« Au supermarché, un tiers des aliments pour enfants sont recalés »

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 17/01/2014 Mis à jour le 06/09/2017
Point de vue

La nouvelle édition du Bon choix pour vos enfants a analysé 800 produits vendus au supermarché pour les 0-16 ans. Verdict : près d'un tiers sont recalés. 

Depuis 7 ans, le guide Le Bon Choix pour les enfants, devenu une référence, examine avec méticulosité, rayon par rayon, les produits pour les 0-16 ans vendus en grandes surfaces et indique visuellement ceux qu’on peut acheter et ceux qu’il vaut mieux consommer occasionnellement.
Sur 800 produits présents dans 9 rayons, la nouvelle édition (7 septembre 2017) a dénombré 234 aliments peu fréquentables, du fait de leur degré élevé de transformation, leur teneur en additifs et matières premières de mauvaise qualité ou encore leur impact sur la glycémie. Entretien avec Elvire Nérin, qui a supervisé le travail des diététiciens-nutritionnistes et des journalistes scientifiques de LaNutrition.fr.

A quoi ressemble la nouvelle édition du Bon choix pour vos enfants ?

Elvire Nérin : Le guide évalue près de 800 aliments du supermarché destinés aux enfants. Ils ont été classés en 9 grands rayons. Comme les années précédentes, pas de tableaux longs et compliqués : uniquement la photo de chaque produit, un commentaire détaillé de sa composition et des repères pour visualiser rapidement le top et le flop de chaque rayon : en page de gauche, les produits qu'on peut acheter, en page de droite, ceux qui sont de" moins bonne qualité nutritionnelle. Et en introduction de chaque rayon, un chapitre de nutrition pratique, avec les critères importants à surveiller avant d’acheter un produit pour ses enfants et pour la famille !

Lire : Parution du guide Le Bon Choix pour vos enfants

Comment l’équipe a-t-elle procédé ?

Une équipe de 8 diététiciennes-nutritionnistes et journalistes scientifiques a référencé et acheté des centaines de produits de marques nationales et de distributeurs dans près de 70 catégories d’aliments. Leur composition a ensuite été analysée dans l’indépendance la plus totale. Un classement a été établi, rayon par rayon, en fonction du niveau de transformation des produits et de la qualité nutritionnelle. Un seul mot d’ordre : privilégier les aliments vrais ! La priorité a donc été donnée aux aliments qui ne sont pas ultra-transformés…

Vous introduisez dans cette édition la notion d’ACE. De quoi s’agit-il ?

ACE signifie « agents cosmétiques et économiques », c’est-à-dire des ingrédients que les industriels utilisent dans le seul but d’améliorer artificiellement la texture, l’aspect, la couleur, l’odeur, la saveur des aliments ultra-transformés, tout en diminuant leur coût de revient. Les ACE comprennent les 338 additifs autorisés en Europe, mais aussi : arômes, gluten, sirop de glucose-fructose, protéines de lait, maltodextrine, extrait de levure, etc… tous ces ingrédients que seuls les industriels utilisent, mais qu’on ne trouve pas chez soi.
Ce qu’il faut retenir : plus il y a d’ACE dans un produit, plus sa qualité nutritionnelle est mauvaise. Le guide en donne le décompte, produit par produit.

Pourquoi ne pas inciter plutôt à acheter des aliments bruts ?

Nous le faisons sur le site, mais nous avons une mission d’éducation du public. On ne peut pas demander à une famille de bouleverser du jour au lendemain ses habitudes pour n’acheter que des produits frais au marché en vue de les cuisiner. Ce guide, depuis qu’il existe, a aidé de nombreux foyers à prendre conscience de l’importance de l’alimentation, à acquérir des connaissances en nutrition, à réaliser que tous les aliments ne se valent pas. Beaucoup ont ensuite réduit leurs achats de produits ultra-transformés pour se mettre à cuisiner et à manger sain. Un autre effet positif du guide, c’est qu’en épinglant les produits les moins équilibrés, nous contraignons les industriels à proposer des aliments de meilleure qualité.

Tous les aliments industriels ne sont donc pas à fuir ?

Non. Il faut bien distinguer industriel et ultra-transformé. Un industriel peut proposer des aliments de bonne qualité, comme il peut, souvent pour des questions de coût de revient, mettre sur le marché des produits qui sont plus proches de la chimie que de la gastronomie. 

Concrètement, quels sont les produits les plus fréquentables ?

10 produits ont été distingués plus particulièrement par les rédacteurs :

  • Petits pots légumes viande et poisson : Panais épinards saumon (Good Goût)
  • Salades repas : Buddha bol saumon fumé (Mix) 
  • Pizzas, quiches, burgers : Pizza margherita (Alice & Bio)
  • Jambons : Le Bon Paris sans nitrites (Herta)
  • Purées : L'écrasé (Créaline)
  • Biscuits secs à emporter : Sablés céréaliers (Michel et Augustin)
  • Pâte à tartiner choco noir noisettes (U)
  • Sirops : Le sirop de Camille (Moulin de Valdonne)
  • Légumes cuisinés : Purée de carottes (L'Essentiel)
  • Glaces : Sorbet framboise (L'Essentiel)

Le Prix d’excellence de cette édition va d’ailleurs à la gamme « L’Essentiel » (Intermarché), une ligne de produits sans additifs ni arômes. Cela montre qu’il est possible, y compris à une marque distributeur, de proposer des produits peu transformés, avec une liste d’ingrédients très courte.

Et les mal notés ?

Des rayons entiers sont sinistrés : la plupart des sandwiches et des céréales du petit-déjeuner pour enfants sont inacceptables. Sinon, on a trouvé des petits pots « légumes » avec moins de 20% de légumes (P’tit Souper artichauts Nestlé), une salade (Alaska Carrefour) qui semble tout droit sortie d’un labo de chimie, une compote (Liégeois pomme abricot, Andros) avec sucre, arômes, amidon, gélifiant, antioxydant ; une box de pâtes avec un nombre conséquent d’ACE (Bœuf bolognaise et pâtes, Charal). On reste confondu devant la composition de Danette Mousse liégeoise, avec sirop de glucose-fructose, gélatine, émulsifiant E472b, arôme, épaississants E407, E415 et E1142. Citons aussi la purée « goût à l’ancienne » (Vico) à base de pomme de terre déshydratée avec émulsifiants, arôme et antioxydant. Et au rayon biscuits, il y a encore pas mal de produits avec comme premier ingrédient… du sucre ou du sirop de glucose-fructose. Tous ces aliments doivent impérativement être reformulés.

Avez-vous des conseils ou astuces à donner aux parents pour mieux consommer ?

Le Bon choix pour vos enfants, ce n’est pas qu’une liste d’aliments. C’est un vrai guide de nutrition pratique avec une multitude de conseils. Par exemple, les critères pour choisir un lait infantile, les aliments qu’il vaut mieux acheter bio comme le brocoli et ceux qu’on peut prendre dans la filière conventionnelle, comme le kiwi. Ou comment repérer les bonnes salades-repas, choisir un jambon ou des céréales du petit-déjeuner. Nous avons aussi consacré un chapitre à l’éducation alimentaire des enfants.
 

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