Pour être sûr de mal dormir, couchez-vous avec un smartphone

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 23/11/2016 Mis à jour le 30/03/2017
Actualité
Les écrans le soir torpillent la qualité et la quantité de sommeil.

Un mauvais sommeil est associé à des problèmes de santé : obésité, diabète et dépression. Chez les adolescents, les troubles du sommeil peuvent être à l’origine de troubles de la santé mentale, de comportements imprudents, de moins bonnes performances scolaires, de la consommation de substances (drogues) et de la prise de poids. Or de plus en plus d'études montrent que l'usage des écrans affecte à la qualité et la quantité de sommeil.

Plus on passe de temps sur le smartphone moins on dort

Les smartphones ont envahi notre vie quotidienne : messages, vidéos, Internet, peuvent être désormais consultés à toute heure et en tout lieu, y compris dans son lit. Mais est-ce bon pour le sommeil ?

Des chercheurs de l’université de Californie à San Francisco ont voulu savoir si l’augmentation du temps passé devant des écrans était associée à des problèmes de sommeil. Pour cela ils ont recruté 653 personnes qui participaient à la Health eHeat Study aux Etats-Unis. Les participants ont installé une application pour smartphone qui enregistrait leur temps passé devant l’écran (le nombre de minutes dans chaque heure pendant lesquelles l’écran était allumé), sur une période de 30 jours. Les chercheurs ont aussi enregistré les heures de sommeil et la qualité du sommeil.

Résultats : le smartphone était allumé pendant en moyenne 38,4 heures (3,7 min par heure). Un temps d’écran plus long était associé avec une plus faible qualité du sommeil et moins de sommeil, en particulier quand les smartphones étaient utilisés près de l’heure du coucher.

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Les écrans le soir ouvrent l’appétit et perturbent le sommeil

Comme dit le dicton « qui dort dîne » : sommeil et alimentation sont souvent liés. Les problèmes de sommeil s’accompagnent souvent de déséquilibres alimentaires. Or les jeunes qui passent beaucoup de temps devant des écrans le soir pourraient rencontrer des problèmes de sommeil, mais aussi de poids.

Lire : Les ados qui dorment peu mangent mal

Ici, les chercheurs se sont intéressés à l’impact de la lumière bleue, telle celle produite par des écrans (tablettes, ordinateurs, smartphones…) sur la faim et le métabolisme. 10 adultes en bonne santé, qui avaient un rythme de repas et de sommeil régulier, ont suivi un protocole expérimental de 4 jours.

Tout d’abord, les participants ont été exposés à une lumière de moins de 20 lux pendant les 16 heures où ils étaient éveillés et moins de 3 lux pendant les 8 heures de sommeil. Le troisième jour, ils ont été soumis pendant 3 heures à une luminosité de 260 lux, avec une lumière enrichie en bleu ; cette exposition commençait 10,5 h après le lever.

Résultats : l’exposition à la lumière bleue était associée à une augmentation de la faim 15 minutes après le début de l'exposition à la lumière bleue ; cette augmentation était toujours présente presque deux heures après le repas. L’exposition à la lumière bleue a aussi réduit la somnolence et conduit à une résistance à l’insuline plus élevée.

Par conséquent, l’utilisation des écrans le soir pourraient faire grossir à cause de la lumière bleue qu’ils émettent et qui accroît la faim pendant plusieurs heures. Cette lumière augmenterait aussi le risque d’insomnie.

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Mais les écrans ne sont pas les seuls responsables

Environ un tiers des adolescents ne dorment pas assez la nuit et cela a un impact sur leurs études, leur bien-être mental et leur santé physique. Dans une étude de 2014, les chercheurs ont analysé les données d’une enquête –Monitoring the Future- concernant 272.077 élèves en classe de 4ème, seconde et terminale dans 130 établissements publics et privés et recueillies entre 1991 et 2010. Chaque élève a répondu à deux questions concernant ses habitudes de sommeil. Les auteurs ont ainsi noté une baisse significative du nombre d’adolescents ayant déclaré dormir au moins 7 heures par nuit entre la période 1991-1995 et 1996-2000, et ce dans toutes les classes d’âges. Il semble donc qu’un autre facteur affecte la durée du sommeil de tous les élèves, à tous les âges.

Fait surprenant : les chercheurs s’attendaient à trouver une diminution des heures de sommeil au cours des dernières années avec l’arrivée des téléphones portables, des tablettes et des réseaux sociaux. Ce ne fut pas le cas. En fait la diminution des heures de sommeil depuis le milieu des années 1990 correspond à la période d'augmentation de l’obésité infantile. En effet, l’obésité est liée à des troubles de la santé et des modifications au niveau du sommeil notamment les apnées du sommeil.

Pour en savoir plus sur les mesures à prendre pour un sommeil réparateur, lire : 14 jours pour bien dormir, de Shawn Stevendon

Sources

Matthew A. Christensen, Laura Bettencourt, Leanne Kaye, Sai T. Moturu, Kaylin T. Nguyen, Jeffrey E. Olgin, Mark J. Pletcher, Gregory M. Marcus. Direct Measurements of Smartphone Screen-Time: Relationships with Demographics and Sleep. PLOS ONE, 2016; 11 (11): e0165331 DOI: 10.1371/journal.pone.0165331

Cheung IN, Shalman D, Malkani RG, Zee PC et Reid KJ. Evening blue-enriched light exposure increases hunger and alters metabolism in normal weight adults. Résumé 0114 présenté le 3/6/2014. SLEEP 2014.

Keyes KM, Maslowsky J, Hamilton A, Schulenberg J. The Great Sleep Recession: Changes in Sleep Duration Among US Adolescents, 1991-2012. Pediatrics. 2015 Feb 16. pii: peds.2014-2707.

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