Les femmes anxieuses, stressées, dépressives auraient un risque élevé d'Alzheimer

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 14/10/2014 Mis à jour le 10/03/2017
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Une nouvelle étude qui a duré 38 ans montre une association entre une personnalité névrotique et le risque de développer Alzheimer, notamment si les personnes subissent un stress de longue durée

La maladie d’Alzheimer entraine une perte de la mémoire et une détérioration du langage, de la capacité d’attention, de la perception visuelle. En l’absence de traitement efficace, déterminer des facteurs de risque ou des populations à risque peut s’avérer une solution de prévention intéressante. Une nouvelle étude parue dans la revue Neurology suggère que les femmes avec une personnalité névrotique –anxieuse, jalouse et ayant une tendance à la déprime- et qui subissent un stress prolongé ont un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer.

Lire : certains anxiolytiques augmentent-ils le risque d'Alzheimer?

La personnalité peut influencer le risque individuel de démence notamment par ses effets sur le comportement, le mode de vie et les réactions face au stress. Des études précédentes ont rapporté une association entre neuroticisme (ou névrotisme) -forte tendance à éprouver des émotions négatives- et le déclin cognitif, la démence ainsi que la maladie d’Alzheimer. mais aucune étude n'a été réalisée sur le long terme.

La personnalité névrotique peut être définie comme une propension à être facilement en état de stress et sujet à l'anxiété, la jalousie ou les sautes d'humeur. Les personnes avec ce type de personnalité sont plus susceptibles d'exprimer la culpabilité, la colère, l'envie, l'inquiétude et la dépression.

Dans cette étude, les scientifiques ont examiné, pour la première fois en 1968, 800 femmes âgées en moyenne de 46 ans (38 à 54 ans). Puis, ils les ont revues en 1974, 1980, 1992, 2000 et 2005 soit un suivi de 38 ans. Les traits de personnalité des participantes ont été évalués grâce au Eysenck Personality Inventory, afin de détecter les personnalités de type névrotique et les niveaux d’introversion et d’extraversion (sociabilité, affect positif). Le stress auquel les participantes ont été soumises a été évalué (durée, intensité) à chaque date de suivi.

Pendant les 38 années de suivi, 153 femmes ont développé une démence dont 104 ont été diagnostiquées avec une maladie d’Alzheimer.

Les résultats montrent que les femmes définies comme étant de personnalité névrotique et subissant un stress de longue durée doublent le risque de développer la maladie d’Alzheimer par rapport aux femmes n’ayant pas ce trait de caractère.

L’introversion ou l’extraversion seule ne semble pas influencer le risque de démence. Mais les femmes qui sont facilement en état de stress et qui présentent une personnalité hautement névrotique et un faible niveau d'extraversion ont le risque le plus élevé de maladie d’Alzheimer parmi toutes les femmes participant à l’étude. 25% d’entre elles ont en effet développé la maladie contre seulement 13% chez les femmes étant plutôt extraverties et pas facilement en état de stress.

« Aucune autre étude n’a montré qu’un type de personnalité à la quarantaine augmentait le risque de maladie d’Alzheimer 40 ans après » dit le Dr Lena Johansson, auteur de l’étude.

Ce type d'étude ne permet pas de démontrer un lien de causalité entre névrose et maladie d’Alzheimer mais seulement une association.

« Nous savons que la génétique est impliquée dans la personnalité et la maladie elle-même mais nous disposons de peu d’éléments pour comprendre la façon dont la personnalité entraine la maladie » a déclaré Dean Hartley, directeur des initiatives scientifiques pour l’Alzheimer’s Association. « Nous avons besoin de plus de données ».

Le Dr Johansson explique que le mode de vie d’une personne et ses réactions face au stress influent sur son comportement et agissent sur sa santé en général. « De plus, les recherches antérieures ont montré que névrose et stress sont associés à des changements dans l'hippocampe, une zone du cerveau impliquée dans la maladie d'Alzheimer » dit-elle.

Reste à savoir quelle sera l’efficacité des interventions -notamment sur le mode de vie ou par traitement médical- sur les personnalités névrotiques.

Pour aller plus loin, lire : Supernutrition du cerveau de Max Lugavere

Références
  1. Johansson L, Guo X, Duberstein PR, Hällström T, Waern M, Ostling S, Skoog I. Midlife personality and risk of Alzheimer disease and distress: A 38-year follow-up. Neurology. 2014 Oct 1. pii: 10.1212/WNL.0000000000000907. [Epub ahead of print]

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