Testostérone et agressivité de l'homme politique dominant

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 02/03/2012 Mis à jour le 10/03/2017
Chez l'animal, les mâles dont le statut social est élevé ont tendance à avoir plus de testostérone et à adopter un comportement plus agressifDes observations similaires ont été faites chez l'homme

Dans le livre Sexe, mensonges et médias, le journaliste Jean Quatremer dénonce l'omerta qui a longtemps entouré le comportement des hommes politiques vis à vis des femmes. L'un des fils rouges est bien sûr "les" affaires DSK, un homme dont Jean Quatremer écrivait en 2007 : "Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement." Ce comportement, qui est partagé à des degrés divers par d'autres responsables politiques, illustre de manière emblématique une relation explorée depuis près de 40 ans, tant chez l’homme que chez l’animal : les mâles de rang social élevé ont tendance à avoir des taux de testostérone plus élevés que les mâles de rang social inférieur. Ils ont également tendance à adopter un comportement plus agressif.

Hormones et statut social chez l'animal

Des études faites sur l’animal montrent qu’à mesure que s’instaure une hiérarchie entre les individus, des modifications hormonales et neurohormonales apparaissent. Chez le singe captif ou en liberté, la position sociale dominante s’accompagne très souvent d’une élévation du cortisol (l’hormone du stress), probablement en anticipation des conflits, mais aussi de la testostérone, l’hormone mâle particulièrement associée à l’agressivité et à la sexualité. D’autres changements biologiques importants sont associés à la position dominante. Chez la souris, un statut social élevé s’accompagne d’une augmentation du taux de dopamine – un autre messager chimique du cerveau associé à la réactivité. Il entraîne aussi une augmentation du nombre de récepteurs à la dopamine dans les cellules nerveuses, ce qui donne à ces animaux une hyperréactivité dans l’agressivité. Mais lorsque le statut social se modifie, par exemple lorsqu’une souris dominante est chassée de sa position par un mâle et devient subordonnée, elle voit le nombre de ses récepteurs de la dopamine décroitre.  « Elles sont contraintes par l’environnement de réduire ainsi leur réactivité, explique Jean-Louis Gariépy université de Caroline Du Nord (Chapel Hill), car le dominant ne supporte rien, pas le moindre couinement ! » Ainsi, l’adaptation du comportement entraîne-t-elle des changements biologiques qui viennent eux-mêmes soutenir la nouvelle attitude.

Testostérone et dominance chez l'homme

Chez l’homme, une association à double sens entre le taux de sérotonine et le statut social a été relevée, notamment grâce au suivi d’une cohorte importante de pilotes de l’armée américaine. Les hommes ayant le plus de testostérone ont tendance à adopter un comportement dominateur, et parfois ce comportement s’accompagne d’agressivité. Mais comme chez le singe, la testostérone répond au statut social et au comportement dominateur. Le fait d’entrer en compétition avec d’autres hommes pour occuper une position dominante affecte le niveau de testostérone de deux manières. Dans un premier temps, la testostérone s’élève chez les compétiteurs, en anticipation du challenge qui les attend – une élection par exemple. Une fois que le champion a été désigné, ou l’homme politique élu ou nommé, la testostérone continue de s’élever ou reste à un niveau élevé chez le vainqueur, alors qu’elle diminue chez les vaincus.

Ces changements pourraient expliquer pourquoi de nombreux hommes politiques de premier plan multiplient les conquêtes féminines, parfois de manière prédatrice. Un comportement connu, mais en France passé longtemps délicatement sous silence grâce à la connivence des médias, celle que dénonce Jean Quatremer.

Référence

Mazur A, Booth A. Testosterone and dominance in men. Behav Brain Sci. 1998 Jun;21(3):353-63; discussion 363-97. Review. PubMed PMID: 10097017.

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