Dans cette vidéo, le cancérologue Laurent Schwartz explique pourquoi le cancer peut être considéré comme une maladie métabolique et quels pourraient être ses nouveaux traitements.

Des chercheurs américains viennent de montrer que chez les hommes de plus de 55 ans, des taux élevés d’IGF-1 (insuline-like growth factor) sont associés à une mortalité par cancer accrue.
L’IGF-1, c’est le bras armé de l’hormone de croissance, une protéine qui stimule la prolifération de toutes les cellules. Elle est importante pour la croissance et le développement des jeunes enfants et les adolescents. Cependant, elle peut aussi accélérer le développement de cancers latents et empêcher les défenses cellulaires de supprimer des cellules précancéreuses.
Jacqueline Major et ses collègues de l’université de Californie ont voulu vérifier s’il existait un lien entre le taux d’IGF-1 et la mortalité par cancer (1). Les chercheurs ont recruté 633 hommes de plus de 55 ans qu’ils ont soumis à un dosage d’IGF-1 et ont suivi pendant 18 ans. Au cours du suivi 74 volontaires sont morts d’un cancer. Les chercheurs ont alors mis en évidence que ceux qui avaient les taux d’IGF-1 les plus élevés au début de l’étude avaient plus de risque de mourir d’un cancer. Le risque de cancer mortel était 82 % plus élevé pour les volontaires qui affichaient un taux d’IGF aux alentours de 100 ng/mL.
« Cette augmentation de la mortalité par cancer chez les hommes avec les taux les plus élevés d’IGF-1 ne pouvait pas être expliquée ni par l’âge, ni par le poids ni par le mode de vie », souligne Jacqueline Major.
Déjà dans une étude publiée en 2008, des chercheurs avaient découvert une association entre les taux sanguins d'insulin-like growth factor-1 et la probabilité qu’un homme soit diagnostiqué avec un cancer de la prostate (2). Les chercheurs avaient conclu que les hommes qui présentent les taux d’IGF-1 les plus élevés voient leur risque de cancer augmenté de 40%.
Les taux d’IGF-1 sont influencés par de nombreux facteurs. Ils peuvent avoir une origine génétique ; ils peuvent aussi être programmés par des événements intervenus dans la vie utérine ou dans la petite enfance. L’alimentation module aussi le taux d’IGF-1. De nombreuses études mettent en avant le fait que la consommation de laitages entraîne une augmentation du taux d’IGF-1 et du risque de cancer (lire l’article Dans le lait, une soupe d’hormones suspectes).
(1) Major JM, Laughlin GA, Kritz-Silverstein D, Wingard DL, Barrett-Connor E. Insulin-Like Growth Factor-I and Cancer Mortality in Older Men. J Clin Endocrinol Metab. 2010 Jan 15.
(2) Roddam AW, Allen NE, Appleby P, Key TJ, Ferrucci L, Carter HB, Metter EJ, Chen C, Weiss NS, Fitzpatrick A, Hsing AW, Lacey JV Jr, Helzlsouer K, Rinaldi S, Riboli E, Kaaks R, Janssen JA, Wildhagen MF, Schröder FH, Platz EA, Pollak M, Giovannucci E, Schaefer C, Quesenberry CP Jr, Vogelman JH, Severi G, English DR, Giles GG, Stattin P, Hallmans G, Johansson M, Chan JM, Gann P, Oliver SE, Holly JM, Donovan J, Meyer F, Bairati I, Galan P. Insulin-like growth factors, their binding proteins, and prostate cancer risk:analysis of individual patient data from 12 prospective studies. Ann Intern Med. 2008 Oct 7;149(7):461-71, W83-8.
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Dans quels aliments le trouve-t-on ? Quels sont les risques ? Comment se protéger ?
Pour plusieurs chercheurs dont le Français Laurent Schwartz (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) et les Américains Thomas Seyfried (université de Yale) et Dominic d’Agostino (université de Floride du Sud), le cancer doit être considéré comme une maladie métabolique, à l’instar du diabète, et non comme une maladie du génome. Cette approche part des découvertes faites par l’Allemand Otto Warburg dans les années 1920 sur le métabolisme très particulier des cellules cancéreuses. Pour ces travaux, il se verra décerner le Prix Nobel en 1931.