Publicité, écrans, popstars : comment ils font grossir nos ados

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/06/2016 Mis à jour le 31/05/2018
Actualité

La publicité et les écrans alimentent l’obésité des jeunes.

Chaque année, les entreprises agroalimentaires consacrent des milliards à la publicité, en particulier en direction des jeunes. Cette publicité les poussent vers des aliments souvent ultratransformés. De plus, le temps passé devant des écrans télévisés ou autres peut avoir un impact sur leur ligne.

Les stars préférées des ados associées à la malbouffe

Les adolescents sont une population vulnérable, qui peut se laisser influencer par les modes liées aux stars de la musique. Les stars de la chanson sont des idoles pour les adolescents qui cherchent à imiter leur apparence ; alors pourquoi pas manger comme eux ? C’est ce qui inquiète Marie Bragg, une chercheuse de l’université de New York.

Dans une analyse parue dans Pediatrics, la chercheuse a rassemblé les données de stars de la chanson appréciées par les adolescents et de leurs sponsors. La liste comprenait par exemple Katy Perry et Beyoncé (sponsorisées par Pepsi), ou Justin Timberlake qui chante « I’m lovin’it », slogan de Mc Donald’s.

Au total, les chercheurs ont identifié 590 liens commerciaux associant des produits à des stars. Les aliments et les boissons représentaient 18 % de ces produits : 57 aliments différents sponsorisés par 65 célébrités. Les chercheurs ont trouvé que le contenu nutritionnel de la plupart des aliments était vraiment pauvre : 81 % des aliments étaient déconseillés dans une alimentation saine et 71 % des boissons étaient sucrées. Il s’agissait globalement d’aliments caloriques mais pauvres en nutriments. Dans le classement des chercheurs, l’aliment le plus sain était le yaourt Activia associé avec Shakira et le pire les barres Hershey associées à l’image de la chanteuse Carrie Underwood.

La chercheuse fait un parallèle entre cette publicité pour des aliments et le marketing pour le tabac qui a incité des générations à fumer en rendant la cigarette plus glamour. Elle demande que les adolescents soient mieux protégés contre ces techniques de marketing qui ciblent les jeunes.

Le temps passé devant des écrans associé à l’obésité des ados

Certains jeunes passent plus de temps devant un écran qu’à n’importe quelle autre activité, à part dormir. Ils voient donc plus de publicités pour les aliments (pas toujours sains) et pour les boissons sucrées. Quelle est l’influence de ces pubs alimentaires sur la prise de poids ou le risque d’obésité ? D’après une étude parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition, chaque heure passée devant un écran est associée à une augmentation de la consommation d’aliments de faible qualité nutritionnelle (boissons sucrées, fast-food, snacks salés, bonbons).

Les auteurs de l’étude sont partis de l’hypothèse que la télévision impacte négativement le poids des jeunes essentiellement car elle modifie leur régime alimentaire. Ils ont utilisé les données de la Growing Up Today Study II concernant des adolescents - 4604 filles et 3668 garçons - âgés de 9 à 16 ans au début de l’étude en 2004. Les participants ont répondu à des questionnaires au début de l’étude puis en 2006 et 2008. Les chercheurs ont évalué l’effet du temps passé devant les écrans sur la consommation d’aliments de faible qualité nutritionnelle vantés dans des publicités : boissons sucrées, fast-food, bonbons, snacks salés…

Les résultats montrent que l’augmentation du temps total passé devant les écrans est associée à une plus grande consommation de produits de faible qualité nutritionnelle, particulièrement les boissons sucrées et les bonbons. Chaque heure supplémentaire par jour passée devant un écran (télé, jeux électroniques, DVD) est associée à une augmentation de la portion des aliments de faible qualité nutritionnelle - boissons sucrées, bonbons, fast-food et snacks salés - et une diminution de la consommation de fruits et légumes.

Pour les auteurs, cette étude fournit une preuve supplémentaire que la publicité pour des produits de faible qualité nutritionnelle peut jouer un rôle dans la relation qui existe entre temps passé devant les écrans, le régime alimentaire et la prise de poids chez les jeunes. Ainsi, pour réduire l’impact négatif des écrans sur le risque d’obésité, il faudrait diminuer le nombre de publicités ou de placements de produits ciblant le jeune public et qui vantent ce genre de produits.

Lire : Comment les médias nous font grossir

L'influence majeure de la publicité

Une étude présentée en mai 2018, lors du Congrès International contre l'Obésité à Vienne montre elle aussi une association entre le nombre de publicités visionnées concernant la malbouffe et la quantité de "junkfood" consommée par les adolescents. Ainsi regarder une seule publicité supplémentaire par semaine sur la malbouffe augmenterait la consommation d'aliments ultra-transformés riches en sucres, sel et gras de l'ordre de 350 kcal/semaine, ce qui équivaut à un excès de 18000 kcal à l'année

Cette étude fait écho, surtout après le refus de l'Assemblée Nationale, le 27 mai 2018, d'interdire les publicités pour la malbouffe ciblant les plus jeunes en France.

La lumière des écrans ouvre l’appétit le soir

La publicité n’est pas le seul problème. Le fait même de passer du temps devant des écrans pourrait faire grossir nos ados car l’exposition à une lumière bleue dans la soirée augmenterait la faim. En effet, les jeunes qui passent beaucoup de temps devant des écrans le soir pourraient rencontrer des problèmes de sommeil, mais aussi de poids.

Lire : Les ados qui dorment peu mangent mal

Ici, les chercheurs se sont intéressés à l’impact de la lumière bleue, telle celle produite par des écrans (tablettes, ordinateurs, smartphones…) sur la faim et le métabolisme. 10 adultes en bonne santé, qui avaient un rythme de repas et de sommeil régulier, ont suivi un protocole expérimental de 4 jours. Dans cette expérience, les repas étaient riches en glucides et contenaient la même quantité de calories. Tout d’abord, les participants ont été exposés à une lumière de moins de 20 lux pendant les 16 heures où ils étaient éveillés et moins de 3 lux pendant les 8 heures de sommeil. Le troisième jour, ils ont été soumis pendant 3 heures à une luminosité de 260 lux, avec une lumière enrichie en bleu ; cette exposition commençait 10,5 h après le lever.

Résultats : l’exposition à la lumière bleue était associée à une augmentation de la faim 15 minutes après le début de l'exposition à la lumière bleue ; cette augmentation était toujours présente presque deux heures après le repas. Pour Ivy Cheung, qui a effectué cette recherche à l’université Northwestern de Chicago (Illinois), « Il était très intéressant d’observer qu’une seule exposition de 3 h à la lumière bleue dans la soirée avait un impact sur la faim et le métabolisme du glucose. »

Lire : Le Bon choix pour vos enfants  et P'tits déj' et goûters pauvres en sucres

Sources

Bragg MA, Miller AN, Elizee J, Dighe S, Elbel BD. Popular Music Celebrity Endorsements in Food and Nonalcoholic Beverage Marketing. Pediatrics. 2016 Jun 6. pii: e20153977.

Falbe J, Willett WC, Rosner B, Gortmaker SL, Sonneville KR, Field AE. Longitudinal relations of television, electronic games, and digital versatile discs with changes in diet in adolescents. Am J Clin Nutr. 2014 Oct;100(4):1173-81. doi: 10.3945/ajcn.114.088500. Epub 2014 Aug 13.

Cheung IN, Shalman D, Malkani RG, Zee PC et Reid KJ. Evening blue-enriched light exposure increases hunger and alters metabolism in normal weight adults. Résumé 0114 présenté le 3/6/2014. SLEEP 2014.

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