Les ados qui dorment peu mangent mal

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 09/05/2014 Mis à jour le 10/03/2017
La durée du sommeil influence les choix alimentaires : les ados qui ne dorment pas assez mangent moins de fruits et légumes et plus de fast-food

 Le manque de sommeil est souvent associé chez les enfants et les ados à une capacité d’apprentissage et de mémorisation diminuée. Pourtant, il a bien d’autres effets. Et notamment celui d’orienter la façon dont les ados se nourrissent. C’est ce que suggère une étude parue dans le British Journal of Nutrition (1) qui rapporte que les adolescents qui dorment moins de 7 heures par nuit consomment moins de fruit et légumes et plus de fast-food que ceux qui dorment plus de 8 heures par nuit, conformément aux recommandations.

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Un sommeil de courte durée chez les enfants et les adolescents a précédemment été associé à un indice de masse corporelle plus élevé (2). L’association entre le manque de sommeil et les phénomènes de surpoids et d’obésité pourraient s’expliquer par un problème de régulation du bilan énergétique. La modification de régulateurs hormonaux de l’appétit pourrait également être impliquée, générant des changements d’appétit et de choix alimentaires en termes de qualité et de quantité. Cependant les résultats à ce sujet sont contradictoires (3).

Dans cette étude, les auteurs ont utilisé les données d’une enquête portant sur la santé des  adolescents (National Longitudinal Study of Adolescent Health). 13284 adolescents (50% filles-50% garçons), âgés en moyenne de 16 ans, ont répondu à l’enquête qui consistait en une interview à domicile, concernant leurs choix alimentaires. Les adolescents devaient répondre “oui” ou “non”  aux questions suivantes :

- Avez-vous consommé au moins un fruit et au moins un légume hier ?

- Avez-vous consommé deux fois ou plus du fast-food dans la semaine précédente ?

La durée du sommeil (auto-évaluée par les ados) a été classée en trois catégories : courte (moins de 7 heures par nuit), moyenne (7-8 heures par nuit) et recommandée (plus de 8 heures par nuit).

Les auteurs ont utilisé trois modèles statistiques pour appréhender l’association entre choix alimentaire et durée du sommeil. Le modèle 1 étudie l’association entre les choix alimentaires et la durée du sommeil, le modèle 2 est ajusté des variables démographiques (âge, sexe, race, puberté ou non) et le modèle 3 est ajusté en plus des variables socio-comportementales (activité physique, temps passé devant les écrans, environnement….).

Les résultats montrent qu’une durée de sommeil courte (inférieure à 7h/nuit) est associée à une plus faible consommation de fruits et légumes de 25% par rapport au groupe ayant une durée de sommeil recommandée (plus de 8 heures par nuit). De la même façon, dormir moins longtemps est associé à une consommation de fast-food plus élevée de 20%. Ces résultats tiennent compte de la correction des facteurs démographiques et socio-comportementaux.

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Les résultats de cette étude confirment ceux rapportés précédemment mais celle-ci se différencie par le nombre plus élevé de participants et par sa prise en compte de deux choix alimentaires, l’un considéré comme bon pour la santé et l’autre comme mauvais.

Source

(1) Allison K. Kruger, Eric N. Reither, Paul E. Peppard, Patrick M. Krueger and Lauren Hale. Do sleep-deprived adolescents make less-healthy food choices? British Journal of Nutrition (2014), 111, 1898–1904

(2) Cappuccio FP, Taggart FM, Kandala NB, Currie A, Peile E, Stranges S, Miller MA. Meta-analysis of short sleep duration and obesity in children and adults. Sleep. 2008 May;31(5):619-26.

(3) Marie-Pierre St-Onge. The Role of Sleep Duration in the Regulation of Energy Balance: Effects on Energy Intakes and Expenditure Clin Sleep Med. Jan 15, 2013; 9(1): 73–80.

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