Un médicament de l’ostéoporose accusé de provoquer des infarctus

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 18/04/2013 Mis à jour le 10/03/2017
Le Protelos de Servier est accusé de provoquer des infarctus et d'autres problèmes de santé. L’avis de Thierry Souccar, auteur du Mythe de l’ostéoporose.

Les ennuis se suivent pour le ranélate de strontium, un médicament du laboratoire Servier, vendu sous le nom de Protelos. Le Comité de pharmacovigilance et d'évaluation des risques de l'Agence européenne du médicament (EMA) a recommandé le 11 avril de nouvelles restrictions du Protelos en raison du risque de problèmes cardiaques qu’entraîneraient la prise du médicament. L'EMA doit prendre une décision définitive avant la fin du mois.

Cette recommandation intervient après que des résultats issus d'études cliniques portant sur près de 7500 patients ont montré un risque accru d'infarctus chez les femmes post-ménopausées prenant du ranélate de strontium par rapport à celles qui prenaient un placebo sans augmentation du risque de décès.

Le Protelos a été autorisé en 2004 par l’EMA pour le traitement de l’ostéoporose chez les femmes ménopausées, dans des conditions douteuses (lire encadré ci-dessous). En 2012, l’autorisation a été étendue à l’ostéoporose masculine.

A ce jour, les indications thérapeutiques ouvrant droit à la prise en charge ou au remboursement sont le: « traitement de l'ostéoporose post-ménopausique pour réduire le risque de fractures vertébrales et de hanche chez les patientes à risque élevé de fracture ayant une contre-indication ou une intolérance aux bisphosphonates ou n'ayant pas d'antécédent d'événement thromboembolique veineux ou d'autres facteurs de risque d'événement thromboembolique veineux, notamment l'âge supérieur à 80 ans. »

L’avis de Thierry Souccar, auteur du Mythe de l’ostéoporose. « Ce médicament est emblématique des dérives et manipulations qui ont conduit des millions de femmes à prendre des traitements globalement inefficaces et risqués dans l’espoir d’éviter les fractures. Ces traitements ont rapporté et continuent de rapporter des milliards aux laboratoires pharmaceutiques. L’autorisation de mise sur le marché a été accordée à Servier par l’Agence européenne du médicament sur la base d’une analyse tronquée, qui est d’ailleurs contestée aujourd’hui encore par les autorités britanniques - lesquelles parlent à propos du Protelos d’une « inflation artificielle » de l’efficacité du médicament. Avec la complaisance de la presse médicale, Servier s’est livré à une promotion effrénée de son médicament, allant même jusqu’à réécrire des articles entiers dans Impact Médecine, comme je le raconte en citant le témoignage d'une journaliste. Ce médicament à l’efficacité plus que douteuse est aujourd’hui lié à des cas graves d’hypersensibilité qui se traduisent par des lésions de la peau, du foie et des reins (le syndrome DRESS), ainsi que des cas de thrombose veineuse. Une réussite. »

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