Dr Philippe Blanchemaison : « Il faut retirer les veines malades »

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 25/05/2010 Mis à jour le 21/11/2017
Dr Philippe Blanchemaison : « Il faut retirer les veines malades »

Le docteur Philippe Blanchemaison est angiologue à Paris. Il est l’auteur du livre « La maladie veineuse. Son évolution et sa prévention » publié en juin 2006 chez Phase 5. Pour ConsoSanté, il détaille les traitements utilisés dans le cadre de l’insuffisance veineuse, des veinotoniques aux techniques chirurgicales en passant par les crèmes anti-jambes lourdes.

LaNutrition.fr : Faut-il enlever les varices ?

Dr Philippe Blanchemaison : On opère lorsque les veines sont malades, sinon il y a des risques de complications ultérieures comme des ulcères des jambes dans 25 % des cas ou des affections de la peau comme les dermites. En revanche on est souvent amené à enlever des varices pour une motivation esthétique si la veine est très apparente.

Nous avons plusieurs techniques à notre disposition :

- La sclérose est la technique non chirurgicale la plus connue : on n’enlève pas la varice mais on injecte dans la veine un produit qui va diminuer son diamètre et donc la rendre moins visible. Cette technique peut nécessiter plusieurs séances selon la taille de la veine à traiter car on va injecter le produit par doses croissantes. C’est une technique courante mais il faut faire bien attention à traiter aussi la veine qui alimente la varice, sous peine de la voir revenir ensuite.

- Le stripping, ou eveinage en français, est l’opération chirurgicale la plus classique : on retire la veine malade. Cette opération nécessite une anesthésie générale et 3 ou 4 jours d’hospitalisation suivis de 3 à 4 semaines d’arrêt de travail.

- Le stripping sur fil est une technique moins traumatisante. Elle consiste à introduire un fil dans la veine. Quand on le retire, la veine s’invagine sur le fil : elle se retourne sur elle-même comme un gant. Cette technique a l’avantage de ne pas abîmer les nerfs situés en périphérie. Elle ne nécessite qu’une demi-journée d’hospitalisation et environ 2 semaines d’arrêt de travail.

- La phléboctomie ambulatoire permet de traiter les varices sans hospitalisation. Sous anesthésie locale, on pratique plusieurs petites incisions le long du trajet de la veine et on la retire ensuite avec un crochet.

- Le traitement endovasculaire des varices est une technique beaucoup plus récente. On introduit une fibre dans la veine afin de la traiter de l’intérieur par radio fréquence ou grâce à la chaleur. Contrairement aux autres, cette technique n’est pas encore remboursée, mais cela devrait changer d’ici quelques années.

Peut-on faire disparaître également les varicosités disgracieuses ?

Il existe 3 techniques différentes pour traiter les varicosités. La première est la sclérose. Comme pour la varice on injecte un produit qui diminue le diamètre des veines. Là encore, il faut faire attention à traiter la veine qui alimente les varicosités, au risque de les voir réapparaître. Mais entre des mains expertes cette technique est sans risque. La seconde est le laser externe. Il est efficace uniquement sur les très petits vaisseaux dont le diamètre est inférieur à 0,3 millimètres mais ne suffit pas à traiter toutes les varicosités. Enfin la thermocoagulation consiste à coaguler les varicosités grâce à la chaleur, mais cette technique n’est pas très efficace.

Est-ce que tout le monde peut bénéficier de ces traitements ?

Il n’y a pas de contre-indications pour ces traitements, mais il faut éviter l’exposition au soleil pendant les 2 ou 3 semaines qui suivent. La plupart du temps ces séances sont remboursées par la sécurité sociale dans le cadre du traitement de l’insuffisance veineuse chronique.

Les veinotoniques, traditionnellement utilisés pour traiter l’insuffisance veineuse chronique, sont menacés de déremboursement par le Ministère de la santé. Ces médicaments sont-ils efficaces ?

Les veinotoniques, ou phlébotoniques, ont une efficacité clairement démontrée sur la vitesse de retour du sang et ils soulagent bel et bien les jambes lourdes. En revanche, ils n’ont pas pu faire la preuve d’un effet sur le diamètre des veines, et c’est pour cette raison qu’ils vont être déremboursés. Il existe une quarantaine de médicaments phlébotoniques différents sur le marché, ce qui coûte très cher à la sécurité sociale. Actuellement ces médicaments sont encore remboursés à hauteur de 15 %, le déremboursement total devrait être effectif en 2008.

L’été les crèmes contre les jambes lourdes fleurissent dans les pharmacies et parapharmacies. Que pensez-vous de ces produits ?

On ne peut pas être catégorique sur les crèmes anti-jambes lourdes. Est-ce qu’elle marchent, est-ce qu’elles sont inutiles ? C’est à la patiente seule d’en décider. D’une femme à l’autre, les effets vont être très différents et si une de mes patientes trouve sa crème miraculeuse, la patiente suivante pourra la trouver complètement inefficace. Il y a une part d’affectif dans le jugement de ces produits : j’aime cette marque, j’aime cette texture, j’aime cette odeur… Et le meilleur moyen de savoir si une crème est efficace est avant tout de l’essayer.

Mais il existe tout de même des principes actifs qui ont montré leur efficacité ?

Certaines substances dites lymphatiques comme le lierre ou le pépin de raisin ou des molécules dites aquarétiques comme la prêle, la piloselle ou le bouleau sont réputées efficaces contre les jambes lourdes. En revanche on évitera les médicaments diurétiques. Certes ils soulagent les jambes lourdes mais le bénéfice n’est pas à la hauteur du risque lié à ces médicaments : ils fatiguent les reins et accélèrent la fuite de certains minéraux comme le magnésium.

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