Santé, ligne, endurance, un séjour à la montagne peut tout changer

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 21/10/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité

Bonne pour la ligne, le moral et le métabolisme, la montagne présente de nombreux bénéfices pour la santé.

A la montagne, lorsque l’on grimpe en altitude, l’organisme doit s’adapter à la raréfaction de l’oxygène. Ces adaptations sont durables et peuvent aider à maintenir un poids de forme. De plus, les séjours à la montagne ont un effet bénéfique sur le moral.

Petit tour d’horizon des atouts santé de la montagne.

Deux semaines à la montagne peuvent modifier votre sang pour des mois.

A 5.260 m, à peu près au niveau du camp de base du Mont Everest au Népal, l’atmosphère contient 53 % de l’oxygène de l’air présent au niveau de la mer. Il y est donc plus difficile de respirer et de faire de l’exercice. Pour s’adapter, l’organisme doit fabriquer de nouveaux globules rouges (les cellules qui transportent l’oxygène). Mais il faut des semaines pour produire de nouveaux globules rouges. Pourtant, les alpinistes savent que même des personnes non-habituées peuvent s’adapter en quelques jours. D’autres mécanismes que la production de globules rouges doivent donc intervenir.

Pour savoir ce qui se passe dans l’organisme à haute altitude, des chercheurs de l’université du Colorado Denver ont envoyé 21 volontaires dans un camp situé près du sommet du mont Chacaltaya en Bolivie (à 5.421 m), dans le cadre de l’étude AltitudeOmics. Des adaptations métaboliques immédiates ont été notées dès les premières heures au-dessus de 5.000 m d’altitude. Après le premier jour, les participants se sentaient mieux et après deux semaines ils ont fait une ascension de 3,2 km.

Ils ont ensuite quitté ces hautes altitudes pendant une à deux semaines et sont revenus. Leur organisme semblait se souvenir de leur expérience précédente à haute altitude, ce qui fait qu’ils se sentaient bien mieux que lors du premier séjour. Les adaptations métaboliques ont donc été conservées une semaine après la descente, ce qui a permis de meilleures performances lors de la seconde expérience. Il existerait donc une sorte de mémoire métabolique.

Quand les scientifiques ont examiné les protéines qui transportent l’oxygène dans le sang (hémoglobine) dans les globules rouges des volontaires, ils ont trouvé de nombreux changements qui affectaient la façon dont l’hémoglobine accrochait les molécules d’oxygène. Et comme les globules rouges vivent environ 120 jours, ces changements persistaient dans le sang.

Une exposition courte à la haute altitude entraîne donc une cascade de changements dans les globules rouges qui leur permettent de mieux gérer des conditions où l’oxygène est plus rare. Ces changements persistent des semaines voire des mois, même après être redescendu à basse altitude.

Vivre à la montagne pour garder la ligne

D’après une étude sur des soldats américains, les personnes en surpoids vivant à haute altitude auraient moins de risque de basculer dans l’obésité que celles vivant à basse altitude. Lorsque l’altitude augmente, la pression de l’air diminue et l’organisme a plus de difficultés à s’approvisionner en oxygène : il est en situation d’hypoxie. Des études ont montré une réduction de l’appétit et des graisses corporelles dans des conditions d’hypoxie.

Les chercheurs se sont donc demandé si l’hypoxie pouvait limiter le risque d’obésité. Ils ont étudié près de 100.000 soldats en surpoids stationnés à différentes altitudes aux Etats-Unis, entre 2006 et 2012. Certains étaient affectés à haute altitude, soit plus de 1 960 m, et d'autres à basse altitude, c’est-à-dire moins de 980 m.

Résultats : Les soldats affectés à haute altitude avaient un taux d’obésité réduit de 41 % par rapport à ceux affectés à basse altitude. Ces résultats semblent confirmés par des observations faites sur les populations civiles : en effet, la ville américaine où l’on est le plus mince est Boulder, au Colorado, à 1.650 m d’altitude ; la ville américaine où l’on est le plus gros serait Huntington, en Virginie Occidentale, située à 171 m d'altitude seulement.

Cet effet bénéfique de l'altitude sur le poids pourrait s'expliquer pour des raisons hormonales car l’hypoxie est associée à une augmentation de la leptine, une hormone qui supprime l’appétit. La cholécystokinine, qui stimule la digestion des graisses et des protéines, et la noradrénaline, qui influence l’appétit en réduisant le flux sanguin vers l’intestin, augmentent toutes deux à haute altitude.

Le ski est bon pour le moral

Des chercheurs de l’université de Yonsei ont sondé 279 personnes dans trois grandes stations de ski de Corée du sud. Parmi les personnes interrogées, 45 % (126) étaient des skieurs, 40 % (112) des snowboarders et les autres (41) pratiquaient les deux activités. Les personnes sondées ont passé en moyenne 4 jours et demi en station. Plus de 90 % allaient aux sports d’hiver moins de 5 fois dans une saison. Les chercheurs ont évalué le plaisir que prenaient les participants dans leur activité, leur niveau d’engagement dans cette activité et la satisfaction qu’ils en retiraient.

Les personnes qui ont le plus bénéficié de leur séjour étaient celles qui étaient les plus impliquées et oubliaient le mieux leurs problèmes quotidiens sur les pistes. Même un seul séjour avait un impact positif sur le moral des participants. De plus, les skieurs prenaient plus de plaisir dans leur activité que les snowboarders. Le ski améliore le bien-être en général, même lors d'un séjour ponctuel. Il améliore la santé et le bien-être (à condition d'éviter les chutes !).

De manière générale, pratiquer un sport favorise l’épanouissement personnel et permet de lutter contre le stress.

Lire  : Le sport, un médicament miracle ?

Si vous n’êtes pas fans des sports d’hiver, un séjour à la mer peut lui aussi être bénéfique et vous encourager à pratiquer une activité physique. A la mer comme à la montagne, l'ensoleillement vous permettra de faire le plein de vitamine D.

Lire  : Vivre près de la mer est bon pour la santé

Sources

D'Alessandro A, Nemkov T, Sun K, Liu H, Song A, Monte AA, Subudhi AW, Lovering AT, Dvorkin D, Julian CG, Kevil CG, Kolluru GK, Shiva S, Gladwin MT, Xia Y, Hansen KC, Roach RC. AltitudeOmics: Red Blood Cell Metabolic Adaptation to High Altitude Hypoxia. J Proteome Res. 2016 Oct 7;15(10):3883-3895. Epub 2016 Sep 27.

Voss JD, Allison DB, Webber BJ, Otto JL, Clark LL.. Lower Obesity Rate during Residence at High Altitude among a Military Population with Frequent Migration: A Quasi Experimental Model for Investigating Spatial Causation. PLoS One. 2014 Apr 16;9(4):e93493. doi: 10.1371/journal.pone.0093493. eCollection 2014.

Lee, H.-W., Shin, S., Bunds, K. S., Kim, M., & Cho, K. M. (2013). Rediscovering the Positive Psychology of Sport Participation: Happiness in a Ski Resort Context, Applied Research in Quality of Life. DOI 10.1007/s11482-013-9255-5.

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