Alzheimer : inversion du déclin cognitif chez 100 patients

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 29/05/2019 Mis à jour le 29/05/2019
Actualité

Un programme personnalisé qui fait appel à la nutrition, l’exercice, la gestion du stress semble en mesure d’inverser le déclin cognitif chez une partie des malades, surtout dans les stades précoces.

Pourquoi c’est important

Entre 2002 et 2018, 99,6% des médicaments lancés par l’industrie pharmaceutique pour ralentir ou guérir la maladie d’Alzheimer ont été abandonnés ou arrêtés. « Les quatre médicaments actuellement prescrits − donépézil, rivastigmine, galantamine, mémantine − n’agissent que sur les symptômes, » dit Jérémy Anso, qui a consacré un chapitre à la saga du remboursement de ces traitements dans Santé, mensonges et (toujours) propagande. « La plupart des patients ne sont pas améliorés par ces traitements, ajoute-t-il, et ces médicaments s'accompagnent d’effets indésirables. »
La voie choisie par les laboratoires a jusqu’ici consisté à tenter de diminuer le niveau d’une protéine (bêta-amyloïde) qui s’accumule dans le cerveau des patients.

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Leur échec pousse de nombreuses équipes à explorer des approches plus globales. « Il y a probablement plusieurs facteurs en cause dans cette maladie, explique le Dr Dale Bredesen, chercheur à l’université de Californie, Los Angeles et auteur de La fin d’Alzheimer. Je pense à l’inflammation, à la résistance à l’insuline, à la glycation, à certaines infections chroniques, aux troubles vasculaires, à des toxines environnementales, aux traumatismes. Il faut donc travailler sur des programmes personnalisés. » 

Ce que les chercheurs ont trouvé

L’équipe du Dr Bredesen a mis au point un protocole dans lequel les dizaines de facteurs contributeurs potentiels sont évalués, puis pris en charge au cas par cas par des mesures diététiques, des changements de mode de vie, des modifications environnementales, ou certains traitements. Dans deux premières publications ont été décrits les progrès constatés chez 19 patients qui avaient suivi ce programme baptisé ReCode.

Un nouvel article paru dans le Journal of Alzheimer’s Disease and Parkinsonism rapporte les résultats d’une intervention personnalisée chez 100 patients, la plupart atteints d’Alzheimer, de pré-Alzheimer, de trouble cognitif léger (MCI), de trouble cognitif subjectif (SCI, forme qui précède le trouble cognitif léger) et les améliorations, parfois très importantes, constatées. 

Par exemple est décrit le cas d’une femme de 62 ans atteinte de déclin cognitif, troubles du sommeil et dépression, qui avait perdu la capacité de retenir les noms, tenir sa comptabilité et gérer son commerce. Cette femme présentait notamment un surpoids avec excès de graisse abdominale, glycémie modérément élevée, résistance à l’insuline, déficit en vitamines D et K, déséquilibres hormonaux, inflammation systémique.
Son traitement a ciblé la résistance à l’insuline via un régime alimentaire légèrement cétogène, riche en végétaux, un programme d’exercices physiques et de prise en charge du stress. Parallèlement, des acides gras oméga-3 à longues chaînes ont été prescrits contre l’inflammation, des vitamines D et K2 pour lutter contre les déficits, des prébiotiques et probiotiques pour enrichir et augmenter la diversité du microbiome. La patiente a aussi suivi un entraînement cérébral régulier.
Au cours des 12 mois qui ont suivi la mise en place de ce traitement global, son poids a diminué de plus de 10%, sa glycémie a nettement baissé, le niveau de son insuline à jeun a été divisé par plus de 2, l’inflammation a disparu. Ses troubles cognitifs ont eux aussi disparu, et elle a pu rouvrir son commerce.

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En pratique

Sans intervention, le déclin chez les patients atteints de SCI, MCI, pré-Alzheimer ou Alzheimer, est inéluctable. Cette approche qui fait appel à la nutrition, l’exercice, l’entraînement cérébral, la prise de suppléments et de certains médicaments hormonaux semble donc donner des résultats qui vont au-delà de la simple stabilisation. Même si le nombre de cas rapportés est important (100), il faut malgré tout rester prudent en l’absence d’essais cliniques contrôlés et randomisés qui seuls permettront de dire si ce type d’intervention est efficace. Il peut cependant être proposé car il n’entraîne guère d’effet indésirable et permet d’améliorer la santé globale par la perte de poids, la résolution d’une résistance à l’insuline et d’un état inflammatoire, la restauration du statut en micro-nutriments, l’élimination de toxines environnementales, etc.

Le protocole ReCODE est détaillé dans le livre La fin d'Alzheimer et La fin d'Alzheimer - Le programme

Références
  1. Bredesen DE. Reversal of cognitive decline: A novel therapeutic program. Aging 2014, 6: 707-717.
  2. Bredesen DE, Amos EC, Canick J, Ackerley M, Raji C, et al. Reversal of cognitive decline in Alzheimer’s disease. Aging 2016, 8: 1250-1258.
  3. Bredesen DE, Sharlin K, Jenkins D, Okuno M, Youngberg W, et al. Reversal of Cognitive Decline: 100 Patients. J Alzheimers Dis Parkinsonism. 2018, 8: 450

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