonoïdes et donc leur dépense énergétique. Cette supplémentation a permis d’éviter une prise de poids excessive dans la période post-régime. Cette stratégie pourrait permettre de prévenir l'effet yo-yo après un régime amaigrissant.

Lire : Pour sauver votre santé, sauvez votre microbiote

Source

Christoph A. Thaiss, Shlomik Itav, Daphna Rothschild, Mariska Meijer, Maayan Levy, Claudia Moresi, Lenka Dohnalová, Sofia Braverman, Shachar Rozin, Sergey Malitsky, Mally Dori-Bachash, Yael Kuperman, Inbal Biton, Arieh Gertler, Alon Harmelin, Hagit Shapiro, Zamir Halpern, Asaph Aharoni, Eran Segal, Eran Elinav. Persistent microbiome alterations modulate the rate of post-dieting weight regain. Nature, 2016; DOI: 10.1038/nature20796

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