Tampons, serviettes hygiéniques, gaze stérile contaminés par le glyphosate

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 29/10/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Des produits d'hygiène courants en coton renferment des taux détectables d'un désherbant, le Roundup, selon des analyses faites en Argentine.

Selon une étude réalisée par des chercheurs de l'Université de La Plata, en Argentine, cent pour cent des échantillons de coton brut, ainsi que de gaze stérile contenaient du glyphosate, un herbicide probablement cancérogène selon l'Organisation mondiale de la santé, ou son métabolite l'AMPA. Des tiges de coton, lingettes, tampons et serviettes hygiéniques renfermeraient également glyphosate et AMPA.

«85% de tous les échantillons étaient positifs pour le glyphosate et 62% pour l'AMPA, qui est son produit de dégradation dans l’environnement», dit le Dr Damian Marino, l'un des auteurs de cette étude. Dans le coton brut, les chercheurs ont relevé 39 ppb (partie par milliard) d’AMPA et 13 ppb de glyphosate, alors que dans les gazes, il n’y avait pas d’AMPA mais 17 ppb de glyphosate.

«Le public pense que ces produits qui sont utilisés sur les plaies ou pour l’hygiène intime sont sains et stériles, mais en réalité ils se trouvent contaminés par une substance probablement cancérogène,» poursuit le Dr Marino. La plupart des tampons hygiéniques sont constitués d'un mélange de coton et de substances synthétiques (viscose, rayonne, plastique).

En Argentine, pour éviter l’arrachage mécanique, on cultive un coton OGM résistant au glyphosate, un herbicide pulvérisé sur les cultures et qui se retrouve dans le produit. En Amérique du Nord aussi, du coton résistant au glyphosate est cultivé. On ignore si les produits vendus en Europe sont eux aussi contaminés.

Le glyphosate est un pesticide systémique, vendu sous le nom de Roundup, qui bloque la biosynthèse des acides aminés aromatiques par la plante. L’AMPA ou acide aminométhylphosphonique est son produit de dégradation.

En mars 2015, le Centre international de recherches sur le cancer (IARC, Lyon), qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé a classé le glyphosate en «cancérogène probable».

Le fabricant du glyphosate, Monsanto, assure de son côté que le glyphosate et l’AMPA «sont des substances organiques biodégradables. Les produits ultimes de biodégradation sont des éléments simples (eau, gaz carbonique, ion phosphate) qui sont aussi présents naturellement dans l’environnement

Il existe sur le marché des produits d'hygiène issus de l'agriculture biologique, ou des alternatives non jetables.

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