Les femmes ne se souviennent pas comme les hommes

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 11/04/2012 Mis à jour le 10/03/2017
Les hommes et les femmes ne seraient pas égaux lorsqu'ils sont confrontés à leurs souvenirs.

Il est bien documenté dans la littérature médicale qu'il existe des différences entre hommes et femmes dans la prévalence de certaines maladies. Notamment, les femmes sont plus sujettes aux troubles de l'humeur comme la dépression ou l'anxiété, des états associés à une plus grande concentration sur les émotions négatives. Ces différences semblent influencées par des différences de personnalité et de sexe mais sont mal connues.

Une nouvelle étude menée par des chercheurs en psychologie s'est penchée sur la manière dont nous gérons nos souvenirs émotionnels et comment cela affecte notre état mental en fonction de notre sexe, de notre personnalité et de la manière (inconsciente) que nous utilisons pour réguler nos sentiments.

L'étude

Les chercheurs ont recruté 71 participants dont 38 femmes et leur ont fait remplir des questionnaires de personnalité et de réponse émotionnelle, notamment sur leurs souvenirs de vie personnelle, dits "autobiographiques". L'analyse des résultats montre que les hommes comme les femmes qui sont extravertis (grégaires, sûrs de soi, en recherche de stimuli) ont tendance à se remémorer plus facilement les évènements positifs que les évènements négatifs.
De plus, les hommes à forte tendance de neuroticisme (la tendance à se focaliser sur les émotions négatives, particulièrement en cas de stress) ont tendance à se rappeler plus de souvenirs à connotation négative que les hommes à faible tendance de neuroticisme. De leur côté les femmes à forte tendance de neuroticisme ont tendance à se rappeler les souvenirs perçus négativement mais de manière chronique et répétée (toujours les mêmes). En psychologie ce processus s'appelle la rumination, un mode de fonctionnement fortement associé au risque de dépression.

Florian Dolcos, un chercheur à l'origine de l'étude explique : "Les personnes dépressives se souviennent de ces mémoires négatives et, en conséquence, se sentent tristes. Et en se sentant tristes elles ont tendance à se rappeler plus de souvenirs négatifs. C'est une sorte de cercle vicieux."

Les hommes différents des femmes ?

Concernant les différences hommes-femmes, l'étude révèle que ce sont les tratégies émotionnelles inconscientes utilisées pour se rappeler les évènements négatifs de la vie qui diffèrent fortement. Chez les hommes ceux qui réévaluent le passé et qui regardent les choses sous un angle différent ont plus de chances de se rappeler des souvenirs émotionnels positifs. A contrario, les hommes qui utilisent la technique de la "suppression", en essayant d'étouffer leur réponse émotionnelle négative, ne voient aucun impact positif sur leur état psychologique d'un souvenir, qu'il soit positif ou négatif.

Chez les femmes par contre, la technique de la suppression a une forte tendance à stimuler les souvenirs d'émotions négatives et à diminuer l'humeur successivement, un paramètre qui peut contribuer au risque de dépression.

Sachez qu'il existe néanmoins des techniques pour se débarraser de la rumination et des pensées négatives. Ces techniques dévoilées par des chercheurs de l'université de Yale sont à lire dans notre article "Rumination intellectuelle : les solutions pour changer".

Référence : Denkova E, Dolcos S, Dolcos F. Reliving emotional personal memories: Affective biases linked to personality and sex-related differences. Emotion. 2012 Jan 16.

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